Lors de mon intervention à l’événement FIN&TECH Communityle 27 juin dernier à Paris, sur la table-ronde « Pour une intelligence artificielle éthique dès sa conception », j’ai eu le plaisir de débattre sur la valeur que l’Intelligence Artificielle peut apporter aux femmes et inversement.
Vous allez me dire « pourquoi » ? Selon moi, pour deux raisons : Tout d’abord, l’IA amène de nouveaux métiers Un premier exemple concerne le design des interfaces de communication entre l’homme et la machine. C’est le métier du psy-designer. Pour un chatbot,il faut designer sa personnalité, son style de communication, son genre, son nom. Va-t-il dire « Hello Emmanuelle, comment vas-tu ? » ou « Bonjour Madame Berthier, que puis-je faire pour vous aider ? ». Ce sont les questions que nous nous sommes posées quand nous avons développé un chatbot chez Avanade pour répondre aux questions courantes de nos collaborateurs. Pour un robot humanoïde, il faut aussi concevoir sa communication avec la voix, l’image et même ses réactions aux émotions. Les femmes vont pouvoir mettre à profit leur quotient émotionnel pour définir une communication juste, inclusive et éthique. Un autre exemple concernant la mise en place de solutions d’automatisation(robots logiciels qui permettent d’automatiser des tâches). Sur ce type de projet, il est important de mettre une œuvre une roue des bénéfices pour générer de la valeur à la fois pour l’entreprise et pour les salariés, afin d’améliorer la satisfaction du personnel, les conditions de travail, intégrer l’évolution des compétences, la qualité du service rendu, l’auditabilité et la détection de fraude, et ne pas se limiter à la réduction des coûts en supprimant des postes. Il est tout aussi important selon moi d’avoir une parité dans ce nouveau métier car, tout comme l’automatisation doit être éthique, les équipes projets doivent également l’être par défaut. L’IA, c’est aussi exploiter les données en faveur de l’éthique C’est une excellente opportunité de raccrocher des talents féminins. Quand on regarde les statistiques du Bac S, les filles sont très bien représentées et ont même des mentions légèrement supérieures, on peut dire qu’elles sont aussi scientifiques que les garçons. On les retrouve plus tard majoritairement dans les études de santé, paramédicales et sociales, alors qu’elles ne sont qu’environ25% dans les écoles d’ingénieurs et cela peut tomber à 10-15% dans les écoles d’ingénieurs informatiques. A partir du moment où l’on va mettre plus d’éthique, où l’on va prendre en compte les valeurs humaines et sociales pour faire des IA justes, inclusives, qui favorisent la diversité et qui préservent l’environnement, nous pourrons attirer ces talents féminins fondamentalement scientifiques, qui vont nous aider à la fois à concevoir des algorithmes éthiques et aussi entraîner les IA de façon éthique. Une IA « ethic by design »est : - Juste, inclusive, lutte contre la discrimination, favorise la diversité, respectueuse de la dignité humaine et de la vie privée - Auditable, explicable, apprend de ses erreurs avec une boucle de retour - Sous la responsabilité de l’Humain - Digne de confiance, transparente, donne un sentiment de sécurité - Supportée par des programmes de formation des collaborateurs et des équipes d’experts capable de détecter les biais. Il y a aujourd’hui environ 30% de femmes dans les métiers de la data science. Je suis convaincue que l’on peut atteindre la parité homme / femme rapidement en insistant sur cette dimension sociale, humaine et environnementale. Emmanuelle Berthier, directrice des opérations France benelux chez Avanade |