L’EPITA, l’école d'ingénieurs en informatique, a organisé, dans ses locaux, un séminaire d’une matinée consacré au Green IT, avec la participation de dirigeants des principaux constructeurs et de chercheurs. Deux tables rondes, consacrées à l’éco-conception et aux TIC Durables ont permis de dresser un bilan de la situation économique et environnementale, de définir les principaux enjeux du développement durable, le périmètre du Green IT et le rôle que peuvent jouer les nouvelles technologies dans ce contexte
Outre l’aspect technique des TIC, l’ingénieur informaticien doit prendre en compte de nouvelles contraintes environnementales afin de répondre à la nécessité de réformer les modes actuels de fonctionnement en termes de production et d’usages :
- en termes énergétique : L’analyse du cycle de vie d’un produit informatique montre que 40 à 60% de l’énergie est utilisée lors des phases de construction, de commercialisation et de fin de vie. La phase d’utilisation n’est ainsi pas forcément la plus gourmande en énergie.
- en termes de gaz à effet de serre (GES): Les TIC représentent 13,5% de la facture électrique française. La consommation électrique mondiale des TIC représente environ 2% des émissions de gaz à effet de serre (GES) (3% pour la France).
- en termes de déchets : En recyclant, on peut limiter la pollution chimique exponentielle. Pourtant, aujourd’hui, près de 8 ordinateurs sur 10 finissent à la décharge. On collecte moins de 15% des déchets électroniques (DEEE) pour recyclage. Et le reconditionnement n’est pas développé en France alors que c’est le geste efficace.
L’informatique peut néanmoins réduire l’empreinte écologique des activités humaines (Green IT 2.0) en participant à la création de nouveaux produits et services plus respectueux de l’environnement. C’est par exemple le cas du co-voiturage qui repose sur des TIC (site web, téléphones mobiles, etc.) pour confronter l’offre et la demande de trajets.
En se limitant aux aspects environnementaux, le Green IT passe cependant à côté des dimensions sociales et sociétales qui constituent l’un des trois piliers du développement durable (avec l’économie et l’environnement). C’est pourquoi, le terme TIC durables est mieux adapté pour décrire la rencontre entre TIC et développement durable. La dimension sociale des TIC durables inclut notamment le Fair IT (conditions sociales des salariés
Les logiciels : un rôle environnemental clé
La première table ronde a mis en lumière de nouveaux critères face à l’acte d’achat, générés par les enjeux environnementaux.
Du point de vue industriel, tous les fabricants promettent de diminuer l’empreinte environnementale de l’informatique en réduisant la consommation électrique et les pollutions, grâce à une meilleure éco-conception des produits ou services. La plupart des intervenants s’accordent à penser que le nouveau virage vers les TIC Durables apporte son lot de bénéfices. La recherche de l’efficacité environnementale - efficacité énergétique, réduction de l’impact des déchets, prolongation de la durée d’utilisation- réduit le coût d’exploitation Les entreprises, notamment, sont conscientes de l’importance de l’environnement dans leur stratégie d’achat.
Un bémol toutefois car, outre le matériel, il s’agit aussi de s’intéresser aux logiciels. D’après Philippe Balin, « la couche logicielle a un impact sur la consommation et la durée de vie du matériel ». Les éditeurs ont une grande responsabilité dans ce domaine. Or, ils développent n’importe comment. Constructeurs et éditeurs de logiciels ne prennent pas assez en compte la demande des utilisateurs (allongement de la durée d’utilisation du matériel) et les enjeux environnementaux. Mais il n’existe aucune norme qui indique comment bien développer un logiciel. Les logiciels éco-responsables devraient pouvoir être distingués par un éco-label. L’industrie informatique doit aussi repenser ses modèles économiques et, pourquoi pas, passer de l’économie du produit à l’économie de la fonctionnalité : location plutôt que vente du produit.
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