Le cerveau féminin vieillit moins vite que le cerveau masculin : pourquoi n’est-il pas protégé contre Alzheimer ?

Avec l’âge, le cerveau des hommes perd plus de volume et dans davantage de régions que celui des femmes. Or, les femmes restent toutefois plus exposées au risque d’être diagnostiquées avec la maladie d’Alzheimer.

Avec l’avancement de l’âge, un cerveau masculin sain perd davantage de matière et dans un plus grand nombre de zones cérébrales par rapport à un cerveau féminin sain. C’est ce que soutient une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences: les changements structurels du cerveau liés au vieillissement ne semblent pas expliquer pourquoi les femmes seraient presque deux fois plus sujettes à un diagnostic d’Alzheimer que les hommes.

Imageries en comparaison

Étant donné qu’un vieillissement rapide du cerveau constitue l’un des facteurs de risque les plus importants pour l’Alzheimer, on aurait pu s’attendre à ce que le déclin du cerveau féminin soit plus prononcé dans les zones les plus touchées par cette forme de démence. Mais ce nouveau travail, mené par un groupe de neuroscientifiques de l’Université d’Oslo (Norvège), montre que les pertes de matière grise les plus importantes associées à l’âge se manifestent dans le cerveau masculin.

Les scientifiques ont observé l’évolution dans le temps de la structure du cerveau de plus de 4 700 personnes saines, qui ne souffraient ni d’Alzheimer, ni de déclin cognitif léger, et qui avaient participé comme témoins dans 14 grandes études sanitaires. Au total, 12 500 scans cérébraux réalisés par résonance magnétique (RM) ont été analysés – au moins deux par personne, effectués en moyenne à 3 ans d’intervalle.

Les images ont permis de comprendre, par exemple, comment avait évolué au fil du temps l’épaisseur de la matière grise (le tissu constitué des corps cellulaires des neurones), et si les zones cérébrales les plus touchées par l’Alzheimer, comme l’hippocampe, une structure essentielle pour la mémoire, s’étaient rétrécies.

Le cerveau masculin vieillit plus vite

Généralement, les examens cérébraux des hommes révélaient une réduction de volume plus importante et plus largement répandue que chez les femmes. Comme on le sait, les hommes ont aussi une espérance de vie inférieure à celle des femmes.

La recherche — non dépourvue de limites, notamment celle d’avoir pris en compte des personnes ayant un niveau d’instruction élevé, facteur protecteur du vieillissement cérébral et qui ne s’applique pas nécessairement à la population générale — semble suggérer que la plus grande vulnérabilité des femmes à l’Alzheimer ne réside pas dans la vitesse du vieillissement cérébral, mais dans d’autres facteurs qui les rendent plus susceptibles à cette démence.

Quels autres facteurs ? Le rôle du chromosome X

Dans la plus grande vulnérabilité des femmes face à l’Alzheimer (mais aussi à la sclérose en plaques, et à une forme éphémère de brouillard cérébral qui peut survenir durant la ménopause), pourrait intervenir le chromosome sexuel X, que les femmes possèdent en double copie. Une étude de l’Université de Californie – Los Angeles Health Sciences menée sur des souris et publiée dans Science Translational Medicine a identifié sur le chromosome X un gène qui favorise l’inflammation dans les cellules immunitaires du cerveau, lesquelles, dans leur ensemble, sont appelées les microglies.

Pour le simple fait d’avoir deux chromosomes X, les femelles de souris sont plus exposées à ce processus inflammatoire, et présentent aussi des bénéfices plus marqués lorsque le gène (appelé Kdm6a) et la protéine associée sont inactivés. Les chercheurs californiens ont tenté de silencer pharmacologiquement la protéine codée par le gène à l’aide de la méformine, un antidiabétique qui semble posséder des propriétés anti‑vieillissement.

L’idée est que le gène et son activité inflammatoire soient utiles pour lutter contre les infections pendant l’âge fertile, et qu’ils soient tenus sous contrôle par les œstrogènes, hormones dotées de propriétés anti‑inflammatoires et neuroprotectrices. Avec la ménopause et la chute des œstrogènes, les effets inflammatoires du gène deviennent nuisibles sur le plan neurologique.

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