Un épisode durant lequel l’enfant vit soudainement des états d’anxiété et de peur très intenses, accompagnés de symptômes psychophysiologiques qui tendent à l’angoisser voire à le bloquer complètement. Dans ces moments-là, il est conseillé d’adopter une attitude ferme mais empathique, en utilisant des mots qui reconnaissent le malaise du petit, pour l’aider à se sentir entendu et soutenu.
Comment reconnaître une crise de panique chez un enfant ?
Il est naturel pour un enfant ou même un bébé de ressentir de la peur. Les peurs infantiles sont souvent liées à des situations perçues comme dangereuses par l’enfant lui-même, en fonction de son âge et de sa phase de développement. Par exemple, selon leur âge, les enfants peuvent craindre :
- de 0 à 12 mois : les bruits forts, les objets de grande taille, les étrangers ;
- de 1 à 3 ans : l’obscurité, les ombres, dormir seul, se séparer des parents, les orages, les bruits forts ;
- de 3 à 5 ans : les insectes, le docteur, rester seul dans une pièce ;
- de 6 à 11 ans : les fantômes, perdre leurs proches, être kidnappé, avoir de mauvaises notes à l’école, décevoir leurs parents, être rejeté par leurs camarades.
Lorsque les enfants manifestent une peur, les adultes qui les entourent peuvent les aider en identifiant et nommant ce qui provoque cette crainte, en décrivant leurs réactions face à elle, et en leur proposant des stratégies pour faire face à leur émotion, leur permettant ainsi de la dépasser.
Par exemple : « Je vois que tu t’es enfui parce que tu as peur d’entrer seul dans la chambre ; c’est normal d’avoir un peu peur quand on ne sait pas ce qu’il y a à l’intérieur. Viens, on y va ensemble, et tu verras qu’il n’y a personne, comme ça tu pourras te sentir plus tranquille. »
Il est aussi important de souligner que, chez l’enfant, certaines formes d’anxiété peuvent jouer un rôle positif en favorisant l’adaptation ou la motivation. Par exemple, une certaine nervosité avant une compétition sportive peut encourager l’enfant à se dépasser, tout en lui permettant de vivre l’événement comme une expérience enrichissante, sans que cela n’altère son plaisir ou ses performances de façon significative.
Toutefois, lorsque l’anxiété devient plus intense, prolongée ou qu’elle concerne des situations peu adaptées à l’âge de l’enfant, cela peut devenir un véritable défi pour lui. L’enfant peut alors éviter consciemment ou inconsciemment de faire face à la situation qui lui cause cette détresse, préférant fuir plutôt que faire face. Ces dernières années, on constate une hausse des cas d’anxiété chez les enfants.
Par exemple, la peur normale de l’éloignement des parents peut évoluer en une véritable anxiété de séparation, caractérisée par une inquiétude constante empêchant l’enfant de rester seul, craignant de ne pas être récupéré à l’école ou que quelque chose de grave arrive à ses proches. Ce type d’anxiété peut affecter tous les domaines de la vie de l’enfant (école, loisirs, relations sociales, famille), devenant une barrière qui empêche leur plein épanouissement. Il est donc essentiel de faire la différence entre une anxiété « normale » et une anxiété pathologique.
Qu’est-ce qu’une crise de panique chez un enfant ?
Une crise de panique est un épisode où l’enfant vit, de façon soudaine et brutale, des états d’intense peur ou d’angoisse, accompagnés de symptômes psychophysiologiques qui peuvent l’angoisser ou le paralyser temporairement. Ces épisodes atteignent généralement leur maximum en une dizaine de minutes, pouvant durer jusqu’à une trentaine de minutes selon la situation.
Voici les principaux symptômes observés chez l’enfant durant une crise de panique :
- Palpitations : « mon cœur va exploser » ;
- Transpiration : « j’ai les mains, le visage, le cou qui transpirent » ;
- Tremblements ou agitation : « je suis très agité », « mes mains et mes jambes tremblent et je ne peux rien faire » ;
- Sensation d’étouffement ou de difficulté à respirer : « je ne peux pas respirer, je suffoque » ;
- Nausée ou maux de ventre : « j’ai envie de vomir », « j’ai mal au ventre » ;
- Sensation de vertiges, de tête qui tourne ou de perte de connaissance : « j’ai la tête vide », « je vois tout qui tourne », « j’ai mal à la tête », « j’ai envie de tomber ou de m’évanouir » ;
- Frissons ou bouffées de chaleur inattendues ;
- Sensation d’engourdissement ou de picotements : « j’ai des fourmillements aux pieds ou aux mains » ;
- Sensation d’irréalité ou de détachement : « je me sens comme dans un film », « j’ai l’impression de me regarder de dehors » ;
- Peur de perdre le contrôle ou de devenir fou ;
- Peur de mourir ;
- Inquiétude que l’épisode ne se reproduise : « Et si cela recommençait ? », « Si je vomis vraiment ? », « Si je m’évanouis vraiment ? » ;
- Évitement d’activités par crainte de revivre une crise : « tant que je vais à l’école, j’ai peur de me sentir mal à nouveau », « je ne veux pas aller au foot par peur que ça recommence ».
Certains symptômes, comme les tremblements, l’agitation, les douleurs abdominales, les nausées, les palpitations ou les difficultés respiratoires, sont plus fréquents. Lors d’une crise, l’enfant peut pleurer ou crier, respirant rapidement et difficilement, ce qui peut aggraver son trouble respiratoire et augmenter son agitation. D’autres symptômes, moins fréquents, tels que la peur de mourir ou de devenir fou, peuvent aussi apparaître, bien que ces peurs soient moins présentes chez les plus jeunes, car les concepts de mort ou de folie sont plus abstraits pour eux.
Que faire si un enfant fait une crise de panique ?
Lorsque cela survient, il est crucial pour les adultes – parents ou autres — d’adopter une attitude rassurante, ferme mais pleine d’empathie. Voici quelques conseils pour aider l’enfant dans ces moments-là :
- Éviter de se laisser emporter par l’agitation ou la préoccupation : si le parent ou l’adulte se montre également nerveux ou anxieux, cela peut renforcer l’idée chez l’enfant que quelque chose de catastrophique va arriver, ou que ses symptômes sont encore plus graves qu’ils ne le semblent ;
- Reconnaître la détresse de l’enfant comme étant réelle, authentique, mais aussi comme une réaction normale pouvant être gérée. Exemple : « Je comprends que tu sois très nerveux parce que tu ne veux pas entrer seul dans la pièce ; je sais que c’est difficile parfois, mais on va essayer de passer ce moment ensemble, et je suis là pour t’aider » ;
- Ne pas minimiser ou nier ses émotions avec des phrases du type « Ce n’est rien, tu as juste un petit mal au ventre » : cela pourrait faire sentir à l’enfant qu’il n’est pas compris et diminuer sa confiance, ou le faire se sentir seul face à ses émotions ;
- Éviter de vouloir à tout prix expliquer rationnellement durant la crise que ses peurs ne sont pas fondées (ex : « Tu n’as rien à craindre si tu vas en classe, c’est une peur irrationnelle »). Ces réactions sont inefficaces sur le moment, car elles nécessitent des compétences de raisonnement qui sont momentanément désactivées dans l’état d’alerte en crise. Il est préférable d’aborder ces questions une fois la crise passée, quand le calme revient.
- Ne pas trop rassurer en disant que rien ne va lui arriver : « Tout va bien », ou « Je suis là, ne t’inquiète pas » : ces propos peuvent renforcer le sentiment de dépendance de l’enfant vis-à-vis de l’adulte pour gérer ses émotions, et peuvent le conduire à se demander : « Si je suis rassuré et que ça se passe quand même mal, comment je peux faire confiance la prochaine fois ? »
Pour gérer une crise de panique, il est conseillé d’adopter une posture calme et empathique, en utilisant des mots qui reconnaissent l’état de l’enfant, en l’incitant à se concentrer sur son corps, sa respiration et ses sensations. Des exercices de respiration simples, réalisés ensemble, peuvent grandement aider, comme souffler lentement sur une girandole ou prendre de grandes inspirations lentes, en lui demandant d’observer ce qui se passe en lui lorsqu’il respire ainsi.
Il faut que ces exercices soient proposés avec douceur, non comme des directives autoritaires, mais comme une activité partagée : « On va faire cette petite respiration ensemble pour se calmer un peu ». Cette approche permet à l’enfant de vivre la maîtrise de son état d’anxiété, en aidant sa tête et son corps à collaborer pour retrouver une certaine sérénité.
Une fois la crise passée, et si l’enfant en est capable selon son âge, il sera opportun d’engager un dialogue pour revenir sur ce qu’il a vécu, en évitant les pièges précédemment évoqués : minimisation, rationalisation excessive, dramatisation ou rassurances excessives. Lors de cette conversation, il est utile d’employer des mots simples, aidant l’enfant à exprimer ses sensations, à comprendre ce qui lui est arrivé, et à valoriser sa capacité à gérer ces moments difficiles.
Par exemple : « Qu’est-ce qui t’est arrivé ? », « Comment tu t’es senti ? », « Qu’est-ce qui t’a aidé à te calmer ? », « Penses-tu que cette stratégie pourrait t’aider une autre fois ? »
Ce type de dialogue, associé à un modèle positif, contribue au développement chez l’enfant de compétences émotionnelles essentielles : reconnaître ses émotions, comprendre comment elles se manifestent, les décrire, et surtout, apprendre à les réguler, même dans les situations les plus difficiles.
Diagnostic et traitement des crises de panique chez l’enfant
Peut-on établir un diagnostic de trouble panique chez un enfant ? Il convient de préciser ici que les descriptions précédentes servent surtout de repères pour aider les parents à comprendre l’univers émotionnel de leur enfant, et à effectuer des réponses adaptées en fonction de la situation. Elles ne doivent pas être considérées comme des critères diagnostiques en soi.
Le diagnostic doit toujours être réalisé par un professionnel spécialisé, comme un pédiatre, un neuropsychiatre ou un psychologue. En effet, si ces crises de panique deviennent fréquentes, très intenses ou impairent le fonctionnement de l’enfant dans ses activités quotidiennes, il est important d’en parler avec un professionnel de santé pour envisager une évaluation approfondie.
Selon l’âge de l’enfant, la situation spécifique, et les consultations effectuées, les spécialistes pourront proposer diverses formes de traitement, parmi lesquelles :
- des séances individuelles avec l’enfant pour renforcer ses compétences émotionnelles ;
- des rencontres avec les parents pour mieux comprendre et soutenir leur enfant, en travaillant notamment sur leur propre façon de gérer l’anxiété et en favorisant une communication empathique ;
- des séances en famille pour analyser la dynamique familiale, identifier les origines possibles de l’anxiété, élaborer des stratégies communes pour la gérer, et améliorer la relation parent-enfant.
Lorsque ces crises interviennent à l’école, il peut être utile que les enseignants soient impliqués pour mieux comprendre ce que vit l’enfant et pour mettre en place des aménagements ou des stratégies d’aide. En cas de suivi par un professionnel, leur intervention peut aussi faciliter la collaboration avec la famille et rendre la prévention plus efficace. Cela contribue à limiter les risques de décrochage scolaire ou d’absences répétées dues au malaise vécu par l’enfant.
Enfin, un dernier point essentiel : il est utile pour les adultes de s’interroger sur leur propre manière de vivre leurs peurs et leurs inquiétudes quotidiennes. En prenant conscience de la façon dont ils gèrent leurs émotions, ils peuvent mieux accompagner leurs enfants dans la compréhension et la régulation de leurs propres angoisses. La connaissance des modes de fonctionnement émotionnel de chacun dans la famille constitue une étape clé pour favoriser un environnement où la gestion de l’anxiété devient un processus collectif et apaisé.