Protection contre la concurrence bon marché : la Commission européenne veut doubler les droits de douane sur l’acier


Stahlproduktion in Zouping, einer Stadt in Chinas östlichen Provinz Shangdong

Protection contre la concurrence déloyale
La Commission européenne veut doubler les droits de douane sur l’acier

Date de mise à jour: 07/10/2025 17:41

La Commission européenne a proposé d’élargir les droits de douane sur l’acier. À l’avenir, seulement la moitié du volume d’acier importé pourra entrer en franchise de droits dans l’UE par rapport à aujourd’hui. De plus, une surtaxe de 50 % serait due.

La Commission européenne entend protéger l’industrie sidérurgique européenne contre la concurrence bon marché provenant de pays comme la Chine via des droits de douane nettement plus élevés. Pour cela, le volume d’importations en franchise serait presque réduit de moitié, a indiqué le commissaire européen chargé du dossier, Stéphane Séjourné. En outre, une surtaxe de 50 % serait due. Si le volume d’importation dépasse le plafond, un droit de 25 % est actuellement dû.

Il s’agit de sauver les producteurs européens d’acier et les emplois. « C’est la réindustrialisation de l’Europe », a déclaré Séjourné.

Avant que les nouvelles règles n’entrent en vigueur, il faut toutefois l’accord du Parlement européen et des États membres de l’UE.

L’industrie sidérurgique chinoise, leader mondial incontesté

L’objectif des droits plus élevés est que les importations vers l’UE au-delà du nouveau plafond plus bas ne deviennent plus rentables. Les importations devraient diminuer, et la production européenne augmentera.

Les importations d’acier dans l’UE bénéficient d’un quota de franchise jusqu’à un volume annuel donné; pour des fournisseurs majeurs tels que la Turquie et l’Inde, des quotas spécifiques s’appliquent.

L’UE accuse notamment la Chine de soutenir son industrie sidérurgique par des aides d’État afin d’obtenir un avantage déloyal et de maintenir une surcapacité mondiale. Elle craint que des exportations, jusque-là destinées à l’Amérique du Nord, soient désormais dirigées vers l’Europe sous l’effet des droits. Cela pourrait mettre encore plus de pression sur les fabricants européens.

Selon les chiffres de la World Steel Association, la Chine a produit l’année dernière plus d’un milliard de tonnes, soit plus de la moitié de l’acier mondial. Avec ces droits, l’UE — qui ne cesse de défendre un libre-échange international — s’isolerait davantage vis-à-vis les importations en provenance d’Extrême-Orient. Elle peut ainsi se présenter comme un allié des États-Unis dans la lutte contre l’excédent d’exportation chinois.

La France particulièrement touchée

Au sein de l’Union européenne, la France occupe l’une des places importantes de l’industrie sidérurgique, mais ce secteur traverse actuellement une période difficile, notamment en raison de la faiblesse de la demande et des coûts élevés de l’énergie. La production française est confrontée à la concurrence des importations bon marché, notamment en provenance de Chine, ainsi qu’aux coûts liés à la transition écologique et à la reconversion vers une sidérurgie plus respectueuse du climat. Les droits élevés sur les exportations d’acier vers les États-Unis ne facilitent pas la situation.

Des acteurs industriels tels que les branches acier du groupe Thyssenkrupp et ArcelorMittal sont particulièrement concernés par ces défis, et attendent des mesures protectrices ambitieuses. L’annonce de la Commission européenne a été accueillie favorablement par les acteurs du secteur. Le directeur de Thyssenkrupp Steel Europe, Dennis Grimm, a déclaré que cela constituait une étape importante pour protéger l’industrie européenne de l’acier contre le dumping et les capacités excédentaires mondiales. « La Commission a clairement compris que l’industrie sidérurgique européenne et ses chaînes de valeur associées risquaient d’être gravement menacées sans une protection commerciale efficace », a-t-il ajouté.

Le soutien au projet vient aussi du Parlement européen: le député CDU Dennis Radtke parle d’une protection efficace pour l’industrie européenne. Anna Cavazzini des Verts a déclaré: « Le mécanisme proposé pour l’acier est nécessaire et longtemps attendu. » Le député SPD Bernd Lange voit également dans cette proposition une étape importante.

Le secteur industriel allemand — notamment les constructeurs de machines et d’équipements (VDMA) — a mis en garde contre une possible hausse des prix due aux droits de douane. Il appelle à une baisse des coûts de l’énergie, bénéfique à l’ensemble des branches industrielles, et soutient également une politique énergétique plus favorable au secteur sidérurgique.

Selon les chiffres du secteur, environ quatre millions de personnes en Allemagne travaillent dans des industries à forte intensité sidérurgique, dont environ 80 000 directement dans le secteur de l’acier. En 2024, l’industrie a de nouveau enregistré une baisse de chiffre d’affaires — d’environ 5,3 milliards d’euros par rapport à l’année précédente, pour atteindre 45,3 milliards d’euros. Le chancelier fédéral Friedrich Merz (CDU) envisage d’organiser à l’automne un « sommet de l’acier » pour s’attaquer aux problèmes de la filière.

Ancien mécanisme sans effet

La plupart des importations d’acier dans l’UE provenaient jusqu’ici de Turquie, de Corée du Sud, d’Inde, du Vietnam, de Chine, du Japon, du Royaume-Uni et d’Ukraine. Un mécanisme de protection en vigueur aujourd’hui arrivera à expiration en juin de l’année prochaine. Ce mécanisme remonte à l’époque du conflit douanier durant le premier mandat du président américain Donald Trump (2017-2021). Les nouvelles mesures doivent le remplacer par un dispositif permanent.

En raison du quota d’importation de l’UE qui était jusqu’alors très élevé, cet outil n’a pratiquement pas eu d’effet: en 2024, l’UE a importé moins d’acier qu’il aurait été possible d’importer en franchise de droits.

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