Comment vaincre la peur du noir de son enfant : conseils et astuces efficaces

Tout comme les autres peurs, la peur du noir fait partie des mécanismes que l’être humain possède pour vivre pleinement sa vie. Mais comment aider les enfants à faire face à cette crainte ?

La peur du noir est l’une des plus répandues chez les enfants. Dans cet article, nous examinerons ses origines, les actions qui peuvent être les plus efficaces dans ces situations, ainsi que le rôle que peut jouer l’adulte pour accompagner un enfant ou une enfant qui traverse cette émotion au quotidien.

Souvent, en tant que parents, nous aimerions éloigner la peur du noir de nos enfants. Peut-être que le plus beau cadeau que nous pourrions leur offrir, c’est plutôt de chercher à comprendre le sens et la valeur de cette émotion, en adoptant des comportements qui favorisent l’accueil plutôt que la minimisation. Il s’agit de faire en sorte que l’enfant ou la enfant se sente compris, protégé.e et encouragé.e dans ses ressentis.

À quoi est due la peur du noir chez les enfants ?

Comme pour les autres peurs, la peur du noir appartient à ce qu’on peut appeler un “kit d’outils” innés que l’être humain possède pour vivre en sécurité. Tout mécanisme inné présent en nous a, d’une certaine façon, une utilité et une valeur – même cette peur du noir.

Du point de vue de l’évolution, cette crainte trouve ses racines dans la nécessité de surveiller les dangers. En effet, durant le sommeil nocturne, il n’est plus possible de fuir, de se défendre ou d’attaquer en cas de menace. Les prédateurs en sont pleinement conscients, et beaucoup privilégient la chasse à la nuit tombée. Pour un jeune humain, contrairement à de nombreux animaux, il est essentiel d’être protégé et pris en charge très longtemps avant de devenir autonome. Assurer la proximité d’un adulte constitue donc une stratégie de survie, permettant à l’enfant ou à l’enfant de réduire les risques.

Il n’est pas surprenant que la peur du noir ait tendance à disparaître dès que l’enfant retrouve la présence physique et émotionnelle d’un adulte rassurant, capable de lui faire sentir qu’il ou elle est à l’abri des dangers que l’obscurité pourrait dissimuler. Ce que la majorité des enfants demandent souvent aux adultes, ce n’est pas d’éliminer le noir, mais plutôt de rester accessibles, de tenir compagnie, d’être à leurs côtés et de rassurer face à l’absence de danger potentiel dans l’environnement sombre.

Ce sujet se relie étroitement à celui des compétences nécessaires pour que l’enfant puisse faire l’expérience de cette peur. Absent dans les premières semaines puis mois de vie, ce sentiment s’installe dans le quotidien de l’enfant lorsque son cerveau est suffisamment développé pour comprendre le mécanisme de séparation et pour engager des processus imaginatifs. En général, c’est à partir de deux ans que cette crainte commence à faire sa place.

Mais pourquoi les enfants ont-ils peur du noir ? On pourrait avancer que cela dépend fortement du bagage de compétences que l’enfant construit progressivement. En d’autres termes : tant que l’enfant ne comprend pas tout à fait ce que signifie la séparation de l’adulte ou qu’il ou elle ne perçoit que ce qui est visible – c’est-à-dire la réalité immédiate – cette peur n’est pas encore présente.

Lorsque, au contraire, l’enfant commence à réaliser qu’il ou elle peut être séparé.e d’un adulte et doit faire face seul.e à de potentielles situations de danger, et qu’il ou elle peut imaginer ce qui pourrait se cacher dans l’obscurité, la peur du noir devient alors une émotion accessible et compréhensible.

Quand disparaît la peur du noir chez les enfants ?

Le syndrome de la peur du noir est typique de l’enfance et constitue une étape que la majorité des enfants traverse de façon naturelle. Cependant, la période à laquelle cette peur s’atténue n’est pas universelle : elle varie énormément d’un enfant à l’autre, tout comme la façon dont la peur apparaît ou sa durée.

En général, cette crainte apparaît entre deux et cinq ans, lorsque le développement cognitif permet à l’enfant d’imaginer ou de prévoir des événements futurs. À ce stade, l’enfant commence à s’inquiéter de ce qui pourrait arriver, et la nuit, en l’absence de stimuli visuels, il ou elle se retrouve privé.e des repères habituels qui l’aident à se sentir en sécurité. Sans la vue, que nous utilisons quotidiennement pour nous orienter, l’enfant peut facilement confondre une ombre avec un fantôme ou un meuble avec un monstre impressionnant.

Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que l’intensité de la peur ressentie par l’enfant n’est pas tant liée à la dangerosité réelle de la situation, mais plutôt à la sensation d’être seul face à cette menace. La façon dont l’enfant ou la enfant surmonte cette peur devient alors une confirmation du lien qu’il ou elle entretient avec l’adulte qui l’a soutenu.e, tout comme une étape dans la construction de sa confiance en lui/elle-même et de son estime de soi.

En apprenant progressivement à avoir moins peur du noir, l’enfant acquiert aussi de nouvelles connaissances sur le monde, sur lui ou elle-même, et sur ses ressources personnelles ou celles que peuvent lui offrir ses proches. Ces apprentissages ne se limitent pas au moment précis où la peur est à son paroxysme, mais peuvent aussi avoir lieu tout au long de la journée, dans différents contextes.

Une petite veilleuse, l’utilisation de mots rassurants et d’un ton apaisant au moment du coucher, ou encore la discussion lors du petit-déjeuner sur la peur ressentie la veille sont autant d’occasion pour l’enfant d’intégrer cette expérience de façon constructive. La création de situations dans la journée, comme un jeu d’ombres ou une chasse au trésor à la tombée de la nuit avec une lampe de poche, permet de moduler la perception du danger potentiel, en rendant l’obscurité moins menaçante pour l’enfant.

Comment faire face à la peur du noir ?

Il n’existe pas de recette miracle pour chasser la peur du noir ou des solutions toutes faites qui fonctionneraient dans toutes les situations ou pour tous les enfants. En effet, chaque enfant, chaque famille a sa propre histoire, son contexte, ses règles, ses habitudes. Il est donc impossible d’imposer une seule méthode universelle pour accompagner un enfant ou une enfant face à cette peur.

Comme mentionné précédemment, la durée et l’intensité de cette peur varient, tout comme la façon dont on peut accompagner un enfant dans cette étape de son développement. La première démarche que nous pouvons faire en tant que parent.e.s concerne la manière dont nous communiquons avec eux/elles au sujet de leurs craintes.

Dire à un enfant qu’il ou elle doit “résoudre” la peur du noir est très différent de lui faire comprendre qu’on souhaite connaître cette peur ou simplement l’accompagner. Dans le premier cas, la peur est perçue comme un ennemi qu’il faut combattre, un obstacle à dépasser, un problème à éliminer. Cette vision de la peur nous pousse à adopter une posture de combattant ou de guerrier, convaincu.e que la victoire est obligatoire.

Le message involontairement adressé à l’enfant, c’est que cette peur ne devrait même pas exister ou, si elle apparaît, il faudrait vite la faire taire. Modifier notre manière de parler de cette peur, en évitant de la minimiser ou de la ridiculiser, et en privilégiant des termes comme “écoute” ou “connaissance”, peut sembler anodin. Pourtant, ce changement de regard peut tout transformer.

Cela consiste à redonner à l’enfant ou à l’enfant une vision de la peur comme un élément naturel, présent en chacun de nous, et comme une source d’informations précieuses – sur notre corps, nos ressources intérieures, nos proches, notre environnement, etc. Utiliser des mots nouveaux et plus nuancés permet d’ouvrir un espace d’apprentissage positif face à cette émotion.

Ce changement de vocabulaire constitue la première étape d’un processus plus global, qui suppose aussi de mettre en place des actions concrètes pour accompagner l’enfant lorsque la peur surgit, notamment :

  • Structurer une routine régulière pour le coucher, afin de favoriser un endormissement plus serein ;
  • Éviter les transitions brutales d’un espace très éclairé à une obscurité totale, en se reposant par exemple sur une veilleuse dans la chambre ;
  • Limiter l’exposition des enfants à des contenus audiovisuels avec des scènes nocturnes ou effrayantes ;
  • Ne pas faire de l’obscurité le contexte de futurs événements négatifs ou incontrôlables (“Si tu ne ranges pas, la fée des rêves viendra t’emmener cette nuit !”);
  • Présence physique rassurante, dont la proximité pourra peu à peu diminuer à mesure que l’enfant gagne en confiance ;
  • Lire des histoires illustrées sur la thématique, pour favoriser le dialogue et apaiser les inquiétudes ;
  • Réfléchir avec l’enfant ou l’adolescent sur ses peurs passées, leurs stratégies d’aide, et renforcer ses compétences face à l’émotion ;
  • Proposer des techniques d’auto-rassurance, telles que des exercices de relaxation, la visualisation d’images positives, ou des exercices de respiration profonde.
Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
Laisser un commentaire

3 × 3 =