Reflexes néonatals : quels sont-ils et que signifient-ils pour la santé du bébé

Les réflexes néonatals sont des réponses automatiques et involontaires à certains stimuli, présents dès la naissance, qui en disent long sur la santé et le développement neurologique du nouveau-né. Ces réactions, souvent surprenantes au début, constituent une étape fondamentale pour évaluer le bon fonctionnement du système nerveux des bébés et permettent aux médecins de suivre leur progression au fil des premiers mois.

Qu’est-ce qu’un réflexe néonatal ? Parmi tous les comportements observés au cours des premiers mois de vie, ils figurent certainement parmi les plus fascinants et intrigants. Cependant, il n’est pas rare que ces réflexes suscitent des interrogations et des inquiétudes chez les parents. Les réflexes néonatals sont en fait des signaux, qui, s’ils sont présents et en condition normale, indiquent que le système nerveux du bébé fonctionne correctement.

En termes simples, ils représentent des réponses automatiques, involontaires, qui apparaissent dès la naissance et donnent beaucoup d’informations sur la santé neurologique du nourrisson. Pour apaiser certaines inquiétudes, il est utile d’approfondir la compréhension de ces réflexes : quels sont les principaux ? À quoi servent-ils ? Et que peut signifier leur absence ou leur persistance anormale ?

Quels sont les réflexes néonatals ?

Il existe plusieurs types de réflexes chez les nouveau-nés, tous partageant le fait d’être des réponses automatiques et involontaires, déjà présentes à la naissance. La qualité et la présence de ces réflexes offrent un indicateur précieux de la santé neurologique du bébé ; c’est pourquoi les pédiatres les examinent minutieusement lors des premières visites.

Les principaux réflexes néonatals sont ceux liés au développement, aussi appelés « réflexes archaïques » ou « primitifs » :

  • le réflexe de succion, qui permet au bébé de se nourrir. Il se déclenche lorsque l’on stimule le palais avec un doigt ou une tétine ; alors, l’enfant commence à sucer. Ce réflexe débute son développement durant la vie intra-utérine. D’ailleurs, lors des échographies, il arrive que l’on aperçoive le fœtus en train de sucer son doigt avec un peu de chance ;
  • le réflexe de recherche (ou de racinement), essentiel pour l’alimentation puisqu’il facilite la recherche du mamelon ou de la tétine en stimulant la joue ou le coin de la bouche avec un doigt ou une suce. À ce stimulus, le bébé tournera la tête vers le contact et ouvrira la bouche pour téter ;
  • le réflexe de Moro, probablement le plus connu, parfois appelé « réflexe de peur ». Il se manifeste généralement en réponse à un choc ou un stimulus brusque, comme un mouvement soudain de la tête vers l’arrière, une chute ou un bruit fort. Le bébé réagit en écartant les bras (abduction et extension), puis en refermant les mains (flexion et adduction), comme pour se protéger, avant de pleurer souvent ;
  • le réflexe de préhension, qui entraîne la fermeture de la main autour d’un objet touchant la paume. Un phénomène semblable se produit si l’on exerce une pression avec un doigt ou un objet sous la plante du pied ;
  • le réflexe de marche automatique, obtenu en soutenant le bébé par les aisselles et en le maintenant debout ; si la plante des pieds touche une surface plane, il esquisse une marche, un mouvement de balancement alterné des jambes ;
  • le réflexe de Babinski, une réponse automatique observée en caressant la plante du pied. Après stimulus, les orteils s’écartent en s’étendant vers le haut, comme un éventail ;
  • le réflexe de Galant, lorsqu’on place le bébé en suspension ventrale et que l’on frotte ou caresse la peau le long d’un côté de la colonne vertébrale, il réagit en inclinant son corps, ses hanches et son torse vers le côté stimulé ;
  • le réflexe tonico-asymétrique du cou, aussi appelé « réflexe du boxeur ». Lorsqu’on tourne la tête du bébé d’un côté, le bras et la jambe du même côté s’étendent tandis que l’autre bras et jambe se plient, mimant la posture d’un escrimeur ;
  • le réflexe d’expulsion ou de poussée linguale, qui se manifeste lorsque la surface de la langue du bébé est touchée : il pousse alors la langue vers l’extérieur pour expulser l’objet ou le stimulus.

En plus de ces réflexes primitifs, il existe d’autres réflexes, moins connus, que les pédiatres recherchent souvent pour un bilan neurologique complet. Toutefois, certains réflexes, comme ceux tendineux, peuvent être plus difficiles à provoquer ou à observer, leur présence ou absence devant être interprétée en tenant compte du contexte global de l’examen neurologique.

À quoi servent les réflexes néonatals ?

Quel est le but de ces réflexes ? Chacun joue un rôle crucial dans la survie et le développement du bébé. En quoi consistent-ils exactement ? Voici leur fonction principale :

  • les réflexes de succion et de recherche sont indispensables à l’alimentation, leur présence permettant au bébé de localiser efficacement le mamelon ou la tétine, pour téter et assimiler les nutriments nécessaires à sa croissance ;
  • le réflexe de Moro a une fonction évolutive de protection, en permettant à l’enfant d’agripper sa mère ou un support face à une situation de danger ou de chute imminente ;
  • le réflexe de préhension aide le bébé à explorer et à développer sa capacité à saisir des objets, une étape essentielle pour le développement moteur ultérieur ;
  • le réflexe de marche constitue une préparation à la marche volontaire future, un premier pas vers l’autonomie ;
  • le réflexe de Babinski indique l’état de développement du système nerveux central et la bonne fonction de la moelle épinière ;
  • le réflexe de Galant participe à l’éloignement d’un stimulus potentiellement nocif, tout en favorisant le développement des muscles du dos et la coordination nécessaire pour la marche ;
  • le réflexe tonico-asymétrique du cou facilite la coordination œil-main et établit une base pour le mouvement volontaire ;
  • le réflexe d’expulsion de la langue sert à protéger l’enfant contre l’ingestion d’objets solides pouvant provoquer un étouffement, rendant l’allaitement plus sûr et efficace.

Mais quand apparaissent et disparaissent ces réflexes fondamentaux ? Leur développement débute déjà dans l’utérus et ils sont généralement présents à la naissance. La plupart d’entre eux disparaissent entre 6 et 12 mois, à mesure que le système nerveux du bébé mûrit. Plus précisément :

  • le réflexe de succion apparaît souvent dès la 18e semaine de grossesse et devient bien établi vers la 32e semaine. Après 3 à 4 mois, il tend à s’atténuer, disparaissant presque complètement vers un an, même s’il peut parfois être visible lors du sommeil ;
  • le réflexe de recherche se développe vers la 32e semaine de gestation et se dissipe généralement entre 4 et 6 mois ;
  • le réflexe de Moro apparaît également vers la 32e semaine, se développe complètement d’ici la 37e semaine, puis disparaît entre 3 et 6 mois ;
  • les réflexes de préhension, palmier et plantaire, sont mûrs vers la 32e semaine. Leur disparition varie : celui de la main reste généralement jusqu’à 3 mois, celui du pied jusqu’à 6 mois ;
  • le réflexe de marche apparaît vers la 32e semaine et s’éteint en 1 à 2 mois ;
  • le réflexe de Babinski, qui apparaît vers la 32e semaine, met plus de temps à disparaître, pouvant durer jusqu’à deux ans ;
  • le réflexe de Galant est présent dès la 32e semaine et disparaît entre 3 et 4 mois ;
  • le réflexe tonico-asymétrique du cou se manifeste vers la 35e semaine et s’éteint généralement vers 3 ou 4 mois ;
  • le réflexe d’expulsion de la langue se développe à partir de la 32e semaine et disparaît généralement entre 4 et 6 mois, signe que l’enfant est prêt à commencer la diversification alimentaire.

Quand s’inquiéter en cas d’absence de réflexes néonatals ?

Après avoir exploré tous ces éléments, la question la plus sensible reste : quels sont les problèmes que peut indiquer l’absence ou la persistance anormale de certains réflexes ? Chez le nouveau-né, un réflexe de développement anormal, par exemple une asymétrie, peut révéler une faiblesse musculaire ou une paralysie d’un côté, voire des lésions nerveuses ou une paralysie cérébrale.

De même, si la disparition des réflexes se produit dans le cadre du développement neurologique normal, la persistance de certains réflexes au-delà de l’âge attendu peut signaler des difficultés neurologiques. Toutefois, cet article se concentrera surtout sur l’absence de réflexes, qui peut, dans certains cas, indiquer la présence de troubles variés.

Il est donc essentiel que les parents et les professionnels de santé surveillent attentivement les comportements du bébé durant ses premiers mois, afin de repérer tôt toute anomalie. L’absence de réflexe peut résulter de plusieurs conditions :

  • des anomalies prénatales affectant le développement neurologique, telles que des syndromes génétiques, des infections lors de la grossesse, des malformations cérébrales ou une exposition à des toxines durant la grossesse ;
  • la prématurité, qui entraîne une immaturité neurologique plus importante, avec des réflexes moins développés ou parfois absents ;
  • des lésions cérébrales ou neurologiques survenues lors de l’accouchement, dues à des traumatismes, une dystocie des épaules, une hémorragie intracrânienne, une asphyxie ou une infection ;
  • des conditions qui apparaissent après la naissance, telles que des infections néonatales, une ictère grave (kernicterus), des troubles métaboliques ou de la coagulation, pouvant entraîner des lésions neurologiques ;

Une réduction ou une absence de certains réflexes néonatals, en particulier chez le bébé à terme, peut augmenter le risque de développer une paralysie cérébrale spastique, notamment dans le cas où le réflexe de préhension plantaire est atrasé ou absent. Toutefois, il faut souligner qu’en certains cas, l’absence temporaire d’un réflexe ne signifie pas obligatoirement une pathologie grave.

Par exemple, chez les bébés prématurés, ces réflexes moins élaborés peuvent simplement refléter l’immaturité transitoire du système nerveux. La variabilité physiologique, propre au développement infantile, doit également être prise en compte : chaque bébé est unique et peut présenter des variations dans ses réactions réflexes. L’absence ou la réduction d’un réflexe ne doit jamais être négligée : au contraire, elle doit toujours être signalée au pédiatre, qui pourra effectuer une évaluation approfondie et détecter tout trouble potentiel susceptible d’éveiller des inquiétudes.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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