Mon maître me disait : « ne pas mettre la charrue avant les bœufs », après avoir arpenté (navigué) sur et sous les eaux de FAR Changing Tides, (Chapitre 2), je souhaitais m’aventurer avec FAR Lone Sails (chapitre 1).

Alors on se rassurera, même si l’éditeur reste identique, il n’y a que le développeur qui soit différent et il n’y a pas d’interactivité entre les deux chapitres, sauf que le plaisir de jouer et de s’écarter des chemins banalisés d’un genre bien défini vous emportera encore sur cette aventure envoûtante.

Kyiv, Karkiv, Odessa, ressemble à des cartes postales d’un autre temps, d’une autre époque sombre de notre histoire, désolation impensable à notre ère, et pourtant si réelle, aussi Far: Lone Sails vous prend par la main à la découverte d’une civilisation jadis prospère et démocratique, rasée par la folie d’un homme malade...

Apres vous être recueilli sur la sépulture et jeté un dernier œil à votre maison éventrée, délabrée, martyrisée, qui a bercé votre enfance, vous vous lancez dans une aventure sans lendemain, vous en êtes le maître, votre destin ne tient qu’à un fil et surtout à votre perspicacité..

Far: Lone Sails, vous donne l’occasion de prendre en main, enfin le volant d’un véhicule fait aussi de bric et de broc qui devra affronter les éléments déchainés en faisant fi des obstacles jonchés sur votre route, comme des cadavres après un cataclysmique bombardement à la Poutine.

Tout comme dans Far Changing Tides, Far: Lone Sails vous pousse à toujours aller de l’avant, sans retour possible, porté par les rafales de vent, l’interrogation demeure la même, êtes-vous vraiment le dernier, le seul. ?

Far: Lone Sails demeure aux antipodes du conformisme, un autre voyage initiatique et à la découverte de soi-même, au travers d’une quête riche en rebondissements où nul obstacle ne peut entraver la recherche de la vérité, fût-elle au risque de sa vie.

Si vous avez joué au chapitre 2, Far: Lone Sails ne vous dépaysera pas, vous y (re)trouverez vos marques, tant la similitude du personne et des ses interactions demeurent les mêmes, au point que l’on pourrait penser qu’il n’y a pas d’interruption entre les différents chapitres, au contraire, tout semble bien s’imbriquer pour vous faire vivre une aventure hors du commun.

Par contre ce chapitre 1 a vraiment été codé pour un PC avec le choix entre l’AZERTY et le QWERTY, si bien que la fluidité s’en ressent, les amateurs de manette et autre pad seront contentés, il y a aussi cette possibilité et si je peux me permettre, ce genre de jeu en 2D se joue plus aisément à la manette..

Far: Lone Sails se veut aussi une espèce de réflexion écologique, les vents déchaînés et violents ont laissé place à la sècheresse, à la grêle et à bien d’autres calamités climatiques, vous forçant à quitter votre maison élimé par les éléments, image lugubre d’une jeunesse entachée par la destruction, on comprendra mieux ce que peuvent ressentir les Ukrainiens.

C’est donc à bord de la « Okomotive » (oui je sais, c’est facile comme jeu de mots) que vous quittez veaux, vaches, cochons, fermière et champs cultivés, pour laisser derrière vous la désolation en pensant que droit devant vous, l’herbe sera plus verte, pour tant soit peu qu’une autre terre existe par ce déluge.

L’Okomotive a dans son temps symbolisé le véhicule du moment, démontrant à tout un chacun que l’Age prospère et industrialisé rendrait les gens heureux, aujourd’hui, ce ne sera que votre salut dans un monde perdu, dernier vestige d’une civilisation éradiquée par la folie et l’envie.

Alors, à bord de l’Okomotive, fuitez ce monde et votre ancienne vie, peut-être qu’au bout de l’horizon, il y demeure une terre d’asile, un monde meilleur…

L'intégralité du jeu se joue en 2D, c'est à dire visible d'un côté, et il vous appartient d'échapper à votre ancienne vie maussade à l'aide de votre Okomotive. Elle utilise du carburant que vous trouverez au fur et à mesure de votre progression (elle utilise de la vapeur, mais vous devez également garder les voiles dressées).

L’Okomotive se pilote grâce à l’intervention sur de gros boutons rouges, vidangez la vapeur, alimentez automatiquement le carburant dans le moteur, utilisez l’ascenseur, etc. sans oublier de freiner le cas échéant, le danger risque de vous surprendre si vous vous laissez bercer par le doux murmure du véhicule.

Au cours de ce voyage de la rédemption, il vous sera donné l’occasion de jouer les brocanteurs en customisant votre vaisseau de la route, des espèces de systèmes mécaniques additionnels comme des voiles, bien utiles en cas de pénurie de carburant.

Far: Lone Sails suit les traces de son frère Far Changing Tides, du scrolling 2D où l’impression de rester le pilote du véhicule s’ancre au plus profond de vous-même, si bien que vous allez d’un point « A » à un point « B », tout en sachant qu’il vous faudra prendre soin de votre véhicule qui demande de la maintenance.

Dans ce monde dévasté, les embûches feront partie de votre quotidien, il vous faudra alors jouer les mécaniciens et réparateur afin de vous sortir de situations périlleuses, désembourber la roue motrice et évitez de percuter les obstacles à grande vitesse, les dégâts pourraient être conséquents.

Mais l’on se souviendra que nulle difficulté ne saurait vous stopper dans votre détermination et que nulle énigme ne saurait aussi entraver votre chemin, vous devrez faire appel à une réflexion de bon sens.

Bercé par la bande son plutôt magnifique risque de vous tirer quelques réflexions nostalgiques à vous faire dresser les poils sur les bras, le tout saupoudré de paysages cadavériques en arrière-plan, léché comme une crème glacée, mais toujours avec cette beauté lugubre de désolation,

Une pleine réussite que ce jeu, qui saura séduire tous les joueurs.