Les nouvelles mamans traversent souvent des phases d’incertitude et de découragement. Un soutien précieux peut leur venir des associations de « mamans solidaires » qui mettent à profit leurs compétences pour aider d’autres femmes à trouver des informations, des conseils, mais aussi simplement à partager leur vécu.
Les jeunes parents entre stéréotypes et réalités
Autrefois, la famille élargie était présente dans la vie quotidienne : chaque femme avait la possibilité d’apprendre à prendre soin de ses enfants dès son plus jeune âge, en observant sa mère s’occuper des plus jeunes, sa tante avec ses cousins, ou encore la voisine qui allaitait dans la cour ou devant chez elle.
Depuis la seconde moitié du siècle dernier, la société a profondément changé. La naissance de méthodes artificielles d’alimentation a connu un essor considérable, et la production d’accessoires et de gadgets pour bébé s’est multipliée. Le stéréotype du « bébé parfait » s’est installé : celui qui mange à heures fixes, dort dans son berceau, idéalement toute la nuit, et reste calmement souriant dans sa balancelle, sa poussette ou sa gym. Un modèle souvent cru à croire pour ceux qui n’ont aucune expérience avec les tout-petits, pour découvrir que la réalité est bien différente. Lorsqu’un enfant naît, il ne connaît ni l’heure, ni les accessoires, ni les gadgets. Son seul moteur – et le plus fort – c’est sa maman. Lui, il cherche surtout le contact, la proximité, la sécurité.
Alors, face à ce bébé qui tend les bras pour être pris dans les bras de sa mère ou son père, il n’est pas rare d’entendre des conseils ou des jugements apparemment bien intentionnés mais souvent mal compris : « il est gâté », « il a pris l’habitude des bras », « il faut qu’il apprenne à rester seul ».
Le résultat, c’est que beaucoup de parents ressentent des doutes : pourquoi leur enfant se réveille-t-il si souvent la nuit ? Pourquoi a-t-il besoin d’être rassuré ou porté si fréquemment ? Pourquoi ses tétées sont si nombreuses ? Font-ils quelque chose de mal ? Leur bébé est-il « anormal » ?
Trouver des réponses grâce au partage
On dit souvent que pour éduquer un enfant, il faut un village. Aujourd’hui, ce village semble avoir disparu ou bien s’est effiloché, et les mères se retrouvent souvent seules face à leurs doutes et à la fatigue. Même lorsque la famille est présente, comme les grand-mères ou les tantes, leur expérience n’est pas toujours adaptée car les pratiques d’éducation ou d’accompagnement à la maternité ont évolué dans le temps. Prenons par exemple l’allaitement : beaucoup de femmes qui ont eu leurs enfants entre les années 1960 et 1980 n’ont pas allaité ou l’ont fait très peu de temps, souvent à cause de conseils erronés qui rendaient difficile la réussite de l’allaitement. Elles ne peuvent donc pas toujours partager leur vécu avec leurs filles ou leurs belles-filles, qui vivent une expérience différente.
Alors où peut-on trouver des réponses aux questions fréquentes qui surgissent dans ces premiers mois ? Pour beaucoup de mères, la solution est souvent la rencontre avec d’autres mamans, notamment celles qui s’organisent en associations ou en groupes d’entraide. Un cercle vertueux dans lequel chaque femme partage son vécu et reçoit du soutien, tout en étant elle aussi capable d’aider. C’est une manière précieuse de réaliser que tous les bébés ont leurs rythmes, leurs besoins : ils se réveillent souvent, têtent plusieurs fois par jour, pleurent parfois le soir, et ne dorment pas forcément bien tout seul. Et que, même si elles sont follement amoureuses de leur enfant, certaines mères aussi, à certains moments, se sentent épuisées, voire au bord des larmes.
Un soutien essentiel pour l’allaitement
L’allaitement est un geste naturel, oui, mais il ne va pas toujours de soi. Il est essentiel d’avoir accès à des informations fiables dès le départ afin d’éviter ou de surmonter rapidement d’éventuelles difficultés. L’allaitement est sans doute l’un des exemples les plus frappants des bénéfices du soutien « de mère à mère ». Pensons par exemple à La Leche League, une organisation internationale de volontaires créée en 1956 aux États-Unis par sept mamans désireuses d’aider d’autres femmes à allaiter. Depuis cette première rencontre dans le salon d’une des fondatrices, l’association s’est développée pour couvrir aujourd’hui plus de soixante-douze pays, apportant son aide à des milliers de mères à travers le monde.
En France aussi, ces dernières années, de nombreuses associations se sont créées, du Nord au Sud, afin de diffuser des connaissances fondamentales sur l’allaitement : gestion des premières tétées, conseils pour la diversification, accompagnement après le premier anniversaire. Ces initiatives sont précieuses, car dans notre société, les mythes et préjugés persistent : questions telles que « Tu as assez de lait ? » ou « Ton lait est-il nourrissant ? » perdurent, et freinent parfois l’allaitement. Beaucoup de femmes doutent ou hésitent, sous l’effet des idées reçues, et finissent par interrompre trop tôt.
Les femmes se réapproprient progressivement ce geste ancestral, en s’entraidant entre elles. La solidarité féminine comble le vide d’informations et de soutien qui a mené certaines maternités précoces d’allaitement.
L’auto-aide à l’époque de la COVID-19
La pandémie de COVID-19 a bouleversé nos habitudes, mettant à rude épreuve nos certitudes. Les femmes en début de grossesse ou ayant récemment accouché ont été particulièrement touchées : visites médicales seules, accompagnement réduit ou absent lors des échographies, et même durant le séjour à la maternité. Beaucoup ont vécu cette période dans une grande solitude, avec peu d’assistance extérieure et des incertitudes accrues.
Organiser des réunions en personne n’était plus envisageable, mais rapidement, les associations ont su se réorganiser pour continuer à soutenir les jeunes mamans, en particulier celles qui en avaient le plus besoin.
Les rencontres avec les professionnels se sont digitalisées : conférences, ateliers et échanges se déroulent désormais en ligne, grâce à des plateformes permettant la participation de nombreuses femmes en même temps. On voit apparaître sur l’écran des visages familiers : des mères avec leurs bébés dans les bras ou au sein, des sourires, la volonté de continuer à s’entraider malgré la distance, comme autant de preuves que la solidarité entre femmes peut s’adapter à toutes les circonstances.