École en période de pandémie : surmonter les défis de l’enseignement à distance

En ces jours, enfants et adolescents expérimentent une nouvelle forme d’école à distance. Voyons comment créer les meilleures conditions pour garantir à chacun la possibilité de continuer à étudier sans stress et sereinement.

Le système d’enseignement à distance prévu pour les élèves n’est pas encore pleinement en place, mais les parents se posent déjà mille questions sur les problèmes à résoudre dans la gestion du quotidien. Partons des situations « optimales » : à la maison, on dispose d’au moins deux terminaux, un ordinateur et un téléphone portable, ou un ordinateur et une tablette, et ainsi de suite. Il peut y en avoir davantage. Quoi qu’il en soit, les outils technologiques nécessaires existent. Mais…

Problème numéro 1 : l’espace

Comment créer pour l’enfant un espace quelque peu protégé, qui le mette à l’abri des bruits et lui permette de garder la concentration nécessaire pour suivre les cours en ligne ?
Si l’on imagine une situation idéale, on pense à une pièce, peut-être partagée avec un frère ou une sœur. Mais la réalité de nombreuses familles n’est pas aussi favorable. Et alors ?
La perception d’un espace personnel, protégé, qui favorise l’attention et la concentration, passe aussi par des signes visuels. Avec un peu d’imagination et l’aide de l’enfant, il sera possible de dresser son « bureau d’école », séparé par des parois en carton, peut-être personnalisées avec des dessins ou des bandes adhésives colorées, sur lesquelles l’enfant pourra aussi coller des annotations, des notes, des phrases, etc.

Dans une situation inévitablement encombrée par la vie domestique – tout le monde dans le même espace et tout au long de la journée – le besoin d’espaces personnels, à l’abri de l’intrusion du petit frère ou de la petite sœur qui réclame l’ordinateur, devient fort. Veiller à ce qu’une leçon reste une simple activité demande bien plus d’effort, et la tentation de céder à la distraction est grande.

Quel est, dans ce cas, le rôle des parents ? Mieux vaut veiller à ce que l’enfant reste attentif, qu’il ne se laisse pas distraire, qu’il exécute ce qui lui est demandé pendant la leçon, peut-être en l’aidant un peu ?

En règle générale, l’école en ligne devrait être considérée à tous les égards comme une école : un temps de relation de l’enfant avec l’enseignant et avec ses camarades, exactement comme s’il était en classe. Aux parents dans cette situation particulière revient la tâche de garantir, dans la mesure du possible, un cadre favorable au maintien de l’attention, sans intervenir dans ce que fait l’enfant, sauf en cas extrême, par exemple si l’enfant abandonne de façon spectaculaire l’activité. Et ici aussi il sera utile de se demander ce qui a rendu difficile le maintien du temps de concentration requis, et d’élaborer avec l’enfant des solutions qui pourraient l’aider.

Problème numéro 2 : le temps

Beaucoup d’enseignants compétents et bien préparés le disent clairement : nous apprenons à utiliser un nouvel outil, il faudra des essais, des adaptations, des améliorations en cours de route. Et l’une des questions qu’ils se posent est la suivante : pendant combien de temps un adolescent de 11-12 ans peut-il maintenir un haut niveau d’attention pendant une leçon en ligne ? Un enfant de 8 ans ? Un adolescent plus âgé ? Comment construire les leçons pour maintenir l’attention vive ?

Est-ce un problème uniquement pour les enseignants ? Je crois que, en ce moment, la collaboration des parents les plus disponibles, les plus proches de leurs enfants, sera d’une grande importance : ceux qui peuvent le faire devraient observer les enfants dans ces phases initiales, recueillir leurs impressions, leurs difficultés, et maintenir un échange constructif avec les professeurs, afin de signaler ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien, quels problèmes et difficultés imprévus apparaissent, quelles modalités ils ont trouvées pour les surmonter.

Problème numéro 3 : l’organisation familiale

Il faut bien entendu organiser l’utilisation des ordinateurs, tablettes et smartphones disponibles dans la famille afin de permettre à chacun de mener ses activités : le travail des parents, les études des enfants, mais aussi les moments de divertissement et les échanges sociaux. Dans une telle situation, chaque demande peut devenir source de conflit : « Il me faut l’ordinateur, je dois faire une recherche », « Mais je dois rendre mes devoirs dans une demi-heure », « J’attends un appel vidéo du bureau… »

S’organiser signifie aussi réguler d’une manière ou d’une autre les rythmes individuels et familiaux. Les risques du soi-disant télétravail, et probablement aussi de l’école en ligne, sont d’effacer la différence entre le temps du travail ou des études, le temps des activités personnelles et récréatives (lecture, musique, contacts sociaux, simple oisiveté) et le temps des tâches domestiques coopératives (cuisiner, ranger, faire les courses). Le sommeil peut même en être affecté : dans une situation trop désorganisée, le rythme veille-sommeil perd souvent sa régularité.

Parler d’organisation peut faire peur : même à la maison ? En famille ? Mais à un moment où les habitudes de vie habituelles ont été annulées – sortir, aller à l’école ou au travail, rencontrer les amis ou aller à la salle de sport ou à un cours de musique, faire les courses, se promener, rentrer à la maison, etc. – l’absence de règles oblige à un excès de moments décisionnels partagés et risque de devenir une source de stress et de malaise tant pour les parents que pour les enfants.
Il peut être utile d’élaborer un emploi du temps prévoyant les heures d’école à distance, les heures des repas et les périodes de repos, de jeu, d’activités musicales, de lecture; les heures pendant lesquelles les devoirs sont réalisés si nécessaire.

Il est aussi utile de définir les moments de la journée où les parents sont présents et/ou disponibles pour aider l’enfant dans ses études et ceux où ils ne peuvent pas être dérangés, car eux aussi travaillent ou se reposent, discutent, font autre chose. Cela rend le temps qui paraissait soudainement figé moins « liquide », nous obligeant à partager des espaces qui auparavant l’étaient uniquement à des heures bien précises; cela crée une « structure » rassurante pour les enfants mais aussi pour les adultes, réduit les risques d’ennui improductif, de démotivation; maintient les activités et la créativité.
Activités et créativité qui peuvent être utilisées aussi pour un objectif très important, et en ce moment vraiment indispensable : la solidarité.

Solidarité et partage

Nous avons évoqué des situations favorables. Mais quelles sont les autres ? Plus de 15 % des enfants italiens vivent dans un foyer sans accès à Internet, parce qu’il n’y a pas d’ordinateur, parce que s’il y a un téléphone portable il est utilisé par les adultes pour le travail, et dans tous les cas il ne peut pas être laissé entre les mains du jeune pendant de longues périodes. Parce que la connexion est insuffisante. Parce que les conditions de vie ne permettent même pas ce minimum de protection qui permettrait à l’enfant de suivre les cours avec un peu de tranquillité.

Les écoles se sont déjà mobilisées pour vérifier la disponibilité des outils technologiques dans les familles. Celles qui disposent d’un studio ou qui travaillent dans le domaine informatique pourraient, à leur tour, vérifier les outils peut-être un peu dépassés qu’elles possèdent chez elles, les mettre de côté, les mettre à disposition des écoles.

Mais surtout la solidarité, c’est l’attention portée à la difficulté des autres : personne ne devrait être laissé pour compte, chaque parent devrait s’engager et mettre son enfant en capacité d’aider ses camarades qui rencontrent des difficultés à utiliser l’enseignement à distance. Revoir ensemble les devoirs au téléphone, donner des conseils techniques à ceux qui peinent à utiliser la plateforme informatique, mettre à disposition un peu de son temps, un peu de ses compétences, pour transformer la fermeture imposée des foyers en ouverture et en partage. À distance, mais avec chaleur.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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