La santé n'échappe pas à la croissance du marché des Smartphones et des tablettes. Un essor qui a pour conséquence une mutation profonde de ce qu'on appelle désormais « la santé mobile » ou msanté.
A l'occasion de sa participation à la conférence e- santé organisée par CCM Benchmark, Guillaume Marchand, médecin, Président et co- fondateur de dmd Santé, la plateforme d'évaluation et de recommandation d'applications mobiles de santé (dmdpost.com), nous livre un tour d'horizon des tendances 2014.
Au menu, trois grandes tendances : des applications de relation médecins-patients de plus en plus pointues, des applications expertes pour le professionnel de santé, et, pour les plus avancées dans ces domaines, une arrivée dans le monde des produits de santé via la marquage CE.
La relation médecin-patient au coeur des applications grand public de demain  Les applications mobiles de santé constituent aujourd'hui un outil performant renforçant la relation « soignant-soigné ». En occupant une place de plus en plus importante dans la vie des patients, ces applications modifient le lien les unissant aux professionnels de santé. Une tendance particulièrement visible pour les patients atteints de maladie chronique. En effet, Guillaume Marchand souligne que « parmi les 7 millions de mobinautes santé français, 1/3 sont atteints de maladies chroniques »\ Ces patients, emprunts donc de santé mobile, y voient un moyen efficace de faciliter leur suivi par les professionnels de santé.
Mais quels bénéfices ces applications présentent-elles ? Quels impacts ont-elles dans le suivi de santé ? De quelle manière renforcent-elles la relation médecin-patient ?
Pour Guillaume Marchand, ces applications « représentent un outil de recueil simple, offrant des fonctionnalités d'export très appréciables pour le professionnel de santé ». 44 applications de ce type ont été évaluées par les usagers et les professionnels de santé sur dmdpost.com.
D'une part, elles permettent au professionnel de santé de récupérer les données de santé du patient au moment de la consultation ou au préalable, ce qui constitue un gain de temps non négligeable. « C'est la paramétrabilité qui est une valeur ajoutée » précise M. Marchand. Le professionnel de santé doit être alors capable de recommander l'application répondant parfaitement aux attentes de son patient. « Quand on sait que 12 à 20% des professionnels de santé le feraient s'ils disposaient de références fiables dans ce domaine, il était indispensable de mettre à disposition de tous et gratuitement une plateforme d'évaluation et de recommandation des applications mobiles de santé ».
D'autre part, si on se place du côté des soignés, « un patient qui recueille ses données de manière régulière est un patient potentiellement plus observant de sa santé, plus à même de comprendre sa pathologie et d'échanger avec son médecin » indique Guillaume Marchand.
On peut ici citer l'application SAMSEP, lauréate du Grand Trophée 2014 de l'application mobile de santé. « Il s'agit d'un journal personnel dédié aux patients qui ont été diagnostiqués comme souffrant de la Sclérose En Plaques. » précise Guillaume Marchand. Celle- ci permet au patient d'évaluer et localiser ses symptômes (douleurs, troubles de la vision, fatigue...), ainsi que la gêne occasionnée. SAMSEP constitue donc « un moyen efficace pour le patient de préparer en amont sa consultation avec le professionnel de santé et ainsi de prioriser les aides dont il souhaite bénéficier auprès du personnel soignant », confie Guillaume Marchand.
SAMSEP représente un excellent exemple d'application de suivi des symptômes, jouissant d'une navigation simple et d'un design graphique tout simplement parfaits.
Expertise et télésanté : la voix des applications pro en 2014
Une autre grande tendance réside dans l'essor des applications à destination des professionnels de santé. « On sait que 94% des médecins ont un usage professionnel de leur Smartphone » , indique Guillaume Marchand. Une tendance qui aura uniquement lieu si l'usage en pratique courante des applications professionnelles par l'ensemble des professionnels de santé est facilitée. Comment ?
L'offre est aujourd'hui insuffisante, comme le démontre Guillaume Marchand. « Certaines spécialités médicales souffrent d'un manque réel d'offres en langue française, on peut citer l'orthopédie, la pédiatrie, la neurologie, ou encore l'endocrinologie ». Une lacune qui pourrait être comblée si la confiance accordée en santé mobile par les professionnels de santé s'accroissait.
Mission entreprise par dmd Santé qui s'attache à développer la confiance accordée à la santé mobile, en proposant un véritable « GPS », une plateforme dmdpost.com offrant des évaluations et recommandations objectives d'applications dédiées aux professionnels de santé.
Ces applications « pro » sont aussi amenées à devenir plurithématiques, le futur résidant dans leur capacité à s'interconnecter entre elles. « Une application pourra, par exemple, proposer un agenda des congrès, tout en constituant une base thérapeutique ou encore de recommandation des bonnes pratiques » explique Guillaume Marchand.
«L'application Comedi-e caractérise parfaitement cette multifonctionnalité des "¿p applications pro» précise Guillaume Marchand. La plateforme Comedi-e propose, outre des moyens de visioconférence à la téléconsultation, un télédossier (dossier médical informatisé autorisé par la CNIL) permettant notamment le partage des éléments médicaux à distance, mais aussi l'utilisation d'outils facilitant le diagnostic à distance.
Ce projet prend en compte les enjeux majeurs de la télémédecine : territoires isolés, répartition inégale des professionnels de santé, augmentation des maladies chroniques, vieillissement de la population...
Selon Guillaume Marchand, « Comedi-e offre donc un service régional de télémédecine mis à disposition des établissements sanitaires, médico-sociaux et des professionnels de santé. La preuve de l'étendue des possibilités proposée par la santé mobile ».
Des mApps marquées CE ou lorsque la santé mobile devient un produit de santé...
En relation directe avec le développement d'applications de relation médecin-patient et d'applications pro de plus en plus expertes, la dernière tendance de l'année 2014 et certainement l'une des plus marquantes, sera le développement du marquage CE en ce domaine.
Destiné à permettre la mise sur le marché, le marquage CE est aux dispositifs médicaux ce que l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) est aux médicaments : un sésame permettant d'être reconnu comme Produit de Santé à part entière, et donc d'être prescrit, voire remboursé et utilisé par les professionnels de santé dans un cadre réglementaire strict. Qu'ils s'agissent donc de mApps destinées aux patients pour interagir avec leur traitement ou leur prise en charge ou de mApps permettant aux professionnels de santé d'optimiser le diagnostic, les soins, les traitements... les applications mobiles les plus pointues et les services médicalisés recourront de plus en plus à ce marquage CE afin d'être réellement identifiés comme des Produits de Santé.
Réelle initiatrice de cette catégorie, l'application VITM (Voluntis Insulin Therapy Manager, Diabeo© en France, Insulia© hors de France) a reçu son marquage CE (classe Ilb) fin 2013. Ces principales fonctions sont un accompagnement thérapeutique et une aide à la décision pour une gestion efficace du diabète. Cette application mobile permet aux patients diabétiques adultes de doser l'insuline, basale et bolus, et de faciliter leurs interactions avec les professionnels de santé. Elle permet également de déployer un suivi à distance et des services de télémédecine.
Pour Guillaume Marchand : "Dans les mois qui viennent, d'autres applications devraient suivre ce chemin du marquage CE et ce tant pour des applications destinées aux patients que pour des applications, par exemple, d'aide au diagnostic, pour les professionnels de santé. Toutefois, la santé mobile ne se résumera pas à cette seule catégorie. De fait, le marquage CE est et sera une tendance forte mais plus en terme de validation de la santé mobile qu'en volume d'applications disponibles. De nombreuses innovations peuvent encore naître dans les mois et années à venir sans emprunter la voie spécifique, réglementée et contrôlée du dispositif médical."
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