Fin dalla nascita il bambino è un essere attivo, interessato a sé e al mondo che lo circonda e capace di prendere iniziative. A noi adulti il compito di offrirgli il tempo e le possibilità per essere a tutti gli effetti non oggetto ma soggetto interlocutore nell’ambito della relazione educativa
Le mouvement représente pour le bébé bien plus qu’un plaisir fonctionnel: c’est un besoin vital. En ayant la possibilité de bouger librement, le tout-petit prend conscience de lui-même et de son corps — qu’il apprend à maîtriser — et peut connaître et s’orienter dans son environnement. Comme nous l’enseigne Maria Montessori, par ailleurs, le développement moteur et celui de la pensée sont intimement liés et dépendants l’un de l’autre: sans l’un, l’autre ne peut exister, et un enfant qui ne peut exercer ses mouvements reste privé de la possibilité de réaliser d’autres conquêtes tout aussi importantes. Mais comment, chez l’être humain, se construit cette faculté complexe et aussi extraordinaire? Quels sont les facteurs qui facilitent l’accès du enfant à l’acquisition progressive des mouvements et quelles, au contraire, les conditions qui risquent d’entraver ce développement?
Le rôle de l’adulte
A partir de la première moitié du XXe siècle, la pédiatre hongroise Emmi Pikler a mené des recherches pionnières dont les résultats sont aujourd’hui confirmés par les plus récentes études neuroscientifiques sur le développement moteur. Chargée en 1946 par le Ministère de la Santé hongrois de diriger l’Institut de méthodologie de l’éducation et des soins à la petite enfance, lieu d’accueil pour les enfants de 0 à 3 ans orphelins de guerre, Pikler eut l’opportunité de conduire des analyses scientifiques et précises du développement moteur infantile dans des conditions de liberté, arrivant à définir un paradigme éducatif absolument révolutionnaire pour l’époque (et en grande partie encore aujourd’hui). Ses observations aboutissaient à une conclusion claire: l’intervention directe de l’adulte dans les premières phases du développement moteur — par exemple mettre l’enfant en position assise ou debout, ou le faire marcher — ne représente pas une condition préliminaire à l’acquisition de ces habiletés. Si placé dans un environnement physique sûr et proportionné et dans la possibilité de compter sur une relation de confiance avec ses référents (parents ou personnes qui s’occupent de lui), l’enfant est parfaitement capable, selon son rythme, de construire l’ensemble de la gamme des postures et mouvements, passant progressivement de la position horizontale à la verticale, sans aucun besoin d’interventions externes.
Au lieu de se substituer à l’enfant et d’interférer dans son développement, l’adulte devrait plutôt veiller à construire avec lui une relation affective significative et imprégnée de respect et de confiance dans ses possibilités. Centrale est aussi la prise en compte de l’environnement, qui doit permettre à l’enfant d’être actif et d’agir sereinement, se sentant à l’aise et en totale sécurité. Une attention particulière, par exemple, concernera l’habillement: plutôt que de se conformer passivement aux diktats de la mode infantile, privilégier des vêtements qui entravent le moins possible les mouvements, laissant une liberté de mouvement à la tête, au cou, aux bras et au torse. En général, durant les heures où ils sont éveillés, et selon la météo, il est conseillé que les bébés portent uniquement le nécessaire.
Trotteur et instruments de contention
Autre point central de la proposition éducative piklérienne est le refus total de tout instrument de contention, comme le fameux trotteur. Il est vrai que l’enfant s’y habitue presque aussitôt, donnant une impression de bien-être, mais en réalité de nombreuses recherches récentes démontrent que de tels soutiens présentent une série d’inconvénients pour le développement moteur. Ceux-ci, en effet, empêchent de bouger facilement la tête et limitent souvent le mouvement des jambes. Le trotteur, s’il est utilisé durant les premiers mois de vie, oblige l’enfant à rester droit à un moment où la musculature de son dos est encore immature; par conséquent, la tendance sera celle de « s’affaisser ». Outre l’empêchement d’un entraînement correct de la musculature, le trotteur interfère également dans le développement de l’équilibre, de la marche (l’enfant habitué au trotteur tend souvent à marcher sur la pointe des pieds, au détriment de la capacité à se maintenir en position verticale) et de la « capacité de tomber » (le trotteur perturbe en effet le développement et la maturation des « réactions parachutistes »).
Malgré ses effets négatifs sur le développement qui sont largement documentés et dont l’utilisation a même été interdite dans certains pays (par exemple au Canada), le trotteur demeure malheureusement encore largement répandu. Lorsque l’enfant est éveillé, donc, le meilleur choix est de le placer en position dorsale sur une surface suffisamment dure, ce qui lui permettra de bouger librement sans contraintes. À partir de cette position, ce sera à lui, une fois le système neuromusculaire mature, de s’employer pour adopter de nouvelles postures (se tourner sur le côté, rouler, se mettre sur le ventre et effectuer quelques « exercices de temps sur le ventre »).
Un nouveau regard sur le bébé
Il n’est donc pas vrai que la caractéristique principale du nourrisson soit l’inactivité, et il n’est pas nécessaire que ce soit l’adulte qui le mette dans telle ou telle position ou l’incite à accomplir un mouvement qu’il n’a pas encore réalisé de son initiative: « Tourner l’enfant sur le ventre, le mettre assis ou debout, le faire marcher, quel que soit le prétexte — en le forçant ainsi à rester dans ces positions avec peu de souplesse, avec un équilibre musculaire et tonique désorganisé, le tenant partiellement ou totalement immobilisé et l’empêchant ainsi d’atteindre des formes de mouvement de plus en plus élaborées, à une initiative autonome, avec ses essais, avec l’exercice habile de nombreux mouvements intermédiaires, avec une bonne coordination et un équilibre juste, en essayant seulement ce mouvement pour lequel il se sent le plus en sécurité — cette pratique, disions-nous, non seulement ne favorise pas le développement de l’enfant, mais lui est même nuisible» (citation tirée de Pour une croissance libre d’Emmi Pikler).
Une telle perspective exige de l’adulte un travail profond sur soi, visant à déconstruire la conviction (encore profondément ancrée culturellement) selon laquelle, sans son aide, l’enfant ne peut progresser dans le développement. Il est clair, nous rappelle Pikler, que le petit enfant de quelques jours, quelques mois (voir nos articles sur l’étape des 4 mois et sur l’étape des 7 mois) ou quelques années est totalement dépendant des autres pour sa survie, mais il est fondamental que, même dans cette situation de dépendance, nous nous efforcions de faire en sorte qu’il puisse être le protagoniste de son propre parcours de croissance et de sa situation éducative.
Le concept a désormais supplanté l’idée du passé selon laquelle le nourrisson serait un être pour qui l’inaction prima; dès la naissance, l’enfant est un être actif, intéressé par lui-même et par le monde qui l’entoure, et capable de prendre des initiatives. Il appartient donc à nous, adultes, d’offrir le temps et les possibilités pour qu’il soit, dans le cadre de la relation éducative, non pas un objet mais un sujet interlocuteur.