Selon une étude menée auprès de 4 351 personnes provenant du monde entier, la tolérance envers les extrêmement riches varie en fonction du contexte social, économique et culturel dans lequel chaque individu évolue.
Les prozé de Jeff Bezos ont suscité la controverse
Les récentes noces du propriétaire du groupe Amazon, Jeff Bezos, ont provoqué de vives discussions concernant la possibilité de mettre en sécurité une ville entière pour ces célébrations, en dépensant une somme astronomique (pour un citoyen lambda, du moins) d’argent. Cette union fastueuse a ravivé les débats sur la perception de la richesse extrême dans notre société.
Le rapport d’Oxfam publié en 2017 révélait que les huit personnes les plus riches de la planète, parmi lesquelles figure notamment Jeff Bezos, détiennent une fortune équivalente à celle de la moitié de la population mondiale. Mais quelle est la perception sociale de ces super-riches ? Est-il considéré comme moral d’accumuler une telle richesse ? Une étude publiée dans la revue PNAS Nexus a tenté de répondre à cette question. Voici ce qu’elle a découvert.
Les pays plus et moins tolérants envers les ultra-riches
Les chercheurs ont interrogé 4 351 personnes issues de 20 pays différents, leur demandant si elles considéraient qu’avoir « trop d’argent » était moralement répréhensible. La notion de « richesse excessive » n’avait pas été définie précisément par les enquêteurs, afin de respecter les différences culturelles et individuelles.
Les résultats ont montré que les citoyens de Russie, de Suisse et d’Irlande étaient ceux qui exprimaient le plus souvent des réserves morales concernant l’accumulation de richesses délirantes. À l’inverse, en Argentine, au Pérou et au Mexique, la désapprobation envers les super-riches était nettement moindre. Les données faisaient ressortir une tendance claire : les habitants des pays plus riches, notamment avec un PIB plus élevé, sont plus susceptibles de considérer comme immorale une richesse excessive. Les chercheurs avancent que cela pourrait s’expliquer par le fait que dans ces pays, les effets néfastes de la richesse extrême — tels que la corruption, l’évasion fiscale ou l’abus de pouvoir — sont plus visibles, et que dans des sociétés plus égalitaires, la distribution des ressources étant perçue comme plus juste, la population est plus sensible aux inégalités.
Les opinions des individus face à la richesse
À titre personnel, ceux qui valorisent l’autorité, le mérite et la récompense des efforts fournis ont tendance à excuser plus facilement l’accumulation effrénée de richesses, tout comme ceux qui adoptent des positions politiques de droite. Par ailleurs, l’étude met en évidence que les jeunes générations sont généralement plus critiques vis-à-vis de l’accumulation excessive de capitaux que les personnes plus âgées. Cela reflète l’évolution des mentalités, avec une prise de conscience croissante autour des questions de justice sociale et de répartition équitable des ressources.
En résumé, le rapport souligne qu’il n’existe pas de réponse claire à la question « Être ultra-riches est-il immoral ? ». Les perceptions sont en réalité variables selon le contexte social, économique et culturel. La vision qu’ont les individus de la richesse extrême dépend largement de leur environnement, de leurs valeurs et de leur rapport à la justice sociale.