Comment gérer et faire face aux caprices des enfants : conseils pratiques pour les parents

Crises de colère et accès de rage incontrôlables, envies soudaines ou bizarreries souvent de courte durée. Quelles sont véritablement les causes de ces caprices chez l’enfant et comment y faire face de manière concrète et efficace ? Voici l’explication de l’éducatrice montessorienne Francesca Perica.

« Mon enfant a 2 ans et il fait des caprices tout le temps ! Pourquoi ? » nous demande Elena, maman de Pietro. Commençons par préciser que l’âge de 2 ans est généralement considéré comme la période durant laquelle les caprices deviennent particulièrement fréquents. Les luttes pour s’habiller, pour manger ce qu’il préfère, pour aller dormir ou quitter le parc d’attractions sont presque quotidiennes pour de nombreux parents.

Ce contexte peut rapidement faire naître en nous un sentiment de fatigue, d’impuissance et de frustration, jusqu’à atteindre un point où, en état de colère, nous perdons toute capacité à rester connectés à notre enfant. Nous allons examiner ci-après quelques conseils pour gérer et affronter les caprices chez les enfants, en tenant compte aussi de leur âge.

Pourquoi naissent les caprices ?

Il est d’abord utile de préciser que le mot « caprice » est souvent mal utilisé pour décrire ces envies soudaines ou ces comportements bizarres, souvent de courte durée, que l’enfant manifeste, et que nous, parents, pouvons ou non satisfaire. L’expression anglo-saxonne temper tantrums, qui peut se traduire par « accès de colère » ou « rage incontrôlable », est en réalité plus appropriée. Elle reflète bien l’incapacité du jeune à réguler ses émotions et ses comportements.
Il est essentiel de comprendre que ces attitudes, qui peuvent nous sembler excessives ou désagréables, ne sont ni immotivées ni insensées. Au contraire, elles reposent toujours sur un besoin implicite, qui demande à être vu, reconnu et validé.

Prenons un exemple : il est tôt le matin, et notre enfant refuse obstinément de se préparer. Même si nous lui proposons de porter son T-shirt préféré, il réplique qu’il ne l’aime plus, et il se met à pleurer de manière incontrôlable (ce qui peut même provoquer des spasmes affectifs), allant jusqu’à jeter son vêtement. Face à un tel comportement, beaucoup de parents se laissent envahir par la nervosité. Devant la précipitation, ils peuvent réprimer l’enfant brutalement en lui forçant à s’habiller, parfois avec des menaces ou beaucoup d’efforts.
Ce type de situation aboutit généralement à une véritable lutte de pouvoir, dans laquelle aucune des deux parties n’en sort gagnante.

Il aurait probablement été possible de gérer cette scène différemment si l’adulte, plutôt que de s’obstiner, avait tenté de l’écouter. En réalité, le besoin apparent du capricieux n’est presque jamais celui qu’on croit. Dans notre exemple, le véritable problème pour l’enfant ne concernerait pas la chicane sur le choix du T-shirt, mais plutôt la conscience qu’en étant prêt, il devra quitter le domicile pour aller à l’école, se séparer de ses parents.
De cette façon, cette réaction, qui nous semble irrationnelle, exagérée ou insensée, prend alors tout son sens. Grâce à ce comportement, l’enfant essaie de communiquer, même maladroitement, quelque chose qu’il n’est pas encore capable d’exprimer avec des mots : la peur et la tristesse liées à la séparation avec l’adulte qu’il aime.

Au lieu de minimiser cette expérience, notre rôle devrait être de l’aider à l’identifier et à l’exprimer, en lui fournissant les mots qui lui manquent : « Tu sembles triste. Que se passe-t-il ? Tu aimerais encore rester avec moi ? Je comprends, moi aussi j’aimerais continuer à passer du temps avec toi. »
Il faut faire preuve d’empathie pour faire de la place à ce que le petit vit, percevoir ses ressentis et lui faire savoir qu’il a le droit d’éprouver ce qu’il ressent.

Il est primordial de se rappeler qu’un jeune enfant vit tout simplement une période de désorganisation face à des émotions intenses. Il ne s’agit pas d’une provocation, ni d’un défi, ni d’une volonté consciente de faire le mal à l’autre. Il y a une émotion bloquée, un problème à résoudre, un besoin d’un adulte capable de l’écouter et de lui apporter son aide.

Comment gérer concrètement les caprices

Mais comment faire face concrètement aux caprices ? Il n’existe pas de solution miracle. Étant donné que ces comportements sont liés à un développement neurologique en cours, les adultes doivent faire preuve de patience, de temps, et de beaucoup d’accompagnement.
La clé pour réagir de manière respectueuse et consciente face aux caprices, c’est avant tout de garder son calme. Il faut partir du principe que ces comportements n’ont pas pour but de nous défier, mais qu’ils sont une façon pour l’enfant de communiquer quelque chose.

Si le jeune crie et jette ses jouets, que ses attaques soient de type verbale ou physique, se mettre en colère ou réagir avec dureté ne fera qu’aggraver la situation. En pleine crise, l’enfant est tellement déséquilibré qu’il ne serve à rien d’essayer de le raisonner avec des arguments logiques ou de lui donner des conseils. La priorité doit être de tenter de recréer un lien, une oreille attentive. Descendons à son niveau, cherchons son regard. S’il refuse notre contact visuel, restons simplement présents, avec douceur.

Une fois que l’enfant est passé de l’état de réactivité extrême à une phase de réceptivité, on pourra lui parler. Avec des mots simples, décrivons ce qui est arrivé, en verbaliser ce que l’on perçoit de ses émotions, pour l’aider à mettre un nom sur ce qu’il ressent. Par exemple : « Je vois que tu es très en colère. Je comprends ce que tu ressens, mais je dois te calmer pour te protéger. »

Il est essentiel de lui faire comprendre que chaque émotion est légitime, même si certains comportements le sont moins. La prochaine étape consistera à lui apprendre à exprimer ses sentiments de manière plus adaptée, en lui proposant des stratégies pour mieux communiquer son ressenti.

Les « 3 C » pour prévenir les caprices

Même si faire face à un caprice est une étape normale dans la croissance de l’enfant, il est possible d’agir en amont pour en réduire la fréquence. Pour cela, essayons d’assurer à notre enfant :

  • Clarté. Lorsqu’on prend une décision, il est impératif de la communiquer clairement à l’enfant. Cela est encore plus crucial en cas de refus. N’ayons pas peur de dire « non » quand c’est nécessaire (par exemple, quand il veut porter un short en plein hiver). Mais faisons-le avec fermeté, tout en restant bienveillants et rassurants.
  • Cohérence. Les jeunes enfants n’aiment pas les changements brusques. Établir une routine stable est la meilleure façon de leur permettre de s’orienter dans leur quotidien. La cohérence doit aussi se traduire dans la gestion des règles, des limites et des décisions. Si on a décidé que les desserts ne sont pas permis après 19 heures, il faut respecter cette décision autant que possible.
  • Communication. Il est souvent utile de bien comprendre que derrière les caprices se cache un besoin d’affirmation de soi. Lorsqu’un enfant refuse de mettre la veste que l’on lui propose et préfère une autre, c’est une façon pour lui de dire qu’il souhaite être considéré comme un individu autonome, avec ses propres opinions et désirs. Plutôt que de se lancer dans des luttes sans fin de pouvoir, on peut faciliter la prise de décisions. Par exemple : « Tu peux choisir entre cette veste bleue ou cette sweatshirt jaune, mais sous la condition de porter un autre haut en dessous. »

Enfin, il est conseillé de prendre note des situations où l’enfant perd plus facilement le contrôle. En faisant des petits comptes rendus, on peut repérer certains schémas, et ainsi mieux prévenir ces déclencheurs. Il ne faut pas oublier que l’on ne peut pas contrôler ses émotions, mais on peut essayer de contrôler les circonstances, d’aider l’enfant à comprendre ce qui lui arrive, et à élaborer ses ressentis dans le respect et la connexion.

Les caprices : comment faire avec les enfants plus grands ?

Comme on l’a vu, les « terribles deux » — ces caprices des tout-petits autour de 2 ans — sont bien connus. Mais que signifie-t-il si les enfants continuent à faire des caprices à 5, 6, 7 ans, ou même au-delà ?
En général, au moment où ils franchissent l’âge de 5 ou 6 ans, on constate une nette diminution des caprices. Avec le temps, l’enfant améliore ses capacités de langage et commence à développer des capacités d’autorégulation émotionnelle plus fondamentales.

Cela dit, cela ne veut pas dire que les caprices disparaissent totalement. Au contraire, il est parfaitement normal que même les enfants d’âge scolaire y soient sujets. Certains peuvent avoir besoin de plus de temps pour apprendre à gérer leurs émotions fortes ou pour exprimer et moduler des sentiments difficiles, comme la frustration, la jalousie ou l’ennui. La cause peut aussi résider dans des difficultés à gérer une situation spécifique (à l’école, ou dans leur relation avec les autres) ou des conditions comme le stress ou l’anxiété.

Chez les enfants plus grands également, il ne faut pas céder à la tentation de punir ou de menacer en réponse à une crise. Ce n’est pas une solution durable. Il vaut mieux créer un espace sécurisant, où l’enfant peut se sentir protégé et épaulé. Lorsqu’il est prêt à parler, il faut l’encourager à verbaliser ses ressentis. En comprenant d’où vient le problème fondateur, il sera plus simple d’élaborer des solutions pour retrouver le calme et avancer ensemble.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
Laisser un commentaire

16 − 5 =