BES : Qu’est-ce que les besoins éducatifs particuliers et comment les prendre en charge en France

Lorsque l’on évoque le sigle BES, il s’agit d’étudiants qui nécessitent une attention particulière afin de leur permettre de suivre leur parcours scolaire et éducatif dans de bonnes conditions. Les Besoins Éducatifs Particuliers (BEP) sont classés en trois catégories distinctes et peuvent être temporaires ou permanents.

Parler de BES (Besoins Éducatifs Particuliers) concerne donc les élèves qui présentent une situation de difficulté ou de vulnérabilité suffisamment importante pour compliquer leur apprentissage. Dans ces cas-là, il est indispensable que l’école réponde de manière adaptée et réactive pour soutenir au mieux ces étudiants dans leur parcours scolaire.

Les différentes problématiques à l’origine d’un retard ou d’un obstacle à l’apprentissage sont multiples et diverses. C’est pourquoi, selon la nature de chaque situation, différentes catégories de BES sont distinguées. Si nous interrogions un parent ou un enseignant d’un élève avec BES, ils nous rapporteraient des situations très variées. Par exemple, on pourrait recueillir des témoignages tels que :

  • « Clara est une petite fille brillante, mais lorsqu’elle lit, les lettres semblent comme de petites fourmis qui bougent de tous côtés. »
  • « Lucas a une forme d’autisme et parfois, l’environnement scolaire le destabilise. »
  • « Khaled est récemment arrivé en France. En Algérie, il était très passionné par l’école, mais ici, il ne parle pas encore bien le français et en classe il paraît perdu. »
  • « Léa a subi une opération délicate, elle aura besoin de plusieurs mois pour se remettre et réintégrer la classe. »
  • « Édouard a un quotient intellectuel supérieur à la moyenne. En classe, il s’ennuie car il termine ses exercices avant ses camarades et ne sait pas comment occuper son temps. »

Dans cet article, nous allons explorer en détail qu’est-ce que les Besoins Éducatifs Particuliers, comment ils sont catégorisés et quelles différences existent avec les Troubles Spécifiques de l’Apprentissage (TSA).

BES : qu’est-ce que les Besoins Éducatifs Particuliers ?

Mais concrètement, qu’entend-on par BES ? En France, l’expression « Besoins Éducatifs Particuliers » a été formellement introduite en 2012, avec la publication de la circulaire ministérielle correspondante. Si nous tentons d’en donner une définition précise, nous dirons qu’il s’agit d’une situation, qu’elle soit ponctuelle ou durable, qui entrave l’apprentissage de l’élève. Une telle situation nécessite une attention particulière de la part de l’école, afin d’aider l’élève à réussir dans ses études. Cela implique que chaque élève doit être considéré comme un acteur actif dans son processus d’apprentissage, et que l’école doit prendre en compte ses caractéristiques spécifiques pour lui proposer une pédagogie adaptée à ses capacités.

Comme mentionné précédemment, les BES se répartissent en trois catégories principales, qui reflètent la diversité des situations pouvant générer un besoin éducatif particulier :

  1. Handicap
  2. Traumatismes ou troubles spécifiques de l’apprentissage et/ou de développement
  3. Difficultés liées à la situation socioéconomique, linguistique ou culturelle

Quels sont les Besoins Éducatifs Particuliers ?

Examinons maintenant plus en détail ce que recouvrent précisément ces différentes catégories de BES.

Handicaps moteurs et déficiences cognitives

Ces situations sont reconnues par la Sécurité Sociale et encadrées par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, relative à l’égalité des droits et des chances, à la participation et à la citoyenneté des personnes handicapées. Sur le plan pédagogique, cela implique la présence d’un enseignant spécialisé ou d’un auxiliaire de vie scolaire, ainsi que l’élaboration d’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS).

Troubles Spécifiques de l’Apprentissage et Troubles du Développement

Il s’agit de troubles tels que la dyslexie, la dysorthographie, la dysgraphie, ou la dyscalculie, ainsi que l’ADHD (Trouble par Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), l’autisme ou encore le fonctionnement intellectuel limité. Ces difficultés apparaissent généralement durant la période de développement et sont diagnostiquées par des professionnels habilités, qu’ils soient publics (médecins, centres médico-psychologiques) ou privés. Lorsqu’un diagnostic est posé, l’école doit établir pour chaque élève concerné un Plan Personnalisé de Scolarisation (PPS), sans qu’il soit nécessaire d’attribuer un poste d’aide spécialisée (Intellection Support Teacher – IST).

Difficultés socioéconomiques, linguistiques ou culturelles

Ce type de difficulté concerne des situations où l’origine sociale, la maîtrise de la langue ou la culture territoriale posent problème à l’élève. Il s’agit notamment de l’ignorance de la langue française, de difficultés de comportement ou d’adaptabilité, de problématiques personnelles ou familiales pouvant compromettre la scolarité.

Cette catégorie englobe aussi les élèves à haut potentiel ou surdoués, qui présentent une aptitude cognitive et une curiosité intellectuelle très développées. Ces jeunes nécessitent souvent un accompagnement pédagogique spécifique pour optimiser leur développement et éviter que leur talent ne se mâtie en comportements d’ennui ou d’exclusion, voire de désintérêt scolaire.

Concernant les élèves BES relevant de cette dernière catégorie, leur situation peut être discernée par l’école, soit par observation, soit par signalement des services sociaux. La présence d’un enseignant spécialisé n’est pas obligatoire dans ce cadre, mais l’école peut établir un Plan Personnalisé de Scolarisation si besoin.

Il est crucial de souligner que parler de « enfants BES » ne constitue pas un diagnostic médical, ni une étiquette médicale en soi. Il s’agit plutôt d’une reconnaissance des besoins spécifiques d’un élève pour lui assurer un accompagnement adapté dans le cadre scolaire.

Différence entre BES et Troubles Spécifiques de l’Apprentissage (TSA)

Les Troubles Spécifiques de l’Apprentissage (TSA) regroupent des difficultés précises telles que la dyslexie (difficulté de lecture ou de compréhension du texte), la dysorthographie (troubles de l’orthographe), la dysgraphie (difficulté à l’écriture manuscrite) ou encore la dyscalculie (troubles des compétences mathématiques).

Il arrive parfois que l’on confonde BES et DSA, mais cette confusion doit être évitée. En effet, tous les enfants atteints de troubles d’apprentissage relèvent des BES, mais tous les enfants avec BES ne présentent pas nécessairement un DSA. La différence majeure réside dans le fait qu’un DSA doit faire l’objet d’un diagnostic précis, tandis que le BES, lui, ne nécessite pas de diagnostic spécifique, étant un cadre plus large incluant diverses situations de difficulté.

Une autre distinction essentielle concerne la réglementation. Le DSA nécessite une évaluation diagnostique officielle pour être reconnu, ainsi qu’un Plan Personnalisé de Scolarisation (PPS) défini par la loi. À l’inverse, le BES peut être identifié par l’école sans diagnostic formel, et la mise en place d’un aménagement pédagogique relève de la seule initiative de l’établissement.

De plus, pour un enfant avec DSA, le PPS est souvent prévu pour une période pluriannuelle, c’est-à-dire sur plusieurs années, afin de favoriser la continuité et la progression globale. Pour un élève en BES, le plan est généralement valable pour l’année en cours, avec une réévaluation annuelle.

Normes légales concernant les BES

L’introduction de mesures de personnalisation de l’enseignement pour les élèves en BES remonte à 2012, avec la circulaire ministérielle qui a encadré leur application. Auparavant, cette personnalisation n’était prévue que pour les élèves en situation de handicap reconnu (via la loi 104/92) ou atteints de troubles spécifiques de l’apprentissage (selon la loi 170/2010). Les autres enfants nécessitant des adaptations particulières, en dehors de ces situations, n’étaient pas totalement intégrés dans cadre réglementaire.

La réglementation relative aux BES prévoit que les élèves sans handicap reconnu ni diagnostic de DSA puissent néanmoins bénéficier de mesures compensatoires ou d’exonérations, similaires à celles accordées pour les troubles spécifiques de l’apprentissage.

Concrètement, comme il n’est pas requis d’obtenir un diagnostic pour la reconnaissance d’un BES, c’est à l’école de se prononcer. Elle doit évaluer si les difficultés rencontrées par l’élève dépassent celles généralement attendues dans le cadre scolaire. Si tel est le cas, elle peut décider d’élaborer un projet personnalisé avec l’aide d’un Plan Personnalisé de Scolarisation (PPS). Cette démarche vise à permettre à chaque élève de progresser à son rythme, avec des objectifs adaptés à ses capacités et à ses besoins.

Un apprentissage individualisé consiste à définir pour chaque élève des objectifs de connaissance ou de compétences spécifiques, afin de lui permettre de développer son potentiel et de réussir sa scolarité. La mise en œuvre d’un tel dispositif suppose que l’enseignant adapte sa pédagogie en tenant compte des caractéristiques de chaque élève, pour faire en sorte que tous atteignent un objectif commun.

Le PPS, lorsqu’il est mis en place, offre à l’élève un cadre d’apprentissage optimal, comprenant parfois des mesures compensatoires ou dérogatoires. Les mesures compensatoires peuvent inclure l’utilisation d’outils technologiques, comme une synthèse vocale pour faciliter la lecture, ou une calculatrice pour les mathématiques. Les mesures dérogatoires permettent, quant à elles, à l’élève d’être dispensé ou exonéré de certaines activités considérées comme trop difficiles ou non essentielles à l’objectif final, comme l’écriture manuscrite ou l’apprentissage par cœur.

BES, école et inclusion

La reconnaissance des Besoins Éducatifs Particuliers constitue une avancée importante en faveur de l’inclusion scolaire, car elle met l’accent sur l’unicité de chaque élève et reconnaît le rôle fondamental du contexte éducatif pour créer des conditions favorables à l’apprentissage.

L’attention accrue portée aux BES et la mise en place d’une réglementation spécifique traduisent la volonté de l’école française de devenir un lieu toujours plus inclusif, respectueux de la diversité et capable d’adapter ses ressources pour soutenir toutes les formes de handicap ou de difficulté.

Cette évolution reste un véritable défi pour les enseignants, qui doivent désormais conjuguer leurs compétences pour proposer des parcours individualisés et élaborer des dispositifs d’accompagnement adaptés. Toutefois, cette approche constitue aussi une étape majeure, qui leur confère une plus grande autonomie dans la conception des modalités pédagogiques, au service de la réussite de tous les élèves.

Pour chaque enfant ou adolescent, cette législation représente une garantie essentielle : celle de bénéficier d’un soutien adéquat pour dépasser ses obstacles et favoriser son épanouissement personnel et scolaire. La personnalisation des parcours éducatifs, à travers la mise en place du PPS, constitue ainsi une véritable avancée pour construire une école plus juste, plus inclusive et plus respectueuse de la singularité de chacun.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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