Comment concilier vie professionnelle et paternité : nos conseils pour un équilibre réussi

Comment concilier travail et enfants : une question qui, pendant longtemps, concernait presque exclusivement les mères ; aujourd’hui, les pères commencent à se la poser aussi.

« Les papas milléniaux dessinent un nouveau modèle de paternité », écrivait il y a quelques mois Les Échos, en citant les données sur l’utilisation du congé paternité, qui a augmenté de près de 40 % en dix ans. En moyenne, nous passons aujourd’hui plus de temps avec nos enfants, nous nous impliquons davantage dans la vie familiale, et même si l’égalité homme-femme reste encore un objectif lointain, il est clair que des changements positifs sont en train de s’opérer.

Il est vraiment temps de se rassembler, de créer des occasions de partage pour discuter et redéfinir notre rôle dans la famille, et par conséquent dans la société. Bref, de faire le métier de père dans sa dimension la plus large.

Je souhaite également apporter ma contribution en évoquant ces thèmes pour lesquels la paternité m’a profondément transformé. Je commence par le travail, un pilier souvent perçu comme encombrant mais essentiel de nos vies, avec lequel j’ai peiné – et je peine encore parfois – à trouver un équilibre.

Il y a quatre ans et demi, lorsque mon premier enfant est venu au monde, je n’aurais jamais imaginé que la confrontation entre travail et paternité deviendrait si forte. Pour moi, le travail représentait tout : une passion, un moyen de reconnaissance sociale, un devoir envers ma famille.

Il y a même eu une période de ma vie, vers mes 30 ans, où travailler douze heures par jour sans avoir de temps pour autre chose était presque devenu une fierté. N’étant pas un ambitieux à tout prix ni quelqu’un d’attiré par l’argent, je me suis longtemps demandé, notamment ces dernières années, à quel moment j’avais pu devenir un workaholic. Je me suis posé plusieurs questions.

Réfléchir à son parcours personnel

Tout d’abord, il y a une dimension générationnelle : comme beaucoup de gé­nérations milléniales, j’ai grandi dans une ère où l’optimisme des baby-boomers du type « Tu peux devenir ce que tu veux » s’est confronté à une réalité faite de précarité, de chômage, de stages non rémunérés ou à peine, et de discours du genre « Tu as de la chance d’avoir un emploi ». En tant qu’adolescent puis jeune adulte, j’ai vécu dans la crainte constante de ne pas trouver de travail, et quand je l’ai enfin trouvé, j’ai tout donné pour le conserver.

Il y a aussi une dimension plus personnelle : j’étais journaliste, et pour moi, le journalisme, avant d’être un métier, représentait un rêve, une opportunité de sortir du lot social. Je suis le premier diplômé de ma famille, et le monde du journalisme est un cercle fermé, souvent écarté de l’extérieur et accessible dans certains cas par héritage. Intégrer cet univers, faire entendre ma voix à la télévision, être lu sur l’un des sites d’information les plus consultés en France, décrocher un poste important dans une rédaction, c’était pour moi une source de fierté, mais aussi un objectif qui, pendant longtemps, a voilé d’autres horizons.

Et puis il y a le modèle familial dans lequel j’ai été élevé : les rôles et les responsabilités de mes parents étaient très nettement répartis, et il n’a pas été difficile pour moi de m’identifier à la figure de mon père, qui était le seul garant du soutien financier de la famille de mon enfance.

Une nouvelle perspective

Lorsque je suis devenu papa – ou plutôt, lorsque j’ai pleinement pris conscience du rôle que je voulais y jouer –, ma vision du travail a changé radicalement. Au fil des mois, puis des années – et surtout durant la pandémie – j’ai vécu plusieurs epiphanies (parfois un peu évidentes, je l’avoue), qui ont rendu ce changement progressif mais profondément sincère, même s’il n’a pas été dénué de difficultés.

J’ai réalisé, par exemple, que mon enfant grandissait à une vitesse folle, et que certains moments précieux ne reviendraient plus jamais. Nous entendons tous dire que « le temps passe vite » ou que « chaque opportunité doit être saisie », mais c’est la paternité qui m’a pour la première fois vraiment fait ressentir la nécessité d’utiliser le temps qui m’est donné de façon consciente et précieuse. J’ai compris qu’en influençant réellement l’éducation et la croissance de mes enfants, je devais (et voulais) leur consacrer plus de temps et d’énergie, au-delà de ce que je mettais dans le travail.

De plus, la vanité qui avait guidé en partie mes choix s’est peu à peu dissipée. Cela s’est réellement manifesté lorsque j’ai envisagé de quitter le journalisme, rythmé par ses horaires souvent insoutenables, pour rejoindre une entreprise comme ScuolaZoo, qui met l’accent sur le bien-être de ses employés et favorise un vrai équilibre vie professionnelle-vie privée. Contre toute attente, je n’ai pas hésité, même si certains collègues m’ont encouragé à revenir sur ma décision, craignant que je ne revoie pas à la hausse mes ambitions.

Faire face au sentiment de culpabilité

En résumé, ce changement de regard peut paraître un peu trivial, mais pour moi, il a été extrêmement substantiel. Pendant longtemps, l’idée de ne pas donner tout de moi-même au travail, de ne pas consacrer la majorité de mon temps à chercher de nouvelles opportunités ou des salaires plus élevés, m’a fait ressentir une culpabilité immense.

Vivre à Paris ou dans une grande métropole n’a rien facilité : dans le secteur de la communication, et pas seulement, on change de poste à une vitesse folle, avec le phénomène du « job hopping » très répandu. Il arrive parfois d’envoyer un simple message du genre « Salut, quand est-ce qu’on peut se parler ? », pour recevoir comme réponse : « Ne me dis pas que tu changes encore de boulot ! » (c’est arrivé en vrai).

Voir tout le monde se dépenser à un rythme effréné pour augmenter leur salaire, alors que l’on voudrait simplement prendre le temps d’être avec ses enfants, peut être déstabilisant. Pendant un moment, cela a été difficile à gérer pour moi, jusqu’à ce que je comprenne qu’on peut très bien être un bon père sans greffer des revenus toujours plus élevés, en répondant à des besoins plus profonds, aussi bien sur le plan relationnel qu’émotionnel.

Un appel à tous les papas

Je suis conscient que mon expérience peut sembler, aux yeux de certains lecteurs ou lectrices, celle d’un homme privilégié. Être un homme m’a en effet permis de vivre cette tension entre famille et travail à partir de ma propre position, sans avoir à gérer les difficultés liées à un environnement de travail parfois hostile aux femmes avec enfants, ni aux transformations profondes que la grossesse, l’accouchement et la maternité impliquent, surtout dans les premiers mois, entre la mère et l’enfant. Par ailleurs, tout le monde n’a pas la chance de pouvoir choisir son emploi ou de bénéficier d’une culture du travail qui valorise l’humain plutôt que la seule productivité.

Je souhaite que mon récit soit lu comme celui d’un père parmi d’autres, ni parfait ni déficient, mais comme une histoire partagée pour encourager d’autres papas à s’engager, à prendre la parole, quel que soit le contexte dans lequel ils se trouvent.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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