Devenir maman : guide pratique pour anticiper les attentes et gérer ses peursparentales

La décision de devenir maman propulse la future mère dans l’un des univers les plus imprévisibles qui soient. C’est une étape qui bouleverse profondément la vie et son futur, et il est essentiel d’apprendre à gérer l’anxiété pour préserver la qualité de vie de la maman à venir et de sa famille. Essayons de comprendre comment il est possible d’éviter que cette anxiété ne devienne un obstacle.

Aujourd’hui, contrairement à il y a quelques décennies — la pilule contraceptive ayant été légalisée en France en 1972 — faire le choix de devenir mère est une démarche presque systématiquement consciente. Ce choix si personnel est précédé d’une réflexion approfondie, d’échanges et d’évaluations des avantages et des inconvénients d’un événement qui va survenir dans un avenir incertain. C’est ainsi que toutes nos décisions se construisent : en imaginant un futur où l’incertitude est une composante incontournable.

Le projet de maternité nous plonge dans un avenir dont la seule certitude est son imprévisibilité. En jeu, il y a le corps de la femme — qui ne sera plus le même qu’au moment où le désir de devenir mère, purement un projet, se concrétise. Il va changer, traversé par des sensations inconnues, par une intimité profonde liée à la vie qui grandit en elle, par l’engagement de l’accouchement, puis par le contact avec le nouveau-né, sa fragilité, sa totale dépendance aux soins de la mère. Tout cela peut faire naître des émotions inédites, ou tout au moins ressenties avec une intensité nouvelle, comme la peur ou l’anxiété d’être une bonne mère.

Faire face aux angoisses et craintes liées à la maternité

Quelles sensations evoque le fait de devenir mère ? L’une des plus courantes, c’est sans doute l’angoisse, ou plus largement ce sentiment d’inquiétude qu’un psychanalyste, Donald Winnicott, appelait « préoccupation maternelle primaire » : cette attention accrue, presque douloureuse par moments, à son propre corps et à ce qu’il contient. Post-partum, cette attention se portera naturellement aux signaux envoyés par le bébé, ce qui a une fonction essentielle : instaurer une relation de soin, vital pour la survie de l’enfant.

Autrement dit, il est tout à fait normal que les futures mamans aient des doutes, des insécurités ou des peurs, et les minimaliser en affirmant « Ce ne sont que des angoisses excessives… » est simpliste et peu aidant.

Il ne faut pas croire que toutes les femmes enceintes soient égales face à l’angoisse : certaines la vivent moins intensément, ou moins fréquemment. Toutefois, même pour elles, la crainte de paraître irresponsables, superficielle ou disattentives demeure une perception négative non négligeable.

Alors, comment éviter que cette anxiété ne nuise à la qualité de vie de la femme enceinte et de son entourage ? Par exemple, le fait de s’informer davantage, peut-il agir comme un rempart contre les peurs ?

Information et infodémie

L’expression « infodémie » est devenue courante surtout depuis la pandémie de Covid-19. Elle désigne la propagation massive d’informations, souvent non vérifiées ou erronées, qui rend difficile le processus de discernement sur un sujet précis. Chercher à apaiser ses inquiétudes en accumulant des données, en particulier via internet, peut paradoxalement engendrer un surplus d’informations, rendant difficile l’identification de ce qui est fiable ou non.

Les personnes qui lisent cet article ont sans doute choisi cette source — Uppa — pour plusieurs raisons, mais notamment pour sa transparence : les informations proviennent de professionnels identifiables, dont la compétence est facilement vérifiable. Pourtant, il existe une multitude d’autres sources d’information, souvent peu vérifiées, qui diffusent des conseils, des opinions, voire des recommandations sur des sujets aussi sensibles que la grossesse et la maternité.

Quand nos comportements ont un impact direct non seulement sur la santé du futur enfant, mais aussi sur le bien-être psychologique de la mère, il est primordial de se prémunir contre la tentation de s’évader sans arrêt dans des blogs, des groupes sociaux ou auprès d’influenceurs. Alors, quels principes suivre ?

  1. Une expérience personnelle, aussi intéressante soit-elle, n’est pas une vérité à prendre comme référence. Ce qui commence par « Moi, ça m’est arrivé que… » ne constitue pas une information fiable pour prendre des décisions. Au contraire, cela peut nourrir une recherche sans fin, avec des angoisses croissantes, car vous retrouverez toujours des témoignages opposés ou différents.
  2. Consultez un professionnel compétent, qui connaît votre histoire médicale et votre parcours de grossesse : gynécologue, sage-femme, médecin traitant. Vos questions, vos doutes et vos craintes doivent être discutés directement avec lui ou elle.
  3. Essayez de limiter la recherche d’informations sur tous les sujets : alimentation, sommeil, activité sexuelle ou pas, sport ou pas, risques présents ou potentiels pour vous et votre bébé. Rappelez-vous que cette tentation naît du désir de tout contrôler, alors que la vie, notamment la parentalité, est traversée d’incertitudes et de complexités qui ne peuvent totalement être maîtrisées.

La médicalisation de la grossesse

La peur de l’imprévu conduit également à une tendance récente : la croyance qu’il est possible de réduire l’incertitude — et surtout les risques futurs — par une médecine interventionniste poussée. Examinations, tests, contrôles systématiques dès le moindre signe suspect : c’est une spirale qui peut devenir vicieuse. Plus on réalise d’examens, plus la probabilité que quelque chose sorte des normes établies augmente, ce qui pousse à faire toujours plus de tests.

Ce n’est pas une incitation à la laisser aux mains de la nature, mais plutôt à retrouver une confiance accrue dans la capacité du corps féminin à mener à bien sa tâche. La normalité de la grossesse et du corps féminin doit être valorisée à nouveau.

Le conseil ici consiste à consulter un professionnel capable de limiter le nombre d’examens aux nécessaires, de partager avec vous les décisions relatives à leur fréquence, et de vous accueillir avec empathie face à vos inquiétudes, sans les ridiculiser ni vous faire croire que tout problème doit forcément être médicalisé pour être résolu.

Un facteur de protection : la relation de couple

La maternité s’épanouit et se construit dans la relation de couple. La participation du partenaire ou de la partenaire dans le suivi de la grossesse est essentielle non seulement pour aider à apaiser les angoisses de la femme, mais aussi pour commencer à tisser la relation avec le futur bébé, qui, en tant que « diade », restera un lien indissoluble pour plusieurs années encore après la naissance.

Concernant le père, sa participation, aujourd’hui plus courante qu’auparavant, doit être encouragée et valorisée. Il y a parfois la tentation de créer un espace exclusivement féminin — avec les futures grands-mères, sœurs, amies — où circulent expériences, conseils, souvenirs et recommandations. Mais, même si cela peut sembler rassurant, le regard du père, souvent qualifié d’« œil latéral », joue un rôle crucial dans toute l’expérience de la maternité. Bien qu’il ne puisse pas vivre la grossesse comme la femme, son regard, sa présence et son soutien constituent une base essentielle pour une parentalité active et partagée.

Entretenir une relation de couple saine pendant cette période, c’est aussi partager ses angoisses, ses doutes, ses moments de crise. C’est peut-être une première fois pour certains, ou un approfondissement de la relation qui était déjà riche en projets, en joie, en passion. La parentalité est un tournant majeur : elle amène la relation de couple à mûrir, à apprendre à soutenir l’autre dans ses moments de fragilité, de doute ou de peur. Même si vous traversez des périodes d’incertitude similaires, il est crucial de parler, d’écouter et de se soutenir mutuellement.

Ce chemin, celui des parents, dure toute la vie, et il est bien plus facile de le parcourir ensemble si l’on apprend dès le départ à communiquer sincèrement, à partager ses sentiments et ses inquiétudes. Le voyage a commencé, et il se fait à deux, avec l’enfant à venir. Un peu d’anxiété est naturel — c’est même normal.

Et qu’en est-il des mamans célibataires, que ce soit par choix ou par circonstances ? La meilleure attitude est d’entourer la future maman de proches solides, en nombre limité, pour éviter de se laisser envahir par une multitude de conseils ou d’aides parfois mal adapté au moment intime qu’est la maternité. L’essentiel, c’est que cette étape soit un temps de relations sereines et conviviales, un espace où l’on peut accueillir l’angoisse sans la nier, comme une composante naturelle de cette aventure humaine unique.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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