Les enjeux du accord douanier entre l’Union européenne et les États-Unis : quelles répercussions pour l’économie française et ses consommateurs ?
Le compromis douanier conclu entre l’Union européenne et les États-Unis continue de faire beaucoup de bruit. Bien que tous les détails ne soient pas encore finalisés ou communiqués, certains effets tangibles commencent à se dessiner. Quelles seront les conséquences pour l’économie française – et pour ses consommateurs ?
Les enjeux du futur tarifaire sur l’automobile en France ne se limitent pas à la simple question : les voitures américaines vont-elles devenir moins chères ? Pour la majorité des importations européennes aux États-Unis, un tarif de base de 15 % a été convenu. Cela pourrait entraîner des répercussions économiques dans plusieurs secteurs, avec des effets potentiellement nombreux et variés.
Certains produits pourraient voir leur prix augmenter
« La principale information pour les consommateurs français, c’est qu’avec ce nouvel accord, il n’y aura pas, pour l’instant, de représailles tarifaires européennes visant les biens en provenance des États-Unis », explique Andreas Baur, spécialiste à l’Institut für Weltwirtschaft de Kiel, dans une interview accordée à l’agence de presse dpa. Ces mesures de rétorsion, si elles étaient adoptées, entraîneraient une hausse des prix pour certains produits américains importés mais cela ne semble pas être le cas actuellement.
Il demeure encore incertain dans quelle mesure cet accord impliquera réellement une baisse des droits de douane européens sur les produits américains. Selon un document du gouvernement américain relatif à l’unification douanière, il est indiqué que l’Union européenne supprimerait complètement ses taxes sur les biens industriels en provenance des États-Unis. « Cela pourrait faire baisser le prix des produits américains en France », précise Baur. Toutefois, il faut noter que, pour l’instant, les taxes sur ces produits sont déjà relativement faibles.
Ce que cela signifie pour les acheteurs de voitures
Selon des experts, les consommateurs français pourraient bénéficier de cette mise en accord douanière entre l’UE et les États-Unis. En particulier, les SUV produits par des constructeurs allemands tels que Mercedes ou BMW, qui fabriquent en Amérique du Nord pour exporter vers l’Europe, pourraient devenir moins chers. Jürgen Matthes, économiste à l’Institut allemand du commerce (IW) de Cologne, indique que ces véhicules pourraient voir leur prix baisser. Néanmoins, pour que cette réduction profite réellement au consommateur, il faudrait que les fabricants répercutent ces économies sur les prix de vente.
Le syndicat professionnel français du commerce et de l’industrie (Fédération des Entreprises du Commerce et de l’Industrie) reste toutefois prudent concernant ces hausses ou baisses de prix possibles. « Il ne faut pas s’attendre à des baisses spectaculaires de prix à cause de cette union douanière », selon son président, qui souligne que même si certains droits de douane sur les importations automobiles ont été levés, il reste difficile de prévoir si cet avantage sera réellement transmis aux consommateurs français.
L’impact pour l’économie française : quelle ampleur ?
Selon l’économiste Jürgen Matthes, les taxes américaines sur les importations françaises représentent un « frein conséquent » pour la croissance locale. Elles ont des effets négatifs particulièrement marqués pour les entreprises dépendant fortement du marché américain, comme le secteur de la pharmacie, de l’automobile ou du génie mécanique. Les États-Unis sont le principal partenaire d’exportation pour la France, représentant notamment un quart des exportations pharmaceutiques.
« Un accord peut réduire un peu l’incertitude pour les entreprises – mais les taxes américaines de 15 % nuisent à notre économie », explique Lisandra Flach, directrice du Centre pour l’économie extérieure à Munich. Elle estime que cela pourrait avoir un effet négatif de l’ordre de -0,2 % sur le produit intérieur brut (PIB) français.
Les effets de la taxation sur les exportations françaises
Selon les simulations menées suite à l’annonce de l’accord, la valeur ajoutée dans l’industrie française pourrait diminuer d’environ 1,5 %. Plus concrètement, la vente de produits français vers les États-Unis – comme les voitures ou certains biens de consommation – pourrait chuter de près de 16 %. Même si certaines entreprises pourraient rediriger leurs produits vers d’autres marchés, l’impact global resterait négatif pour les exportations françaises. Ces résultats proviennent d’un modèle économique basé sur la simulation de la situation suite à la signature de cet accord.
« Ce compromis un peu maladroit risque de ralentir la reprise économique, ou la sortie de la récession, » analyse Jandura, président de la Fédération du commerce et de l’industrie. « Les chaînes d’approvisionnement devront s’adapter à ces nouvelles règles, voire délocaliser leur production, mais cela prendra du temps. »
