Tianwen-2 : la mission chinoise rapportera un échantillon d’astéroïde sur Terre

La missione chino-russe Tianwen-2 prévue pour fin mai 2025 : collecte d’échantillons d’un astéroïde proche de la Terre

La prochaine grande étape de l’exploration spatiale chinoise se prépare à décoller. La mission Tianwen-2, qui s’inscrit dans le cadre des ambitions de la Chine pour la exploration interplanétaire, est en passe d’être lancée d’ici la fin du mois de mai 2025. Le vaisseau a déjà été transféré vers le centre de lancement situé au sud-ouest de la Chine et a été intégré avec le lanceur Longue Marches 3B. Ce lancement constitue une étape majeure pour le programme spatial chinois, qui cherche à renforcer sa présence dans le domaine de l’exploration des petits corps célestes.

Des objectifs innovants et sans précédent

Avec Tianwen-2, la Chine s’apprête à réaliser une première dans son histoire spatiale : il s’agira de la toute première mission chinoise dédiée à la collecte de matériel provenant d’un corps céleste de petite taille. Alors que le pays a déjà rapporté sur Terre plusieurs échantillons lunaires lors de missions précédentes, c’est la première fois qu’il s’engage dans une opération plus complexe visant à rapporter des échantillons d’un objet situé en dehors de notre satellite naturel. La difficulté de cette entreprise réside dans la distance et la nature de l’objet visé, un défi que la Chine souhaite relever avec cette mission.

Un astéroïde « lunaire » ou quasi-satellitaire ?

Le second objectif de Tianwen-2 est d’atteindre l’astéroïde connu sous le nom d’2016 HO3, ou Kamoʻoalewa, un petit corps qui affiche des caractéristiques étonnantes. Il s’agit d’un astéroïde quasi-satellitaire de la Terre, dont la trajectoire orbitale reste remarquablement stable autour de notre planète. Sa composition, très proche de celle de la Lune, incite à penser qu’il pourrait s’agir d’un fragment de la surface lunaire, détaché lors d’un impact ancien. La mission consistera à étudier cet objet de près, afin d’en apprendre davantage sur sa nature et son origine.

Une fois l’astéroïde atteint, le vaisseau utilisera des techniques sophistiquées pour collecter des échantillons. La méthode combinera un bras robotisé avec des surfaces adhésives spécialement conçues pour capter des particules superficielles. Le retour de ces précieux échantillons vers la planète est prévu vers 2030, via une capsule qui sera relâchée lors d’un passage très rapproché de la Terre, permettant ainsi leur récupération en toute sécurité.

Un double objectif pour une mission ambitieuse

Mais Tianwen-2 ne se limite pas à la collecte d’échantillons uniquement. Après cette phase, la sonde poursuivra son voyage en direction d’un autre corps céleste : la comète 311/P PanSTARRS, découverte en août 2013 par le télescope Pan-STARRS. Avec un diamètre d’environ 480 mètres, cette comète présente une particularité intrigante : en plus de son noyau, elle possède six queues de poussière, laissant penser à une activité dynamique très intense.

Après avoir effectué une manœuvre d’assistance gravitationnelle, le vaisseau chinoissera tentera d’approcher la comète de très près pour analyser son noyau, ainsi que pour étudier les gaz et la poussière qu’elle libère dans son environnement immédiat. Cette étape s’inspirera des missions européennes telles que Rosetta, visant à examiner en profondeur la composition et la dynamique des comètes à l’aide d’une gamme d’instruments scientifiques spécifiques.

Une mission de longue haleine et d’envergure technologique

Durant sa phase opérationnelle, la mission Tianwen-2 sera étalée sur une dizaine d’années. Elle s’appuiera sur une plateforme technique conçue à partir de l’expérience acquise lors de la mission martienne Tianwen-1, lancée en 2020. Cette dernière avait permis le déploiement d’un atterrisseur et du rover Zhurong sur la surface de Mars en 2021. Cependant, pour Tianwen-2, les ingénieurs ont amélioré les capacités du véhicule, notamment en intégrant des systèmes de propulsion électrique à haute autonomie, une navigation autonome avancée, ainsi que des modules pour le retour atmosphérique précis lors du retour des échantillons.

Ce projet ambitieux s’inscrit dans la volonté du programme spatial chinois de s’affirmer comme un acteur majeur de l’exploration robotique du système solaire, en multipliant les missions aux objectifs variés et en innovant constamment sur les plans technologiques.

Les enjeux et la perspective de succès

Si cette opération réussit, la Chine deviendra le troisième pays à rapporter des échantillons d’un astéroïde, après les États-Unis avec la mission OSIRIS-REx, et le Japon avec les programmes Hayabusa et Hayabusa2. Il s’agira également de la première fois qu’un engin spatial chinois réalisera à la fois une opération de récupération d’échantillons d’un astéroïde et une exploration rapprochée d’une comète, ce qui constituera une étape supplémentaire dans la stratégie d’exploration globale du système solaire par la Chine.

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