C'est un défi quotidien pour des milliers de parents et un enjeu de société : décrocher les enfants des écrans et plus particulièrement des jeux vidéos.

Ces derniers sont reconnus par l'OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) comme une forme d'addiction à part entière. 

Avec des conséquences lourdes : problèmes de concentration, retards d'apprentissage de la lecture, échecs scolaires...

Aux Etats-Unis, de véritables cures de désintoxication ont même été créées pour le jeu Fortnite, considéré par certains addictologues comme une drogue dure.

Avant d'en arriver là, des nouvelles applis rivalisent d'imagination pour aider les parents à remettre leurs enfants dans le droit chemin. Et tous les coups semblent permis...

Rationner « leur dose » de jeux vidéos

Signe du malaise, même les éditeurs de jeux vidéos eux-mêmes prennent les devants. Solutions encore trop méconnues des parents, Nintendo propose par exemple un contrôle parental permettant de limiter la consommation journalière.

Une initiative encourageante mais qui pour être complètement efficace devrait être incluse dans tous les jeux vidéos pour éviter que l'enfant reporte son addiction sur un autre support (tablette, ordi, smartphone,...) ou sur d'autres jeux...

Plus original, la startup niçoise PlayOutside permet quant à elle aux parents d'assigner des tâches (ranger sa chambre, mettre la table,...) aux enfants pour leur donner en échanges des « Bonus » utilisables directement dans leurs jeux vidéos favoris. Une initiative qui part d'une bonne intention mais qui interroge néanmoins les valeurs éducatives.

Est-il sain d'exploiter l'addiction de l'enfant pour le soumettre à des tâches ménagères ? Inscrire la « drogue » (le jeu vidéo lui-même) dans un système de récompense ne serait-il pas contreproductif à long terme ?

Accompagner les enfants vers une consommation plus intelligente des écrans

Plutôt que de sevrer brutalement les enfants des jeux vidéos, une autre startup propose de les faire transiter vers une consommation plus intelligente et éducative des écrans, telle que la pratique de la lecture. Et pour cela, de s'inspirer sans complexe de ce qui fait le succès (et l'addictivité !) des jeux vidéos.

« Remplacer une mauvaise addiction par une bonne est une stratégie efficace dans un premier temps. Beaucoup d'adultes témoignent être sortis de la drogue grâce au sport, une « bonne » drogue qui fournit beaucoup d'endorphines au cerveau.

Chez un enfant, remplacer l'addiction négative aux jeux vidéos par une addiction positive à une application de lecture interactive, ludique et éducative, c'est un premier pas qui fonctionne ! » explique Kàroly Fogarassy qui a développé l'application Lulu & Kroy dans ce but avec des parents, des psychologues et des professionnels de la petite enfance.

Pour lutter à armes égales face aux jeux vidéos, l'appli en reprend les codes et opère une « gamification » de la lecture pour les 8-12 ans. Toutes les histoires sont interactives, telle une version numérique des « livres dont vous êtes le héros ».

A renfort d'intelligence artificielle, l'enfant peut générer des scénarios presque infinis, personnalisés en fonction de ses choix, de son niveau de lecture et de ses goûts... Tous les ingrédients sont réunis pour les rendre accrocs à la littérature (mais la startup ne s'en cache pas !).

Quand on sait à quel point les parents luttent eux-mêmes avec leurs propres addictions aux écrans, on peut faire le pari que les initiatives pour les aider à décrocher leurs enfants des jeux vidéos ne sont pas prêtes de se tarir !