Microsoft antivirus, Stéphane Pacalet (BitDefender) répond

Date 3/12/2008 0:00:00 | Sujet : Interview

Microsoft vient d'abandonner sa solution de protection Windows Live OneCare peu utilisée et proposer à la place un antivirus gratuit Morro, cette annonce ne rassure pas certains éditeurs déjà en place, aussi Le Journal de la Next-Gen a-t-il interrogé Stéphane Pacalet, Monsieur BitDefender.


L'abonnement de Windows Live OneCare prendra donc fin ce 30 juin 2009 et l'antivirus gratuit de Microsoft que l'on connaît sous le nom de Morro prendra le relais, un antivirus qui se veut une solution de sécurité grand public et gratuit.

Morro permet de lutter contre les virus, spywares, rootkits et autres chevaux de Troie qui sévissent sur la plate-forme du Rémondien, cet antivirus ne sera compatible qu'avec les systèmes d'exploitation Windows comme Windows XP, Windows Vista et évidemment Windows 7.

Chez les éditeurs de solutions gratuites, cette annonce ne fait pas que des heureux et déclenche parfois le sourire, mettant un doute sur les capacités de Microsoft a protéger ses solutions.

Si BitDefender met à jour son antivirus toutes les heures, Microsoft utilisera-t-il le Day-Patch pour mettre à jour le sien ?

Dans cette éventualité, les PC ainsi sous la coupe de Morro resteraient vulnérables pendant un mois, contribuant ainsi à propager la contamination des autres PC, un argument avancé par le célèbre AVG.

D'après l'éditeur AVG, Morro comporterait des options encore moins protectrices que OneCare, augmentant ainsi la vulnérabilité des PC des utilisateurs aux virus et aux autres menaces à prolifération rapide.

Chez les éditeurs de solutions payantes, l'annonce de Microsoft montre l'incapacité du Géant des Logiciels à devenir un acteur dans le marché de la protection antivirale.

Mais on se rappellera que c'est dans l'adversité que Microsoft sait se montrer le plus réactif, à l'instar d'Internet-Explorer qui malgré l'avancée des alternatives tient toujours bon la rampe.

Le Journal de la Next-Gen a rencontré Stéphane Pacalet, Directeur Commercial de BitDefender, que l'on nomme entre-nous : Monsieur BitDefender, au sujet de cette arrivée de Morro dans le paysage de la protection des PC.


Voici ses réponses à nos questions :

JerryG : Qui mieux que Microsoft peut garantir la sécurité de Windows ?

Peut-on vraiment considérer que celui qui est à l’origine des problèmes de sécurité d’un environnement est le mieux à même de les résoudre ?

Si tel était le cas, les utilisateurs de Windows ne seraient pas confrontés à ces problèmes depuis des années, et ce de façon croissante. Non sincèrement, je crois que chacun à ses spécialités et qu’il n’est pas possible d’être leader dans tous les domaines.

Microsoft a apporté beaucoup d’éléments positifs à l’informatique, à commencer par une standardisation qui a aidé à la démocratisation de cet outil. Pour la sécurité, des éditeurs spécialisés sur cette seule problématique, comme l’est BitDefender, sont mieux à même de proposer les outils adéquats et évolutifs face aux menaces croissantes rencontrées par les utilisateurs.

 

JerryG : Quelles menaces représente Morro pour les éditeurs comme BD déjà en place ?

Il existe déjà sur le marché de nombreuses offres, à priori gratuites, destinées à la protection contre les codes malveillants. Morro ne sera qu’une offre de plus et concurrencera donc plutôt les acteurs ayant déjà choisi ce mode de diffusion.

Bien sûr, son succès dépendra en grande partie de la qualité du produit et de son intégration ou non dans Windows par défaut.

Dans ce dernier cas, il faut s’attendre à ce que tous les auteurs de codes malveillants s’attaquent en priorité à cet outil pour le contourner au même titre que l’avait été Symantec il y a quelques années lorsqu’ils dominaient encore le marché grand public.

Si on fait un parallèle avec le pare-feu de XP ou Vista, lui aussi gratuit, très peu d’utilisateurs se contentent de celui-ci et les ventes de suites de sécurité incluant donc un pare-feu se portent très bien.

Le seul risque pour nous est que Microsoft ne respecte pas les règles d’une concurrence « saine » comme cela a pu lui être reproché dans le passé sur d’autres outils (Internet Explorer, Media Player, etc.).

En dehors de cela, à nos yeux, la concurrence est plutôt positive et stimulante !

A nous de proposer aux utilisateurs des solutions toujours plus efficaces, plus complètes, moins pénalisantes en terme de ressources, plus simples d’utilisation, afin de les convaincre de choisir les solutions BitDefender plutôt qu’un autre produit.


JerryG : Un AV Microsoft sa fait sourire ou c'est à prendre au sérieux ?

Je crois que le passé à montrer à de multiples reprises que Microsoft devait être pris au sérieux lorsqu’il se lançait sur un marché.

Il y a bien sûr eu quelques échecs mais globalement nous connaissons tous les moyens dont ils disposent et donc leur capacité à persister durant plusieurs années pour se faire une place, quitte à perdre beaucoup d’argent pendant une telle période.

Il est vitale aujourd’hui pour Microsoft de changer son image sur le manque de sécurité des ses OS. La mise à disposition, payante ou gratuite, d’outils de sécurisation leur permet de faire évoluer la perception de leur image par leurs clients sur cette problématique.

Bien sûr, il y a aussi une réelle volonté de prendre une part d’un marché en forte croissance.

Donc en tant qu’éditeur de solutions de sécurité, nous devons les prendre au sérieux comme nous prenons chaque éditeur de ce marché au sérieux.

Les consommateurs, et c’est une très bonne chose !, sont ouverts au changement lorsqu’on leur propose de bons produits à de bonnes conditions. Cela laisse donc des opportunités pour chacun de rentrer sur ce marché très concurrentiel, y compris pour Microsoft.

L’un des points essentiels maintenant sera de voir la qualité de ce produit dans les tests comparatifs sérieux qui seront réalisés lors de sa sortie. Vous vous souvenez sans doute de l’accueil très « mitigé » réservé à Onecare, l’antivirus actuel de Microsoft, dans les principaux tests internationaux lors de son lancement.

JerryG : Un AV gratuit cela signifie que les AV gratuits ont un avenir ?

En fait, cette notion de gratuit est souvent fausse.

La plupart du temps, les solutions dîtes gratuites sont des versions incomplètes (par exemple sans analyse des emails ou des téléchargements, ou sans analyse antispyware ou antirootkit) qui vous proposent au bout d’un certain temps de migrer vers une solution plus complète du même éditeur, version qui, elle, est bien sûr payante.

Par ailleurs, il ne faut surtout pas réduire la sécurité du système au seul antivirus, qui n’est qu’une seule brique de la protection à mettre en place, cruciale mais non suffisante. Il est nécessaire aujourd’hui de mettre en place de multiples outils (pare-feu, antispam, cryptage, etc.) pour faire face aux différents types de menaces en circulation.

En partant sur des solutions dîtes gratuites, vous devez installer plusieurs applications de plusieurs éditeurs différents, avec tous les risques de conflits entre eux, de ralentissement du système ainsi que de complexité de mise en œuvre et de paramétrage pour un utilisateur « standard », chaque produit ayant sa propre interface utilisateur.

De façon générale, il faut bien comprendre qu’une solution de sécurité est constituée autant d’une partie services que d’une partie logiciel. Il faut forcément avoir un modèle économique pour avoir les équipes de développement et de support nécessaire pour faire face à désormais près de 15 000 nouveaux codes malveillants quotidiens !

Le « gratuit » n’est qu’un mode de diffusion, permettant notamment à des sociétés ne disposant pas d’un réseau de distribution traditionnel (Fnac, Carrefour, Auchan, etc…) de se faire connaître puis de vendre directement à l’utilisateur « capté » par l’accroche initiale de gratuité.

Ce n’est d’ailleurs qu’une évolution des versions d’évaluation (sharewares) que la plupart des éditeurs proposent depuis des années pour faire découvrir avant l’achat leurs solutions à de nouveaux utilisateurs.

JerryG : Un AV gratuit c'est mieux ou aussi bien qu'un AV payant ?

Il n’y a pas vraiment de règles.

Il y a de bons AV payants mais aussi des mauvais, il en va de même pour les produits dits gratuits. Toutefois, nous ne serions pas les plus objectifs pour vous faire un classement

Pour notre part, nous avons choisi de proposer toutes les formules :

  • des versions d’évaluation 30 jours, pleinement fonctionnelles, permettant aux utilisateurs de tester en « situation réelle » nos produits
  • des versions gratuites mais très bridées
  • des versions commerciales à des tarifs avantageux intégrant notamment 2 ANS de mise à jour au lieu des traditionnels 1 an de nos principaux concurrents.

Merci Stéphane Pacalet !





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