Hémorragie post-partum : fréquence, causes et prévention

Perte sanguine après l’accouchement : que faut-il savoir ?

Dans les minutes ou les heures qui suivent la naissance d’un bébé, il est possible de constater des pertes de sang nécessitant une intervention médicale rapide. Mais qu’est-ce qui peut en être la cause ? Et comment doit-on gérer cette situation d’urgence ?

Quelle est la fréquence des hémorragies postpartum ?

Les signes d’une hémorragie postpartum se traduisent par des pertes sanguines qui apparaissent dans les minutes ou les heures qui suivent la naissance. La classification de ce phénomène repose essentiellement sur la quantité de sang perdu et le moment de son apparition. Plus précisément, on distingue :

  • Hémorragie primaire : elle désigne une perte de sang dépassant 500 ml lors d’un accouchement vaginal ou 1 000 ml après une césarienne, survenant dans les 24 premières heures après la naissance.
  • Hémorragie secondaire : elle apparaît plus tardivement, entre 24 heures et 12 semaines après l’accouchement.

Statistiquement, les hémorragies postpartum de type primaire sont nettement plus fréquentes. La fréquence varie également selon les régions du globe : elles sont plus courantes dans les pays à faible revenu, tout en restant une problématique toujours présente dans les pays plus riches. Aujourd’hui, on estime que l’incidence des hémorragies primaires post-partum se situe entre 5 % et 15 % des naissances.

Quelles sont les causes possibles d’une hémorragie postpartum ?

Les causes peuvent varier, mais elles sont souvent répertoriées selon la règle des « quatre T » :

  1. Tonus utérin : la cause principale est l’atonie utérine, c’est-à-dire l’absence de contraction de l’utérus après l’accouchement. Cette contraction est essentielle pour arrêter le saignement en créant un bloc hémostatique. L’hémorragie due à l’atonie utérine représente environ 70 % des cas d’hémorragies postpartum.
  2. Traumatisme : un saignement lié à une lacération ou une lésion lors de l’accouchement.
  3. Tissu : la présence résiduelle de fragments de placenta, de membranes ou de caillots au sein de la cavité utérine peut compliquer l’hémostase.
  4. Trombine : il s’agit de cas très rares, représentant moins de 1 %, liés à des anomalies de coagulation congénitales ou acquises.

Comment reconnaître une hémorragie postpartum ?

La clé de la prise en charge rapide et efficace de l’hémorragie postpartum réside dans le diagnostic précoce. Il est essentiel d’estimer avec précision et aussi rapidement que possible le volume de sang perdu, car cela influence directement les risques pour la mère.

Dans un contexte hospitalier (ou à domicile si une équipe obstétricale expérimentée est présente), c’est le personnel soignant qui doit surveiller l’adaptation de la mère et du nouveau-né, tout en surveillant en même temps l’évolution du saignement. En cas de suspicion ou d’alerte, une intervention doit être rapidement envisagée.

Il arrive que les signes d’une hémorragie ne soient pas immédiatement perceptibles ou clairement identifiables, surtout si la perte de sang reste abondante mais que la patiente ne ressent pas de symptômes évidents. Parmi les symptômes d’alerte, ceux liés à un déséquilibre hémodynamique sont les plus fréquents. Les principaux sont :

  • tension artérielle en baisse ;
  • tachycardie ;
  • sudation excessive ;
  • tremblements ou agitation ;
  • pâleur ;
  • diminution ou arrêt de la production d’urine (oligurie ou anurie) ;
  • essoufflement ;
  • évanouissement ou collapsus.

Ces signes ne se manifestent pas toujours tous, et leur apparition est plus probable lorsque la perte de sang est très importante ou rapide.

Concernant la durée de l’hémorragie, il n’existe pas de délai précis, car le pronostic dépend de plusieurs facteurs : la rapidité du diagnostic et de l’intervention, la cause exacte du saignement, ainsi que la réponse de la patiente aux traitements médicaux et pharmacologiques mis en place.

Que faire en cas d’hémorragie postpartum ?

Le traitement de l’hémorragie postpartum dépend essentiellement de sa cause. Par exemple, si le problème est une atonie utérine, on administre des médicaments uterus-toniques comme l’oxytocine synthétique ou la méthylergométrine, si nécessaire. En cas de lacération ou de lésion saignante abondamment, il faut agir rapidement pour suturer ou réaliser une embolisation de la zone concernée.

Indépendamment de la cause, il est indispensable d’administrer des fluides pour compenser la perte sanguine. On privilégie souvent une solution physiologique (solution saline) ou du Ringer lactate (composé de sodium, potassium, calcium, et lactate de sodium), afin de maintenir le volume sanguin et éviter un choc hémorragique.

Depuis plusieurs années, face à la fréquence accrue de l’hémorragie due à l’atonie utérine, de nombreux établissements prônent l’injection prophylactique d’oxytocine synthétique dès le moment de l’accouchement. Concrètement, 10 unités internationales (UI) d’oxytocine synthétique sont administrées par voie intramusculaire à toutes les femmes lors de l’accouchement.

Ce dispositif vise à diminuer la perte de sang en favorisant la contraction de l’utérus, et à accélérer l’expulsion du placenta — la dernière étape du travail, qui consiste à évacuer la membrane placentaire et les annexes fœtales.

Hémorragie postpartum secondaire : que faut-il connaître ?

Alors que la plupart des discussions tournent autour de l’hémorragie primaire, il est également important de connaître la gestion de l’hémorragie postpartum secondaire, moins courante mais tout aussi critique. Si, par exemple, une perte de sang anormale survient dans les jours ou semaines suivant la naissance, doit-on s’alarmer ? Et qu’entend-on précisément par « perte de sang anormale » ?

Il faut d’abord préciser que, dans les semaines qui suivent un accouchement, il est tout à fait normal d’observer des pertes sanguines physiologiques appelées « lochies » ou « lochies ». Il ne s’agit rien d’autre que du débris de la grossesse expulsés par l’utérus. La période de ces écoulements, qui peut durer jusqu’à quatre ou cinq semaines, correspond au temps nécessaire pour que l’utérus se « nettoie » de tout résidu de grossesse — sanguins, muqueux ou cellulaires.

Les lochies sont généralement abondantes, de couleur rouge vif durant les premiers trois à sept jours, puis deviennent progressivement moins importantes, avec un aspect rose ou brun, avant de s’éclaircir et de devenir des pertes blanches ou jaunâtres dans les derniers jours. Elles n’indiquent pas, en règle générale, une douleur spécifique ou une complication, sauf lors des premières heures ou des premiers jours, où il peut y avoir des douleurs de type « contractions utérines » (voir cet article).

En résumé, il est normal de rencontrer un certain volume de pertes sanguines après l’accouchement. Cependant, si, après une période où ces lochies ont tendance à diminuer ou à changer d’aspect, vous constatez une perte de sang très abondante, rouge vif, ou la présence d’un gros caillot, en association ou non avec une douleur, il est crucial de consulter rapidement un médecin ou de vous rendre à l’hôpital pour un contrôle.

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Avatar de Julie Ménard
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