Le Véga Rubin Observatory a dévoilé ses toutes premières images : un aperçu spectaculaire de l’Univers, allant des nébuleuses situées dans notre propre galaxie jusqu’aux amas de galaxies et aux astéroïdes en orbite entre la Terre et Mars.
Les nébuleuses : des détails saisissants révélés par le Véga Rubin
Après sept heures d’observations, réalisées à partir d’un mosaïque de 678 expositions, les images capturées de la Nébuleuse Trifide et de la Nébuleuse de la Lagune, situées respectivement à 9 000 et 5 200 années-lumière de distance, offrent une vision impressionnante de ces régions cosmiques. Les jeunes étoiles et les masses de gaz apparaissent en couleurs vives : le rose des zones ionisées, la teinte orangée de la poussière interstellaire. Des détails que les instruments précédents n’avaient jamais réussi à révéler avec une telle précision. Selon Rachel Webster, astrophysicienne à l’Université de Melbourne : « Les images sont d’une netteté remarquable, même en forte augmentation ».
L’amas de la Vierge : un ballet d’étoiles et de galaxies
Une autre série d’images a permis d’observer l’Amas de la Vierge, situé à environ 55 millions d’années-lumière. La vision montre un grand nombre de galaxies, dont certaines sont en cours de fusion. La caméra incroyablement puissante du télescope a permis de repérer des « taches » mystérieuses — des zones floues ou peu définies, souvent liées à des galaxies faibles ou très éloignées — ainsi que des ponts de lumière, ou « ponts stellaires », entre différentes galaxies, suggérant la présence de systèmes sans centre lumineux apparent. Comme l’explique Tania Barone, de l’Université Swinburne en Australie : « Le télescope James Webb ne pourrait observer qu’une seule galaxie à la fois ; ici, nous avons la vue globale ».
Les astéroïdes : un rapide inventaire du ciel
En seulement 10 heures d’observation, le Véga Rubin a détecté 2 104 nouveaux astéroïdes dans notre système solaire, dont sept sont des objets potentiellement dangereux, proches de la Terre (les NEO – Near-Earth Objects). Heureusement, aucune menace immédiate n’a été détectée. Ce résultat positionne clairement l’observatoire comme un acteur majeur dans la surveillance des objets susceptibles de présenter un risque.
Une capacité révolutionnaire au service de la science à long terme
Le Véga Rubin, doté d’un télescope de 8,4 mètres de diamètre et de la plus grande caméra numérique au monde, d’une résolution de 3 200 mégapixels, est installé à 2 682 mètres d’altitude sur le Cerro Pachón, dans le désert d’Atacama, en raison de sa atmosphère particulièrement stable, idéale pour l’observation astronomique. Au cœur du projet se trouve le Legacy Survey of Space and Time (LSST), une vaste étude en cours, qui prévoit de cartographier le ciel austral sur une période de dix ans. À chaque passage, chaque nuit, des images seront prises de milliards d’étoiles, de galaxies, de supernovas et d’astérites, permettant non seulement de repérer rapidement les objets en chemin vers la Terre mais également de suivre l’évolution dynamique de l’Univers observable en quelques jours. Un vrai changement dans la façon d’étudier le ciel, avec la possibilité de lancer des alertes immédiates sur des événements transitoires, tels que des explosions de supernovas, des sursauts gamma ou des variations de luminosité de certaines étoiles ou galaxies. Ces notifications, en moins de 60 secondes, représenteront une avancée majeure pour l’astronomie en temps réel.
À la recherche de la matière et de l’énergie noires
Porté par l’hommage à Vera Rubin, pionnière dans la preuve de l’existence de la matière noire, le Véga Rubin s’inscrit aussi dans un objectif ambitieux : découvrir les mystères de l’énergie noire et produire ce qu’on pourrait qualifier de plus grand « film cosmique » jamais réalisé. Cette séquence en mouvement illustrera l’évolution de l’Univers dans sa grandeur et sa complexité, tentant de répondre aux questions fondamentales sur sa composition et son destin.