Comment parler du coronavirus avec les enfants

C’est fort probable qu’à ce moment-ci, les enfants vivent avec inquiétude les informations qu’ils entendent à la télévision ou les discussions des adultes; il est possible qu’ils aient peur en entendant des mots comme « mort », « hospitalisations », « malades en réanimation », « mesures d’isolement », « quarantaine ». Que peuvent faire les parents pour les aider à s’orienter et à aborder cette situation aussi sereinement que possible ? Les premiers à veiller à la qualité des informations doivent être les adultes: les enfants absorbent tout ce qui est dit, le modifient et l’amplifient à partir de leurs peurs. Dans ce moment où l’on parle vraiment trop, et souvent de manière imprécise, de virus et de maladies, les parents doivent s’engager à n’utiliser que des sources d’information officielles, en particulier le site du Ministère de la Santé et du Ministère des Solidarités et de la Santé, la page dédiée aux questions fréquentes et le site Santé publique France. Pour un approfondissement, lisez également notre article Coronavirus et les enfants : les questions fréquentes.

Télévision oui ou non ?

Si à la maison il est habituel de regarder le journal télévisé tous ensemble, mieux vaut ne pas changer cette coutume: les changements inquiètent les enfants, et même dans ce cas leur imagination peut se peupler de peurs, de mystères, de secrets (« Les adultes ne veulent pas que nous sachions… »).
La télévision et les journaux peuvent offrir un repère utile pour donner des informations sérieuses et compréhensibles à nos enfants, et c’est encore mieux si nous les accompagnons d’un peu de questions afin de créer une conversation sereine: « Mais toi, tu as bien compris ce qui se passe ? », « Tu en as parlé avec tes amis du coronavirus ? Qu’en disent-ils ? ». Un dialogue détendu indique que l’on peut parler de cela, qu’il n’y a rien que les adultes cachent aux enfants; il permet aussi de corriger les informations inexactes, d’éviter par exemple que l’enfant pense qu’il existe des personnes « dangereuses » (les Chinois, les étrangers) qui propagent la maladie, ou que seules les personnes âgées et malades tombent malades, ou qu’il n’est pas juste d’interdire à tout le monde de faire ce que l’on veut faire.

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Parler de la façon dont se transmet le virus

Oui, mais avec prudence, afin d’éviter que les enfants particulièrement sensibles ne voient des possibilités de contagion partout et gardent cette peur même à l’avenir. On peut expliquer, en adaptant le discours à l’âge de nos enfants, que cette maladie, comme toutes les grippes et les rhumes, se propage lorsque beaucoup de personnes se trouvent toutes ensemble dans des lieux clos, et en parlant, en toussant ou en éternuant, elles envoient des gouttelettes de salive qui pourraient contenir le virus; que, comme tout le monde ne « prend » pas le virus, des personnes qui vont bien peuvent encore transmettre la maladie à d’autres; que c’est une maladie dont on guérit en général, mais qui se transmet plus rapidement que d’autres grippes, d’où l’importance de l’arrêter au plus tôt en évitant que trop de personnes contractent le virus et le diffuser.

Donner des indications pratiques

Il est très important de donner à l’enfant des indications sur « et nous, que faisons-nous pour l’éviter ? »: les enfants sont pragmatiques, un danger qu’ils ne savent pas comment affronter les effraie. C’est une occasion parfaite pour expliquer à notre enfant qu’il existe une action extrêmement importante, dont maman et papa lui ont parlé à maintes reprises, qui protège à la fois lui et les autres de cette maladie, et d’autres encore: se laver les mains. Vous pouvez chercher l’une des nombreuses vidéos qui expliquent aux médecins et aux infirmières comment se laver les mains correctement, la regarder avec l’enfant et lui faire voir la différence entre passer les mains sous l’eau une seconde et les laver « vraiment ». Le chagrin lié aux fêtes annulées, aux sorties annulées, au cinéma interdit peut être accueilli avec compréhension (il est normal d’être déçu) et compensé par la proposition d’autres activités à faire en famille. Il est important de cultiver l’espoir: évitez les discours fatalistes ou polémiques (ça ne fait pas de bien, même aux adultes!). Mieux privilégier l’idée de l’engagement: « Si tout le monde fait bien sa part, la situation reviendra bientôt à la normale ». Si l’enfant pose des questions auxquelles les parents ne savent pas répondre avec certitude, la bonne chose à dire est: « Demandons à ton pédiatre, on lui envoie un message aujourd’hui et nous lirons la réponse ensemble ».

Accueillir la peur

Si l’enfant semble malgré tout préoccupé et effrayé, ou s’il exprime directement la peur de tomber malade, avant d’essayer de le rassurer avec des discours « scientifiques », accueillez ses émotions: il est naturel, lorsque quelque chose sort de l’ordinaire, de se sentir préoccupé et effrayé. Ensuite, vous pouvez lui expliquer que notre corps sait se défendre, qu’il y a à l’intérieur énormément de petits soldats capables de combattre les germes… même les germes encore plus méchants que ceux qui circulent en ce moment. Vous pouvez lui dire que son médecin saura néanmoins lui donner les bons médicaments pour le faire guérir s’il tombe malade, et que tout ce qu’il entend et voit autour de lui sert justement à cela: éviter que les enfants, les parents et les grands-parents tombent malades. Donc, chacun doit faire sa part: lavons-nous les mains!

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Avatar de Julie Ménard
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