Comment fonctionne l’autopen : le robot qui signe à la place du président

Qu’est-ce qu’une autopen et comment fonctionne-t-elle vraiment ?

Une autopen, ou plus simplement appelée en français une « autopenne », est un dispositif électromécanique dont le but est de reproduire automatiquement une signature ou un autographe. Elle se présente sous la forme d’un bras robotisé qui trace fidèlement les mouvements enregistrés lors de la signature originale. Ces appareils ont récemment été mis en lumière dans l’actualité, notamment suite à des déclarations du président américain Donald Trump, qui a accusé l’administration précédente de Joe Biden d’avoir utilisé ce genre de technologie de manière abusive.

Mais concrètement, qu’est-ce qu’une autopen ? Il s’agit d’un dispositif électromécanique conçu pour générer à l’identique une signature ou un autographe, en utilisant un bras robotisé qui reproduit les mouvements enregistrés par le signataire. Au fil des ans, cet appareil a été utilisé par plusieurs célébrités, dirigeants politiques et même d’autres présidents américains, car il garantit des signatures toujours identiques — ce qui est particulièrement utile lorsque l’on doit produire un grand nombre d’autographes en un laps de temps limité, pouvant atteindre plusieurs milliers par jour.

Les origines historiques

L’idée n’est pas nouvelle. Bien avant l’avènement des robots modernes, au début du XIXe siècle, Thomas Jefferson utilisait déjà le « poligraphe », une machine capable, pendant qu’il écrivait avec une plume, de produire simultanément une copie du texte sur un second support. Ce processus permettait de dupliquer un texte ou une signature très rapidement. Le premier autopen commercial, quant à lui, est apparu seulement au cours du XXe siècle, dans les années 1930. Il prouvait déjà, de manière précurseur, les mécanismes qui seront repris dans les plotters électroniques à partir des années 1950. La signature était gravée sur une matrice, et un mécanisme à cames — une série de disques profilés transformant le mouvement de rotation en déplacement linéaire — guidait un stylo suivant une trajectoire prédéfinie, reproduite électriquement sur deux axes cartésiens.

Comment fonctionne une autopen moderne ?

Un autopen d’aujourd’hui est constitué principalement d’un bras mécanique, contrôlé par des moteurs linéaires ou à pas (stepper motors), qui déplacent un stylo ou une plume avec une précision millimétrique sur un plan X-Y. La signature originale, gravée sur une matrice rigide, est utilisée comme modèle. Ensuite, le dispositif suit ce modèle en utilisant des cames rotatives ou un système de supports programmés. Dans les modèles les plus modernes, la plaque sur laquelle est fixée la matrice se déplace pour activer deux cames qui déplacent le stylo, assurant une pression constante et un débit d’encre régulier sur la feuille.

Les appareils industriels récents vont encore plus loin : ils intègrent un système d’alimentation automatique du papier, des capteurs de position, une régulation de la pression appliquée sur la support et un contrôle électronique de la vitesse. Certains peuvent produire jusqu’à 500 signatures ou autres annotations en un seul cycle, et même rendre possible la reproduction de notes personnalisées, en plus de la signature elle-même.

Une précision exceptionnelle

Les modèles professionnels, comme le Stylowriter qui sert notamment aux autorités américaines, disposent de cartouches mémoire sécurisées, de compte-signatures qui ne peuvent pas être réinitialisés, et de réglages programmés pour la pression et la vitesse d’écriture. Certains appareils sont capables de capter la biométrie du geste — comme la température, la pression exercée, ou encore le rythme de la main — pour garantir une reproduction fidèle de l’authenticité du geste. C’est le cas, par exemple, avec la LongPen, un dispositif permettant de signer à distance. En 2011, cette technologie a été utilisée par l’ancien président Barack Obama, qui l’a employée depuis l’Europe pour signer une prolongation de la loi connue sous le nom de Patriot Act, tout en conservant la dynamique propre à un geste humain authentique.

Les enjeux et les controverses autour de l’autopen

Au-delà des débats politiques, l’autopen soulève aussi des questions éthiques concernant l’authenticité de la signature. Si une machine reproduit une signature, celle-ci peut-elle encore être considérée comme une action personnelle ou engageante ? La réponse peut varier selon les contextes. Dans le monde de la collection et des autographes, une signature automatisée a généralement bien moins de valeur qu’une véritable autographe manuscrite. Toutefois, dans le cadre juridique, l’utilisation de cette technologie est en réalité reconnue dans certains cas.

Aux États-Unis, par exemple, une signature apposée par un président grâce à une autopen est considérée comme valide pour des documents officiels de grande importance. Cette pratique a été étendue en 2005 par l’administration de George W. Bush, qui a reconnu la légitimité de cette méthode pour certaines signatures présidentielles, alors qu’elle était déjà utilisée pour des actes moins formels depuis les années 1950. En France, et plus généralement en Europe, il n’existe pas de réglementation spécifique interdisant l’utilisation de ces appareils. Cependant, leur validité juridique n’est pas systématiquement assurée et peut nécessiter une évaluation au cas par cas, selon la situation et la législation applicable.

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