La plagiocefalia chez le nourrisson : causes, diagnostic, traitement et prévention
Qu’est-ce que la plagiocefalie ?
La plagiocefalie désigne une déformation anormale du crâne du nourrisson, caractérisée par une tête plate, généralement d’un seul côté. Cela peut apparaître dès la naissance ou se développer au cours des premiers mois, principalement à cause d’une position maintenue trop longtemps dans la même orientation. Lorsqu’on regarde ou que l’on touche la tête du bébé, on peut constater que celle-ci présente une zone aplatie, comme si elle avait été comprimée ou écrasée. Le bébé a tendance à dormir ou à se reposer en s’appuyant toujours sur le même côté de sa tête, ce qui accentue cette déformation. Le phénomène ressemble à un ballon dégonflé qui, lorsqu’il touche le sol, se aplati et ne peut plus rebondir ou rouler normalement. C’est cela la plagiocefalie, une forme de déformation de la forme crânienne du nouveau-né.
Le terme vient du grec plagios (πλάγιος), signifiant « oblique » ou « de travers », et kephalé (κεφαλή), qui veut dire « tête ».
Les causes de la plagiocefalie
La forme la plus rencontrée de cette déformation chez le nourrisson est ce qu’on qualifie de « plagiocéphalie positionnelle ». Elle résulte d’une déformation asymétrique unilatérale du crâne, causée par le maintien prolongé dans une position particulière, que ce soit à l’intérieur de l’utérus ou après la naissance. Elle concerne surtout la partie arrière ou latérale de la tête. La tête de bébé devient alors « tordue », et d’autres parties du crâne peuvent aussi présenter des anomalies secondaires. Par exemple, lorsqu’on regarde la tête d’en haut, on peut constater qu’un œil a une position plus avancée que l’autre, ou que la mâchoire présente une asymétrie. La joue d’un côté peut également apparaître plus bombée que l’autre.
Mais pourquoi cela arrive-t-il ? Plusieurs causes peuvent expliquer cette déformation.
Les causes de la tête plate du nourrisson
L’incidence de cette condition, si elle est de nature positionnelle, varie selon l’âge. Elle est plus fréquente dans les premiers six mois de vie, et tend à diminuer jusqu’à deux ans. En Europe, la prévalence atteint environ 37,8 % chez les bébés nés à terme, sans pathologies préexistantes, entre la huitième et la douzième semaine de vie.
Mais qu’est-ce qui provoque concrètement cette tête plate ? De nombreux facteurs entrent en jeu, comme les pièces d’un puzzle contribuant chacun à leur manière. On peut distinguer trois grands groupes de causes : celles présentes avant, pendant et après la naissance.
Facteurs durant la grossesse (vie intra-utérine)
Avant la naissance, la position adoptée par le bébé dans l’utérus joue un rôle crucial. En effet, la manière dont il se place dans le ventre maternel influence la formation du crâne dès cette période. Certaines conditions particulières peuvent également intervenir, comme une quantité insuffisante de liquide amniotique, cette substance qui entoure le fœtus dans le sac amniotique. Lorsque cette quantité diminue, l’espace disponible pour le bébé se réduit, limitant le mouvement et la capacité de bouger librement, ce qui peut favoriser une compression du crâne.
Les grossesses gémellaires augmentent aussi le risque, car la présence de deux ou plusieurs fœtus réduit l’espace disponible dans l’utérus, augmentant la probabilité que la tête du bébé soit maintenue dans une position comprimée contre la paroi utérine.
Facteurs liés à l’accouchement
Ce n’est pas seulement dans l’utérus que la tête peut subir des pressions. Lors de l’accouchement, certains événements peuvent également favoriser la déformation crânienne du nourrisson. Par exemple, le premier accouchement, souvent plus long et difficile, expose davantage à ce risque. De même, un accouchement difficile, nécessitant l’aide d’instruments comme le forceps ou la ventouse, peut aussi contribuer à modeler la tête du nouveau-né, dont le crâne reste encore très malléable. Les bébés issus de grossesses gémellaires ont plus de risques d’être affectés, non seulement du fait du manque d’espace, mais aussi en raison d’un risque accru de travail prédisposant à un accouchement plus difficile.
Facteurs rencontrés après la naissance
Après la sortie de la maternité, une position maintenue trop longtemps du même côté de la tête demeure la cause principale de la plagiocefalie positionnelle. Plusieurs éléments peuvent encourager cette posture. La prématurité, par exemple, augmente de façon notable ce risque. Les bébés nés prématurément ont une tête plus flexible, ce qui facilite la déformation, et ils passent plus de temps immobiles en raison d’un tonus musculaire inférieur, en particulier dans les premiers mois. Leur comportement naturel tend à les faire rester longtemps dans la même position, ce qui favorise la formation d’une tête plate.
Le torticolis musculaire (ou torcicollo) est une autre cause, même si elle est moins fréquente. Il s’agit d’une contracture anormale, soit congénitale soit acquise, du muscle sterno-cléido-mastoïdien situé dans le cou. Lorsqu’il est contracté, il incline la tête du bébé d’un côté. La plupart du temps, cette condition se résout d’elle-même, mais si elle persiste, le bébé ne peut pas tourner la tête de l’autre côté, ce qui conduit à un appui constant de la tête sur un seul côté. Le maintien prolongé dans cette position favorise ainsi la déformation asymétrique du crâne.
Enfin, la position du bébé couchée sur le dos, recommandée pour dormir et réduire le risque de décès subit brutal du nourrisson, si elle est adoptée de façon prolongée sans variétés de position, accroît également la probabilité de développer une tête plate.
Comment traiter et prévenir la plagiocefalie
Une fois le diagnostic posé par le médecin, à travers un examen clinique simple, il est possible d’envisager une gestion adaptée. Mais comment traiter une tête plate chez le nourrisson ? Selon l’âge du bébé et la gravité de la déformation, différentes stratégies peuvent être proposées.
Il est primordial d’agir rapidement. Le crâne du nourrisson reste très malléable dans les premiers mois, et une intervention précoce permet d’utiliser des méthodes naturelles et moins invasives. En général, si la déformation est légère et de nature positionnelle, un traitement conservateur suffira. Les conseils pratiques pour prévenir ou corriger la tête plate sont largement similaires.
L’importance d’une alternance régulière des positions du bébé ne peut être sous-estimée. Le nourrisson a tendance à orienter sa tête du côté où la déformation est présente, ce qui aggrave la situation. Il est donc essentiel de changer fréquemment la position de son ensemble corporel ou d’encourager la pratique du « tummy time » (le temps sur le ventre), qui consiste à faire passer le bébé sur le ventre lorsqu’il est éveillé, afin de favoriser une meilleure symétrie du crâne et de renforcer la musculature cervicale.
Si ces mesures simples ne suffisent pas, il est conseillé d’envisager une prise en charge en kinésithérapie, en particulier si le torticolis est associé. La physiothérapie aide à détendre les muscles contractés et à améliorer la mobilité du cou.
Au-delà de six mois, ou si la déformation persiste malgré les soins, certains spécialistes proposent un traitement plus spécifique. Parmi ceux-ci, le port d’un casque orthopédique sur mesure, fabriqué en matériau thermoplastique, pour accompagner la croissance du crâne et redonner une forme plus symétrique, notamment dans les cas modérés à sévères. La pose de ce type de casque reste cependant rare et encadrée.
Tout en étant une condition généralement bénigne, la plagiocéphalie non traitée peut entraîner, à long terme, des conséquences esthétiques mais aussi fonctionnelles : troubles de la mastication, difficultés dans le déplacement du crâne et, encore sujet à débat, certains impacts possibles sur le développement moteur ou la coordination.
En résumé, la clé réside dans la prévention, la détection précoce et la prise en charge adaptée, pour garantir au bébé une croissance harmonieuse et éviter des complications futures.