Qu’est-ce que le postpartum et combien de temps cela dure-t-il ?
Le postpartum, ou période postnatale, désigne le laps de temps qui commence immédiatement après l’accouchement et se termine lorsque toutes les modifications anatomiques et physiologiques induites par la grossesse sont revenue à leur état d’avant la conception. En général, cette phase dure environ quarante jours, mais sa complexité va bien au-delà de cette simple estimation. C’est une période de bouleversements profonds dans la vie de la femme, où chaque aspect—du sommeil à la vie sociale et familiale—est profondément modifié.
En clair, durant le postpartum, tout est remis en question. La femme doit à la fois s’occuper d’un nouveau-né, avec ses besoins spécifiques, tout en retrouvant progressivement son équilibre personnel, physique et mental. C’est un contexte de transition intense qui demande à la nouvelle mère une adaptation constante, tout en étant pleinement informée de ce qui se passe dans son corps à cette étape cruciale.
Que se passe-t-il durant cette période ?
Dès l’expulsion du placenta, ce que l’on appelle communément le « deuxième stade » ou « secondoment », les premières heures suivantes, qualifiées de « post-partum immédiat », sont essentielles. Elles marquent la transition du corps de la femme, de l’état de grossesse à celui du postpartum. Pendant ces heures, la femme bénéficie d’un suivi médical attentif, destiné à surveiller notamment les saignements vaginaux, la contraction utérine, la tension artérielle, la température, la fréquence cardiaque, etc. Elle peut également recevoir un accompagnement pour l’allaitement, si elle le souhaite.
Il faut du temps pour que la femme s’ajuste à son nouveau rôle de mère. Il est aussi primordial qu’elle soit bien informée sur les processus que son corps va traverser durant ces semaines, afin d’anticiper et de reconnaître d’éventuelles complications.
Mais concrètement, que se passe-t-il dans le corps durant ces semaines ?
L’utérus, après l’expulsion du bébé et du placenta, se contracte massivement pour réduire sa taille et retrouver ses dimensions d’avant la grossesse. En pratique, même après un accouchement, il reste souvent légèrement plus volumineux que son état pré-grossesse, mais sa taille diminue rapidement dans les jours qui suivent.
Au début du postpartum, l’utérus évacue les tissus déciduaux, responsables de la muqueuse utérine, ce qui entraîne des pertes vaginales, appelées communément « lochies » ou « lochiorragies ». Ces pertes comprennent des cellules sanguines, des cellules épithéliales, ainsi que des bactéries. La couleur de ces pertes varie au fil du temps : au début, elles sont rouges intenses, appelées « lochia rubra » ; quelques jours plus tard, elles deviennent plus claires, de couleur séreuse, puis, au bout d’une dizaine de jours, elles prennent une teinte blanchâtre ou jaunâtre, connue sous le nom de « lochia alba ».
La durée moyenne de ces pertes se situe entre 24 et 36 jours. La contraction de l’utérus vers sa taille d’origine est favorisée par la mise en place de l’allaitement. En effet, la succion du bébé stimule la production d’ocytocine, une hormone qui induce la contraction utérine et stimule la production de lait. Les contractions utérines, que l’on appelle souvent « compressions utérines » ou « morsi utérins », peuvent être ressenties par la mère.
Les premiers jours après l’accouchement, la femme peut ressentir une gêne au niveau du périnée, surtout si des sutures ont été effectuées à la suite de déchirures ou d’une épisiotomie. L’application de compresses froides sur cette zone aide à réduire le gonflement et la douleur.
L’hygiène intime est également essentielle. Il est recommandé de laver les organes génitaux quotidiennement, en partant de la vulve vers l’anus. En quelques semaines, la suture, si elle a été nécessaire, sera presque indolore et pourra faire l’objet d’un contrôle par la sage-femme ou le gynécologue lors de la visite de suivi, prévue entre la quatrième et la sixième semaine après l’accouchement, comme le recommandent toutes les sociétés savantes.
Que faire et ne pas faire après l’accouchement ? Voici quelques conseils
• Les femmes ayant un déroulement normal peuvent reprendre la plupart de leurs activités habituelles (conduire, faire le ménage, etc.) dès que leur état le permet. Même après un accouchement par césarienne, il est possible de prendre une douche dès 24 heures après l’intervention.
• Il est conseillé de se lever du lit rapidement après l’accouchement : cela permet de réduire considérablement les risques de complications postpartum. Une marche précoce facilite la récupération urinaire, lutte contre la constipation postnatale et diminue le risque de thrombose veineuse profonde. En cas de césarienne, la mobilisation est recommandée après environ six heures, toujours sous réserve de l’état de la mère. Les femmes ayant accouché par voie vaginale, en général, se remettent plus rapidement que celles ayant subi une césarienne.
• Il est crucial que la mère reçoive le soutien de son partenaire et de son réseau familial et amical, notamment pour les tâches domestiques telles que la préparation des repas ou le ménage.
Quand consulter un médecin durant le postpartum ?
Des complications peuvent survenir durant cette période, et la plupart se manifestent par de la fièvre, c’est-à-dire une température supérieure à 38°C, mesurée au niveau inguinal ou tympanique, et non axillaire. La fièvre peut donner un faux signal en raison des modifications thermiques liées à l’allaitement ou à l’état des seins.
Il est important de rester vigilant : une fièvre élevée peut indiquer une infection du site opératoire si une césarienne a été réalisée ou une infection génitale après un accouchement vaginal.
Les signes d’alerte à surveiller incluent notamment :
• La présence d’arrosage, rougeur ou écoulements malodorants au niveau de la cicatrice ou du point de suture, surtout si une fièvre persistante est présente. Ces symptômes apparaissent généralement entre le troisième et le cinquième jour après l’accouchement et nécessitent une consultation médicale. Un traitement antibiotique peut être prescrit.
• En cas d’accouchement vaginal, une infection du tractus génital, notamment à l’épilastriotomie, peut survenir, mais elle est moins fréquente qu’il y a quelques décennies. La fièvre, la douleur locale, les écoulements purulents ou l’œdème sont des signes cliniques évocateurs. Parfois, une infection peut entraîner la réouverture spontanée d’une plaie suturée. En présence de fièvre ou de pertes malodorantes, une consultation est indispensable pour évaluer d’éventuelles complications.
• La mastite, caractérisée par une douleur forte, un gonflement, une rougeur et parfois une fièvre, peut également survenir. Elle concerne surtout les femmes allaitantes. La mastite peut être confondue avec l’engorgement mammaire, mais elle se distingue par des symptômes spécifiques : douleur intense, rougeur localisée, fièvre, et parfois frissons ou malaises. La bactérie la plus fréquente responsble est le staphylocoque doré, qui est à l’origine de près de 40 % des cas de mastite postpartum.
Il est crucial de traiter rapidement la mastite. La consultation chez la sage-femme ou le gynécologue doit être systématique afin de débuter une antibiothérapie appropriée et d’éviter la progression vers un abcès, qui survient dans environ 10 % des cas.
L’engorgement mammaire, lui aussi fréquent, est généralement bilatéral et se manifeste par la sensation de seins lourds, douloureux, mais sans rougeur ni fièvre.
Ainsi, durant le postpartum, une vigilance attentive permet de repérer et de gérer précocement toute complication, favorisant ainsi une récupération sereine et la santé de la mère.