Quand l’enfant commence à parler : tout savoir sur les premiers mots et le développement du langage enfant

L’âge auquel un enfant commence à parler se situe généralement autour de son premier anniversaire, mais cette étape peut varier considérablement d’un bébé à l’autre, allant de 10 à 18 mois, car chaque enfant suit son propre rythme. Voici quelques éléments pour favoriser non seulement l’émergence des premières paroles, mais aussi le développement global du langage chez les tout-petits.

Quand un enfant décide de parler pour la première fois ?

Avant de répondre à cette question, il est essentiel de préciser ce que l’on entend par « parole ». Une parole désigne l’étiquette verbale que nous utilisons pour désigner un objet, un événement, une sensation, ou une idée. Elle doit remplir deux critères fondamentaux :

  1. Intentionnalité : la parole doit être utilisée dans un but précis. En général, les premières paroles du bébé servent à faire une demande, comme dire « Lait ! » pour réclamer à boire, ou à faire une déclaration, comme « Papa ! » pour signaler l’arrivée du père.
  2. Signification : la parole doit transmettre un sens clair. C’est pourquoi on peut considérer comme de véritables mots aussi bien les onomatopées (les sons imités tels que « ouaf » ou « vroum ») que les paroles incomplètes (par exemple « pallo » pour « palloncino ») ou encore les phonèmes modifiés ou déformés (comme « chocolé » pour « chocolat » ou « chaton » pour « chat »).

Par contre, il ne faut pas considérer la lallation (les sons répétés sans signification précise) comme une parole en soi, même si elle traduit une intention, car elle ne véhicule pas encore de message clairement compréhensible.

Alors, à quel moment un bébé commence-t-il à prononcer ses premières paroles ? Lorsqu’il est suffisamment mûr, c’est-à-dire qu’il remplit trois conditions essentielles :

  1. Réactivité : il montre de l’intérêt pour son environnement et, en particulier, pour les personnes qui l’entourent. Un regard vif, l’attention portée aux autres, en sont de bons exemples.
  2. Imitation : il est capable de reproduire (à sa manière) des gestes, des expressions ou des sons, par exemple en répondant à son grand-père avec un petit son ou une formule connue.
  3. Attention partagée : il partage son intérêt avec quelqu’un d’autre, par exemple en regardant ensemble un livre ou en observant un objet avec un adulte.

Ces compétences seront ensuite complétées par la capacité à comprendre le langage et à faire preuve d’abstraction, ce qui est nécessaire pour que l’enfant exprime ses premières paroles avec confiance.

La recherche scientifique indique que l’on commence généralement à parler vers 12-13 mois, soit au tournant du premier anniversaire. Toutefois, il faut garder en tête que la progression dans le développement du langage varie énormément selon chaque enfant : certains commenceront à parler dès 10 mois, d’autres plus tard, vers 18 mois. La norme tourne donc autour de cette fourchette de 10 à 18 mois, avec des variations tout à fait normales.

Quelles sont les premières paroles des enfants ?

Un outil en ligne appelé « Wordbank » permet d’obtenir des données très détaillées sur les premières paroles dans 42 langues différentes. Ce projet a été mis en place par le département de psychologie de l’université de Stanford, en Californie, en recueillant les questionnaires remplis par les familles. Il analyse les données de plus de 92 000 enfants et montre que « Maman » est la première parole pour 12 langues, tandis que dans sept autres, c’est « Papa ». En France, la plupart du temps, les premières paroles sont un mélange de « Maman » et « Papa », souvent à peu près en même temps ou avec une petite différence. Dans certains cas exceptionnels, on trouve des premières paroles comme « Nonna » en grec (grand-mère), « Ciao » en danois, « Marmelade » en australien ou encore « Automobile » en hébreu, selon les cultures.

Mais pourquoi ces mots cristallisent si tôt chez les bébés ? Il y a trois raisons principales :

  1. Ce sont des sons produits par des mouvements visibles de la bouche, que l’enfant voit et tente d’imiter facilement, puisqu’ils sollicitent les phonèmes /m/, /p/ ou /t/ qui sont simples à articuler.
  2. Ces mots s’articulent à partir de parties de la bouche déjà bien entraînées durant la succion durant la développement oral et la période de l’alimentation solide.
  3. Ils font partie de ce qu’on appelle les « mots sociaux », c’est-à-dire des mots qui permettent à l’enfant de demander quelque chose ou d’attirer l’attention, comme « Maman », « Papa », « Non » ou les noms d’objets et de personnes qu’il veut désigner.

Cela explique pourquoi la majorité des premières paroles concernent des membres de la famille, des aliments, des jouets ou bien des onomatopées.

Comment aider les enfants à dire leurs premières paroles ?

Pour encourager le développement du langage chez le tout-petit, il existe plusieurs stratégies simples à mettre en place, accompagnées d’activités ludiques et éducatives. Voici quelques conseils pour stimuler l’expression orale :

  • Commenter : décrivez de façon vivante ce que le bébé regarde ou touche, en utilisant des mots liés aux cinq sens. Par exemple, lors d’une promenade dans le parc, vous pouvez dire : « Écoute comme les feuilles craquent [audition]. Elles sentent bon le bois et l’automne [odorat]. Elles sont toutes d’un vert tendre, cette feuille est rugueuse, celle-ci est lisse [toucher]. » Même lors des routines quotidiennes, comme le bain ou le changement, c’est une occasion d’enrichir le vocabulaire et de rendre ces moments agréables pour l’enfant.
  • Écouter : la communication est un dialogue ! Au lieu de parler en continu, donnez au bébé le temps de répondre à sa manière, même si c’est par un son ou un geste. Faites une pause de quelques secondes entre deux phrases (environ 5 secondes) pour laisser l’enfant traiter l’information et réagir. Cela l’incite à participer davantage.
  • Élargir son univers : plus l’enfant vit d’expériences variées, plus il a d’occasions d’apprendre. La lecture d’histoires, les activités musicales, les massages pour bébés ou simplement des sorties au marché ou au parc sont d’excellents leviers. Chaque nouvelle expérience enrichit son vocabulaire et son understanding.
  • Parler face à face, lentement, avec mimique et gestuelle : accentuer l’articulation, faire des expressions du visage et jouer avec la tonalité de la voix tout en étant expressif encourage l’enfant à imiter et à s’intéresser. Les mouvements de la bouche doivent être prononcés pour favoriser la compréhension et la répétition.
  • Utiliser un langage simple mais précis : il ne faut pas confondre simplicité et infantilisme. Le but est d’utiliser des mots justes, précis, dans des phrases courtes mais complètes. Évitez par exemple de dire « Tiens, le truc là-bas », privilégiez « Regarde le ballon rouge ». Inutile d’utiliser des onomatopées ou des mots trop simplistes, sauf si cela paraît naturel pour l’enfant.

Voici maintenant ce qu’il faut éviter, avec quelques conseils pour corriger certaines erreurs courantes :

  • Anticiper ses besoins : ne faites pas tout à sa place, car cela prive l’enfant d’une occasion d’expression. Par exemple, si vous lui donnez déjà son verre vide à boire, il ne pourra pas demander « lait » ou « eau ». Laissez-le signaler son besoin par un mot ou un geste.
  • Interdire le bilinguisme : ces deux langues ou plus vécues dans un même foyer sont un atout pour le développement global, cognitif et culturel. Chaque parent ou proche doit parler dans la langue qu’il maîtrise le mieux, pour donner un bon modèle linguistique.
  • Faire semblant de ne pas comprendre ses gestes ou ses mots : cette stratégie peut provoquer frustration et retard dans l’apprentissage. Au contraire, il faut répondre en nommant l’objet ou en reformulant pour encourager la répétition et l’association du mot à l’image. Si un enfant pointe un jouet, nommez-le calmement pour qu’il fasse le lien.
  • Utiliser la télévision ou les vidéos éducatives en excès : selon les recommandations de la Société Française de Pédiatrie, il est conseillé de limiter au maximum l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de deux ans. Les contenus strictement éducatifs ne doivent pas remplacer les interactions avec les adultes, qui restent le principal vecteur d’apprentissage pour le langage.
  • Dire que le tétine n’a jamais causé de problème : le rôle de la tétine peut effectivement aider lors des premiers mois pour rassurer ou calmer, mais son usage prolongé peut freiner le développement du langage, car il maintient une position constante de la bouche et limite la sollicitation des muscles oraux. D’un âgé d’un an ou plus, il est conseillé de réduire progressivement son usage.

Comment repérer d’éventuels problèmes ?

Il est important de surveiller certains signaux qui peuvent indiquer un retard ou un trouble du développement du langage. Si ces signes apparaissent, il est préférable de consulter un professionnel, notamment le pédiatre ou un spécialiste du langage, pour un diagnostic précis. Voici quelques indicateurs à ne pas négliger :

  • Si votre enfant a des difficultés à entendre, par exemple après plusieurs otites, s’il ne réagit pas aux appels ou aux bruits forts, ou si son comportement laisse penser qu’il vit dans son propre univers ;
  • Si l’enfant ne maintient pas le contact visuel, ne partage pas ses intérêts avec vous, ne sourit pas ou présente des comportements répétitifs ou stéréotypés, cela peut signaler des troubles plus spécifiques.
  • Si le bébé a du mal à bouger la langue ou les muscles de la bouche, surtout lors de l’introduction des aliments solides ou du sevrage.
  • Enfin, si l’enfant ne communique pas par le regard, par des gestes, des expressions ou des sons, hormis le cri ou le pleur, cela peut aussi nécessiter une attention particulière.

Dans tous les cas, mieux vaut consulter un professionnel si vous avez le moindre doute. Un suivi précoce permet souvent de soutenir l’enfant dans ses progrès et d’identifier d’éventuels besoins spécifiques.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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