Qu’est-ce que la motricité fine ? Développement, importance et conseils pour l’améliorer

In natura, nessanimal possède une dextérité manuelle comparable à celle de l’humain, et ce sont précisément les compétences motrices fines, fruit de l’évolution, qui ont permis à notre espèce de s’adapter à tous les milieux et de prospérer. Ces habiletés, considérées comme les plus élaborées dans le domaine moteur, jouent un rôle fondamental dans le développement et la indépendance de chaque individu.

Qu’est-ce que la motricité fine ?

Pour simplifier, la motricité fine désigne cette capacité que nous avons à manier avec précision nos mains, nos doigts, ainsi que les petits muscles du visage et de la bouche. Cependant, lorsque l’on parle de motricité fine ou jusque-motrice, il s’agit généralement de l’ensemble des habiletés qui permettent à chacun d’utiliser ses doigts pour exécuter des mouvements coordonnés, très précis, et faire preuve d’une grande dextérité. Cela inclut par exemple saisir, tenir, manipuler des objets, écrire, se vêtir, se laver ou manger. Il s’agit d’un processus complexe qui mobilise non seulement la maîtrise des muscles concernés (savoir utiliser de façon sélective certains groupes musculaires), mais aussi la capacité à traiter et à intégrer les informations sensorielles pour coordonner les mouvements de manière efficace – comme la coordination œil-main, la coordination visuo-motrice ou la coordination bimanuelle.

Cette distinction est essentielle pour comprendre la différence avec la motricité globale, qui groupe l’ensemble des mouvements impliquant les grands muscles du corps. La motricité globale concerne la posture, la marche, les déplacements ou encore la coordination des grands mouvements, alors que la motricité fine saintélément précis et délicat contrôlé par de petits groupes musculaires situés aux extrémités du corps (poignets, mains, chevilles, doigts…).

Il est important de noter que de nombreuses activités qui semblent relever uniquement de la motricité globale impliquent également la motricité fine. Par exemple, frapper dans une balle ou la lancer avec la main mobilise surtout la grosse motricité, mais elle nécessite aussi des petits ajustements et des mouvements fins pour que le geste soit précis et contrôlé.

Pourquoi la motricité fine est-elle si essentielle ?

Comprenons maintenant pourquoi cette capacité est si cruciale. En effet, aucun animal dans la nature ne possède une dextérité manuelle aussi fine que la nôtre. Ces habiletés, qui ont mûri au fil de l’évolution, ont permis à l’humanité de se développer et de s’adapter à tous les environnements.

La motricité fine est fondamentale parce qu’elle nous autorise à réaliser les gestes quotidiens indispensables à notre survie et à notre autonomie : manger, prendre soin de soi, participer à la vie sociale, etc. Elle nous permet également de répondre aux sollicitations de l’environnement et d’interagir efficacement avec les objets et les autres personnes.

Au cours du processus de croissance et de développement, la maîtrise fine des mains joue un rôle clé dans la maturation psychomotrice de l’enfant. À travers elles, il touche, explore, manipule et interagit avec son environnement, accumulant ainsi les informations nécessaires pour connaître son corps et son univers proche, ce qui contribue à construire peu à peu un système de connaissance plus riche, complexe et structuré.

Par exemple, lorsqu’un bébé apprend à saisir un verre, il l’explore d’abord avec la bouche. Cependant, dès quelques semaines plus tard, il parvient à le manipuler minutieusement avec ses doigts, découvrant toutes ses potentialités. Quelques mois plus tard, sa dextérité croissante lui permettra d’utiliser cet objet pour faire des transferts ou des jeux de précision.

Au niveau de la petite enfance, les activités stimulantes pour la motricité fine suscitent souvent chez l’enfant un intérêt et un plaisir particuliers. On le retrouve alors souvent occupé à assembler des puzzles, à enfiler, à découper, à dessiner, à modeler ou à écrire.

Maria Montessori soulignait déjà l’importance de l’exercice de la motricité fine en affirmant que « la main est l’organe de l’expression de l’intelligence humaine : c’est l’organe de la pensée. La main a permis à l’intelligence humaine de s’exprimer et à la civilisation de progresser. Dans la petite enfance, la main contribue au développement de l’intelligence, et chez l’adulte, elle est l’outil qui contrôle le destin sur la terre ».

Des recherches en neuropsychologie récentes ont aussi mis en évidence le rôle crucial des habiletés jusque-motrices dans l’évolution du langage, le développement de la pensée, ainsi que l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des maths.

Autrement dit, la motricité fine constitue un instrument essentiel pour que l’enfant découvre le monde, fasse évoluer sa pensée et grandisse de façon harmonieuse.

Comment se développe la motricité fine et à partir de quand ?

Le processus d’acquisition des compétences de préhension et de prise d’objets se caractérise par des mouvements initialement plus « grossiers » qui, grâce à la maturation du système nerveux et à la pratique, deviennent de plus en plus précis et délicats. Voyons en détail comment et quand cette motricité fine se développe.

À la naissance, la motricité est principalement contrôlée par des réflexes et automatismes limitant l’intervention volontaire. Cependant, la maturation rapide du système nerveux permet à l’enfant de progresser rapidement dans ses capacités motrices.

Déjà à deux mois, le bébé commence à saisir ses mains et, dans les semaines suivantes, à exercer ses mouvements globaux spontanés. Vers quatre mois, il parvient à attraper des objets, à les porter à la bouche pour les explorer. À six mois, il commence à faire tourner le poignet et à manipuler des objets dans leur globalité, avec une dextérité croissante. Vers huit mois, il apprend à lâcher volontairement un objet pour en saisir un autre, tout en tenant deux objets simultanément, un dans chaque main. À neuf mois, il commence à doser la force qu’il applique à ses prises et à utiliser la vue pour coordonner ses mouvements avec précision.

Le véritable développement de la motricité fine se produit autour de neuf mois, lorsque l’enfant développe la capacité de saisir de petits objets en opposant le pouce et l’index. Initialement une prise rudimentaire, elle évolue rapidement vers la « pince » fine, vers 11 mois, où le pouce et le bout de l’index se touchent pour saisir.

Juste avant son premier anniversaire, l’enfant sera capable de pointer avec son index. Entre 12 et 18 mois, il commencera à tirer et à mettre en place des actions comme enfiler, dévisser, utiliser un crayon, tourner les pages, empiler deux cubes. Vers deux ans, il manipule la pâte à modeler, utilise une fourchette, se lave les mains, visse, griffonne.

À trois ans, il affine ses gestes, par exemple en déboutonnant, en coupant avec des ciseaux, en séparant des pièces de puzzle. La maîtrise des petites mainsets alors consolidée.

En allant à l’école maternelle, la dextérité manuale permet à l’enfant d’effectuer des manipulations plus précises : jouer à des jeux d’adresse, bâtir avec des petits blocs, dessiner, colorier, découper, coller ou modeler. Les activités créatives et la construction deviennent alors des supports importants pour approfondir la motricité fine.

Entre 3 et 6 ans, l’enfant se spécialise dans la maîtrise des outils graphiques : crayons, feutres, pinceaux, lui permettant de créer des formes, des lettres, des dessins. La répétition de ces activités, qu’il soit guidé ou non par un modèle, prépare et favorise l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Dès ses 6 ans, l’enfant devient à l’aise avec ces outils et maîtrise avec efficacité et assurance ses capacités jusque-motrices pour réaliser ses projets et ses activités quotidiennes.

Que proposer pour stimuler la motricité fine ?

Comme vu précédemment, la progression de la motricité fine est progressive et dépend fortement de la stimulation à laquelle l’enfant est exposé, ainsi que des expériences qu’il mène avec son corps. Pour qu’il développe une bonne dextérité manuelle, il faut lui donner le maximum d’occasions de manipuler, explorer et expérimenter avec ses mains dès le plus jeune âge.

Le développement de cette motricité fine est également renforcé par une bonne maîtrise de la motricité globale : avant de se concentrer sur la précision, l’enfant doit répondre à ses besoins essentiels de mouvement, améliorer ses compétences motrices de base, et maîtriser une bonne posture.

Il est donc primordial, notamment dans les premières années, de limiter l’utilisation des écrans afin que le jeune puisse explorer, connaître le monde et apprendre à contrôler ses mouvements, à la fois fins et gros. Les activités du quotidien sont d’excellents supports pour cela, car elles sont à la fois ludiques et instructives, favorisant l’autonomie dans les gestes essentiels.

Selon la philosophie de Maria Montessori, la motricité fine se travaille et se perfectionne par la pratique. Il est fondamental d’offrir à l’enfant des occasions d’apprendre, de tester, de faire des erreurs et de se corriger, en lui laissant le temps nécessaire à l’acquisition de ces compétences.

De plus, il est essentiel d’encourager sa curiosité et son besoin d’indépendance, en lui permettant d’essayer par lui-même, en limitant au maximum les interventions de l’adulte, sauf pour guider ou aider lorsque c’est indispensable.

Par exemple, pour un enfant de 2-3 ans, faire en sorte qu’il mette ses chaussures tout seul constitue une activité idéale. L’adulte doit lui fournir des chaussures faciles à enfiler (sans lacet, par exemple), le laisser expérimenter, intervenir uniquement s’il le demande expressément, et accompagner ses gestes en guidant doucement ses mains ou en réalisant l’action à sa place si elle lui semble encore trop difficile, sans lui enlever le plaisir de tenter de le faire seul.

Il existe une multitude d’activités pour le développement de la motricité fine. En voici quelques exemples :

    li>Attraper des objets de plus en plus petits, de différentes tailles, formes, textures ou matériaux ;

    li>Manipuler et explorer les objets dans leur ensemble ou dans leurs détails, en découvrant leurs usages et leurs propriétés (lancer, tirer, enfiler, transvaser…) ;

    li>Prendre soin de soi (se laver, se brosser les dents, se coiffer, appliquer de la crème…) ;

    li>Se vêtir ou se dévêtir, boutonner, attacher des lacets, zipper ou faire des nœuds ;

    li>Participer à l’alimentation (boire à la gourde ou à la tasse, utiliser des couverts, dresser la table, plier une serviette…) ;

    li>Réaliser des activités créatives et manuelles (découper, coller, froisser du papier, plier, modeler de la pâte à modeler, peindre…) ;

    li>Jouer « à la table » avec des jeux d’adresse ou de construction (puzzle, jeux de construction, jeux de société, etc.) ;

    li>Utiliser divers outils et objets (coudre avec une aiguille, jouer d’un instrument, utiliser des pinces, faire du bricolage ou des petits travaux manuels…) ;

    li>Initier aux premiers gestes graphiques et à l’écriture, que ce soit avec ou sans supports, en traçant des lignes, des formes ou en reproduisant des lettres.

Pour rendre ces apprentissages encore plus amusants, il est conseillé de proposer des petits jeux ludiques ciblant des mouvements précis des mains ou des doigts, afin d’améliorer la coordination, le contrôle du geste et la concentration.

Exemples simples : faire « baiser » le pouce avec d’autres doigts dans une séquence définie, créer des ombres avec les mains, taper doucement du doigt sur une table, faire onduler un ruban avec les mouvements du poignet…

Des exercices dédiés à la motricité fine et à la coordination œil-main s’avèrent également utiles avant l’entrée à l’école primaire, pour assurer une maturation complète de ces compétences et faciliter l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du dessin.

Que faire en cas de difficultés avec la motricité fine ?

Il peut arriver que la maturation des habiletés jusque-motrices soit retardée, qu’elle stagne ou qu’elle se déroulle de façon atypique. Dans ces situations, il est important de repérer certains signaux d’alerte et de se poser les bonnes questions pour observer l’évolution de l’enfant :

  • Qu’est-ce qu’il sait faire ? Il convient d’observer ce que l’enfant accomplit en fonction de son âge et des compétences qu’il a déjà acquises dans d’autres sphères de son développement (motricité globale, langage, cognition, relations). Il peut présenter une difficulté uniquement dans la motricité fine ou bien dans plusieurs domaines.
  • Comment utilise-t-il ses mains ? Il se peut que l’enfant réalise une action ou un mouvement en utilisant des stratégies de compensation ou des modes inhabituels pour contourner une difficulté spécifique. Par exemple, des rigidités dans les doigts ou le poignet, ou des mouvements peu fluides ou peu coordonnés peuvent être remarqués.
  • Comment réagit-il face à une tâche impliquant la motricité fine ? Un enfant anxieux, pressé, peu précis, ou qui sollicite excessivement de l’aide ou évite de se confronter à l’exercice, peut indiquer une difficulté.
  • Y a-t-il des activités ou des jeux qu’il évite ou n’apprécie pas ? Il se peut qu’il cherche à esquiver les situations qui le mettent mal à l’aise ou dans lesquelles il se sent incapable.

Une difficulté persistante dans la motricité fine peut aussi s’inscrire dans un tableau plus complexe, comme un retard psycho-moteur ou une dyspraxie. Face à ces situations, que faire si l’on suspecte un problème ?

Dans un premier temps, il est conseillé de ne pas céder à l’angoisse, mais de suivre l’évolution de la situation avec vigilance. Il est également recommandé d’échanger avec les enseignants, éducateurs, ou autres adultes référents qui accompagnent l’enfant. Si ces échanges confirment une difficulté, il faut en parler au pédiatre. Celui-ci pourra faire un point précis et, si nécessaire, orienter vers un spécialiste comme un psychomotricien ou un psychologue, pour établir un diagnostic clair et mettre en place les interventions adaptées afin de rééduquer les fonctions concernées.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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