La célèbre invasion des pieuvres en Angleterre

La Bretagne et la Normandie constituent les deux grandes régions les plus à l’ouest de la France, et toutes deux tirent une part importante de leur économie de la pêche, non seulement du poisson mais surtout des crabes, des crevettes et d’autres crustacés. C’est à partir de ce printemps que des nouvelles inquiétantes en provenance de ces côtes se font entendre pour les pêcheurs, comme l’ont raconté certains d’entre eux : ils ont découvert que leurs casiers n’avaient même pas un seul crabe, bien que ce fût la saison. À leur place, des centaines et des centaines de poulpes.

Quels poulpes ? Poulpes communs, Octopus vulgaris, les mêmes que l’on retrouve dans la Méditerranée: ils aiment les eaux chaudes et la limite nord de leur aire de répartition effleure à peine les eaux anglaises. Ou plutôt la frôlait: l’augmentation de la température de l’eau les pousse de plus en plus vers le nord. Déjà ces dernières années, les signalements en Angleterre s’étaient multipliés, restant toutefois dans le cadre de l’exceptionnalité. Cette année, en revanche, les poulpes sont arrivés en masse.

Gros gains… Les histoires racontées par les pêcheurs de Brest et de Douarnenez en Bretagne sont très similaires. D’abord les casiers vides; puis, quelques semaines plus tard, des centaines de poulpes qui se retrouvent piégés; enfin, la découverte de coquilles rongées et d’autres restes de crustacés.

La seconde phase est celle qui a fait bon espoir aux pêcheurs, au moins pendant un certain temps : la chair de poulpe se vend à environ 8 euros le kilo, et certains pêcheurs ont augmenté leurs revenus de plus de 10 000 euros par semaine. Pour donner une idée des volumes, entre janvier et août, seulement dans les ports bretons de Brest et Douarnenez, environ 12 000 tonnes de poulpes ont été vendues.

… Et gros problèmes. Le problème réside précisément dans les restes d’animaux trouvés près des casiers. Les poulpes sont des prédateurs voraces: ils aiment manger les crabes, les langoustines et d’autres crustacés, en somme, ils entrent en concurrence avec les pêcheurs, en plus du fait qu’en telle quantité ils exercent un impact non négligeable sur l’écosystème. Certains des travailleurs en Bretagne et en Normandie rapportent que leur « récolte » s’est réduite de moitié, et risque de chuter jusqu’à 80 % d’ici la fin de l’année.

Écosystème endommagé. L’autre problème, encore plus important, est que cette « invasion » est probablement loin d’être terminée. La mer autour des côtes bretonnes et normandes est au cœur d’une vague de chaleur qui dure depuis au moins 18 mois, et qui pourrait être à l’origine de l’explosion estivale des poulpes.

Et les températures ne sont certainement pas destinées à baisser, au contraire: le risque est que les poulpes entraînent un déclin rapide de l’industrie de la pêche sur le littoral ouest.

Ensuite, il faudra aussi envisager les dommages éventuels pour l’écosystème…

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Avatar de Jerry Guirault
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