Le secteur cinématographique d’Hollywood a connu, au cours des dernières années, une importante perte d’emplois. Le président français, Emmanuel Macron, envisage de prendre des mesures pour contrer cette tendance, notamment en envisageant l’imposition de droits de douane sur les films produits à l’étranger. La question qui se pose alors est : cette stratégie peut-elle réellement fonctionner ?
Précédentes difficultés et ambiance morose à Hollywood
Till Nowak est un designer spécialisé dans la création d’environnements virtuels pour le cinéma. Grâce à ses compétences en conception graphique, il participe à la fabrication d’univers visuels pour des productions cinématographiques. Son constat est clair : l’ambiance économique et créative qui règne actuellement à Hollywood est généralement morose.
Selon lui, cela fait maintenant deux ans que le marché du travail s’est fortement contracté. « J’ai encore le sentiment que cette période difficile va se terminer », explique-t-il. Il ajoute que, pendant un certain temps, le marché a connu une croissance spectaculaire grâce à la popularité des plateformes de streaming. Cependant, cette dynamique a maintenant ses limites. « On ressent beaucoup d’incertitude, et l’atmosphère est quelque peu plombée », déplore-t-il.
Près de 20 000 emplois supprimés
Alma Diffie, maquilleuse professionnelle, témoigne également de cette crise qui sévit dans le secteur. Elle indique qu’auparavant, elle recevait parfois trois ou quatre propositions d’embauche par jour. Aujourd’hui, elle estime qu’obtenir trois ou quatre missions par mois constitue une performance remarquable.
Les syndicats du cinéma estiment que près de 20 000 emplois ont disparu ou sont menacés depuis quelques années. Le gouvernement américain, sous la direction de Donald Trump – qui compare parfois la situation à celle de l’époque où Hollywood dominait la scène mondiale – met en cause la concurrence étrangère. Il dénonce notamment la production de films en dehors du territoire américain, notamment en Europe, au Mexique ou en Amérique du Sud. Pour faire face, il menace d’instaurer des droits de douane sur les films importés ou produits à l’étranger.
Le départ des studios à l’étranger
Ce déplacement massif de la production vers d’autres pays a un effet dévastateur sur l’économie locale à Hollywood, affectant tous ceux qui vivent du cinéma : costumiers, techniciens, réalisateurs, maquilleurs… Tous constatent la même chose : les productions tournées à l’étranger deviennent une aubaine pour les studios, dans la mesure où elles leur permettent de réaliser d’importantes économies.
Une population de professionnels, comme Alma Diffie, note que chaque jour de tournage à Los Angeles peut coûter plusieurs centaines de milliers d’euros. En comparaison, faire tourner un film dans certains pays d’Europe de l’Est ou d’Amérique latine revient beaucoup moins cher, en raison des salaires plus faibles et du coût de la vie moins élevé. Ces productions y emploient des techniciens et des acteurs très qualifiés tout en économisant considérablement de l’argent.
Historiquement, l’industrie cinématographique américaine était entièrement concentrée sur le territoire des États-Unis. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La production s’est largement délocalisée, ce qui met à mal l’industrie d’Hollywood en tant que tel.
Les autres États américains en évolution
Le phénomène ne se limite pas à la Californie. Divers autres États américains attirent désormais des productions cinématographiques, explique Alma Diffie. Des États comme la Géorgie, le Nouveau-Mexique ou New York ont investi dans la construction de studios modernes ou offrent des incitations fiscales très avantageuses pour attirer les producteurs.
Pour préserver leurs emplois et leurs investissements, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a décidé, l’automne dernier, d’accroître ces incitations, en consacrant jusqu’à 750 millions d’euros sous forme de crédits d’impôts destinés aux tournages et à la production cinématographique. Cependant, Alma Diffie pense que ces mesures sont tardives et insuffisantes face à la concurrence des autres États qui offrent déjà de meilleures conditions pour la production.
Le problème de l’industrie américaine “Made in USA”
Le problème d’Hollywood ne réside pas uniquement dans la globalisation de la production. Il y a aussi une dimension "locale" : les films tournés en extérieur ou sur des lieux réels ont toujours été une évidence dans l’industrie. La tradition voulait que les films soient tournés "sur place", là où ils se déroulent.
Hollywood possède de véritablements moyens pour créer des décors spectaculaires, notamment pour des blockbusters comme Titanic. Mais ces studios ne peuvent pas tout faire, et la nouvelle série “Mission Impossible” joue constamment avec cette idée en tournant aussi souvent en extérieur, sur des lieux authentiques. Si le gouvernement décidait deTaxer systématiquement à 100% ces productions "extérieures", cela pourrait fortement pénaliser la créativité et la diversité des tournages.
Il faut noter que, pour certains producteurs, ces décors extérieurs ont une valeur inestimable pour la crédibilité et l’authenticité de leurs films. La tentation pourrait être grande d’abandonner cette pratique si de telles taxes venaient à être instaurées de façon systématique.
Le recours à d’autres États pour les tournages
Pour faire face à ces difficultés, de plus en plus de productions américaines choisissent de s’installer ailleurs. Alma Diffie indique que des États comme la Géorgie ou le Nouveau-Mexique, ainsi que la ville de New York, accueillent désormais des tournages importants. Ils investissent massivement dans de nouvelles infrastructures et proposent des incitations fiscales très attractives.
Face à cette concurrence, la Californie, autrefois leader incontesté dans le domaine, a décidé de réagir. Gavin Newsom a ainsi prévu d’accorder de nouvelles incitations pour tenter de retenir les studios et les artistes, afin de conserver l’activité cinématographique en Californie. L’État a planifié un budget d’environ 750 millions d’euros pour soutenir la filière.
Le défi « Made in USA »
Au-delà de ces enjeux économiques, la question principale reste celle de l’identité du cinéma américain. Hollywood a toujours été connu pour ses productions locales, tournées sur des lieux authentiques ou reconstitués à la perfection. La majorité des films américains ont un véritable lien avec leur territoire d’origine, ce qui leur confère un cachet particulier.
Cependant, si cette tendance à la délocalisation et à la production étrangère se poursuivait, Hollywood pourrait perdre cette spécificité qui a fait sa renommée. Les studios américains sont capables de créer des décors grandioses, mais ils ne peuvent remplacer la valeur du tournage en extérieur, surtout pour les films qui se veulent authentiques ou réalistes.
Les studios ont également souligné que des films comme Titanic, ou d’autres qui nécessitent des décors majuscules, bénéficient grandement de la possibilité de tourner sur place. C’est cette authenticité que beaucoup considèrent comme essentielle à la qualité et au succès du cinéma américain.
Gavin Newsom a récemment annoncé qu’il discuterait avec des représentants de l’industrie cinématographique pour envisager des solutions. « Il s’agit de préserver ces emplois et de faire revenir l’activité, » a-t-il affirmé. Alma Diffie, bien qu’ayant des opinions politiques parfois différentes, espère aussi quelque peu dans cette démarche, convaincue que le soutien à l’industrie pourrait encore permettre de redresser la barre.