Jeux de mouvement : leur utilité et pourquoi ils sont essentiels pour le développement des enfants

Le lien entre le jeu et le mouvement reflète la relation plus large entre l’activité motrice et le développement des enfants : c’est grâce à la motricité que les jeunes acquièrent progressivement des compétences et des aptitudes tout au long de leur croissance.

À quoi servent les jeux de mouvement ?

Les bienfaits des jeux de mouvement sont nombreux. Avant tout, ils impliquent de façon intégrée et synergique les dimensions motrice et psychique de l’enfant. En pratiquant des activités comme grimper, rouler, saisir, courir, ramper, etc., l’enfant non seulement développe ses capacités physiques, mais aussi vit des émotions, imagine de nouvelles possibilités, interagit avec ceux qui l’entourent, prend conscience de ses limites et de ses potentialités, et apprend à connaître son environnement et les matériaux qui l’entourent.

Par exemple, apprendre à marcher ne se limite pas à coordonner une série de mouvements, mais consiste aussi à voir le monde sous un nouveau regard, à ressentir la satisfaction d’atteindre une personne ou un objet, à tester son équilibre sur différents terrains, et bien plus encore. Ces expériences favorisent des apprentissages variés et multiples, stimulent les fonctions cognitives et s’alimentent mutuellement.

Mais les avantages des jeux de mouvement ne s’arrêtent pas là. Dès les premières étapes de la vie, la motricité devient le principal canal par lequel le lien d’attachement se construit et se consolide. En réponse aux pleurs et à l’agitation motrice du nourrisson, l’adulte intervient également par des gestes motrices pour le rassurer, le bercer, le changer ou le nourrir.

L’enfant a besoin de ce contact, et c’est grâce à ce dernier qu’il perçoit sa propre peau, dans une relation rassurante de soin et d’attachement. On peut donc dire que le mouvement et le contact représentent les principaux moyens par lesquels l’enfant communique avec ses référents durant ses premiers mois, construisant petit à petit ce lien fait de confiance, de prévisibilité et de disponibilité, qui le suivra tout au long de sa vie.

Que favorisent les jeux de mouvement ? Voici quelques grandes réalisations permises par une pratique régulière de ces activités :

  • Acquisition d’un bon équilibre statique et dynamique (capacité à maintenir ou à retrouver une posture après un déséquilibre) ;
  • Capacité à combiner plusieurs mouvements (par exemple sauter en ouvrant les bras ou marcher en tenant un objet dans les mains) ;
  • Compétence pour relier plusieurs gestes dans une séquence cohérente (courir puis lancer une balle, marcher puis tirer dans un but, etc.) ;
  • Bonne orientation dans l’espace et dans le temps (savoir où se trouvent les objets ou les autres dans l’espace, ou encore se repérer par rapport à sa position) ;
  • Capacité à réagir à différents stimuli, attendus ou inattendus (qu’est-ce qui se passe si je tombe dans une trou ou si je dois contourner un obstacle en pleine course ?) ;
  • Aptitude à s’adapter à différents contextes ou contraintes (rouler en pente ou sur terrain plat, marcher sur herbe ou neige, seul ou avec un compagnon) ;
  • Anticipation motrice : prévoir le résultat d’une action avant de la réaliser ;
  • Développement de l’imagination motrice : inventer de nouvelles façons de se déplacer ou de résoudre un problème moteur ;
  • Amélioration de la précision pour réaliser une série de mouvements organisés ;
  • Ajustements posturaux pour plus de confort et de bien-être ;
  • Perception et organisation du temps et de l’espace ;
  • Reconnaissance de la dominance d’un côté du corps et de la latéralité (conscience des côtés gauche et droit du corps) ;

En repensant à toutes ces compétences à travers nos comportements quotidiens (au travail, en cuisine, en conduisant, etc.), on se rend compte à quel point elles sont présentes et essentielles dans notre vie, souvent sans que nous en ayons conscience. Après avoir exploré ce que sont ces acquisitions et leur lien avec les jeux de mouvement, voyons désormais quelles caractéristiques particulières leur confèrent une importance cruciale pour un bon développement chez l’enfant.

Pourquoi le jeu de mouvement est-il si essentiel ?

Parfois, les adultes sous-estiment l’importance du jeu de mouvement dans la croissance et le développement des enfants. Il est souvent minimisé, considéré comme peu utile, voire parfois même entravé. Pourtant, le jeu de mouvement est en réalité une activité complète et complexe, dont voici quelques caractéristiques fondamentales :

  • Naturel : Le jeu de mouvement est une activité instinctive. Les enfants le pratiquent spontanément dans toutes les cultures et tous les pays, ce qui confirme son rôle vital dans un développement équilibré. Marcher, courir, sauter, creuser, ramper ne sont pas de simples loisirs, ce sont des besoins, de véritables nécessités d’expression de l’être humain, essentiels au bien-être de l’enfant ;
  • Multisensoriel : Ce type de jeu stimule pleinement les sens de l’enfant, l’aidant à faire le lien entre les cinq sens et à recevoir des informations variées, contrairement à d’autres jeux plus limités. Par exemple, dans le jeu de mouvement, le son généré ou perçu fait partie intégrante de l’activité, alors que dans certains jeux de société, il est souvent supprimé pour ne pas distraire ;
  • Imprévisible : Le jeu de mouvement évolue souvent de façon inattendue, suscitant la surprise et permettant à l’enfant d’apprendre de manière autonome, sans planification stricte ;
  • Adhésion aux intérêts de l’enfant : Ces jeux permettent d’intégrer les désirs, passions et imaginaires de l’enfant. Par le mouvement, il met en scène des histoires captivantes, des personnages de fiction ou des éléments naturels auxquels il est profondément attiré, ce qui motive fortement son engagement ;
  • Relationnel : Le jeu de mouvement favorise le développement d’une intelligence corporelle individuelle, mais implique également une conscience des autres : comment les toucher, respecter leurs espaces, synchroniser ses actions avec celles des autres, etc. ;
  • Risque mais sécurisé : La dimension de risque est essentielle dans ce type de jeu. Bien que souvent redoutée par les parents, elle permet à l’enfant d’apprendre à évaluer ses limites, à éviter les dangers, et à se dépasser tout en restant en sécurité ;
  • Riche d’expériences : En laissant le corps libre, l’enfant explore une multitude d’expériences, découvrant ses potentialités, ses fragilités, ainsi que le fonctionnement du monde qui l’entoure. Les erreurs, dans ce contexte, deviennent des occasions d’apprentissage et de perfectionnement.

Quels jeux de mouvement proposer à la maison ?

Souvent, on pense que pratiquer des activités motrices nécessite de disposer d’un espace extérieur vaste et sécurisé, mais en réalité, de nombreux jeux de mouvement peuvent être facilement installés à l’intérieur de la maison. Bien sûr, à l’extérieur, les possibilités sont plus nombreuses et moins limitées, mais il ne faut pas sous-estimer la richesse des activités possibles en intérieur, qui peuvent aussi être très stimulantes.

Voici quelques idées d’activités ludiques à faire chez soi, intégrant différentes formes de mouvement :

  • Soulever doucement l’enfant par les bras pour le faire osciller lentement d’avant en arrière, entre ses jambes écartées ;
  • Réaliser une ronde ou un jeu de tourner en tenant la main de l’adulte, en modifiant la position dans l’espace puis en la retrouvant lorsqu’on s’arrête ;
  • Faire du balancement ou monter sur un mouton à sauter : s’asseoir derrière l’enfant sur les genoux, lui tenir les mains, le faire osciller tout en chantant ;
  • Rechercher des objets de couleur identique dans une pièce ou à travers la maison ;
  • Créer des parcours moteurs avec différents gestes à reproduire en séquence : courir autour d’une chaise, passer sous une table, attraper une balle, la déposer à un endroit précis, faire des zigzags entre les chaussures, sauter sur des coussins, tourner sur soi-même, etc. ;
  • Chercher des objets cachés dans différentes pièces ;
  • Attribuer à chaque espace de la maison un nom évocateur (par exemple, la cuisine devient la montagne, la salle de bain la mer, le salon la colline) et se faire passer pour un moyen de transport pour rejoindre ces lieux, en laissant un doudou ou un jouet en vacances dans chaque endroit. Ensuite, refaire le circuit dans le sens inverse pour récupérer les objets et les ramener au point de départ, tout en modifiant les destinations ou l’ordre ;
  • Faire passer sous une baguette (par exemple une ramette de balai ou une corde tendue) sans la toucher, ou sauter par-dessus en la faisant monter, avec une alternative consistant à utiliser une corde ou un foulard tendu entre deux chaises ;
  • Tenir un petit sac rempli de haricots entre les genoux en sautant ou en marchant, puis le déposer sur un pied pour essayer d’y faire passer un ballon ou un dahus dans une boîte ou un panier un peu plus loin. En même temps, faire tomber le sac sur le front en inclinant la tête, ou le faire passer entre les jambes en traçant une figure en 8 ;
  • Se déplacer dans la maison en variant la vitesse et la manière : lent, très lent, rapide, très rapide, marcher en arrière, en zigzag, marcher sur la pointe ou les talons, etc. ;
  • Lancer une balle ou un autre objet léger vers une cible immobile ou en mouvement léger, en diminuant progressivement la stabilité du point d’impact ;
  • Adopter les postures d’un animal en changeant de forme au fil du jeu : lion, fourmi, crevette, etc. ;
  • Associer ses déplacements à la musique, en s’arrêtant chaque fois que la musique s’interrompt ;
  • Contrôler ses mouvements en position d’équilibre instable, par exemple en se tenant sur un pied ou en restant sur la pointe des pieds ;
  • Face à face, faire appuyer la plante des pieds contre celle du partenaire pour essayer de le faire céder ;
  • Courir dans un espace délimité sans entrer en collision ou se déplacer à l’aveugle, guidé uniquement par des indications orales d’un adulte ;
  • Se regarder dans un miroir, copier mutuellement les postures et les mouvements ;
  • Danser, permettant ainsi d’imitier, répéter, coordonner et explorer les mouvements en suivant un rythme précis ;
  • Marcher sur des bandes de ruban adhésif ou des cordes tendues au sol, puis sauter d’un côté à l’autre ou poser un pied à gauche, un à droite ;
  • Nager avec une petite embarcation ou en mimant la nage, en se tenant par la main ou en se balançant d’avant en arrière ;
  • Chasser des objets lumineux dans l’obscurité en utilisant une lampe de poche, en guidant l’enfant à suivre la lumière sans bouger la tête, en jouant avec les déplacements et la perception ;
  • Explorer des sensations : différencier des formes ou des textures au toucher, reconnaître différentes odeurs, saveurs ou parfums, selon les envies et la place disponible.

Quelle que soit l’activité choisie, il est essentiel que l’adulte encourage et valorise les réponses de l’enfant, en lui donnant la liberté d’inventer, de créer et de trouver de nouvelles façons de jouer. Lorsqu’il est possible, il est préférable que l’enfant ait les pieds libres, vêtu de vêtements confortables, pour faciliter ses mouvements. Une dernière recommandation : le temps. Il faut laisser à l’enfant la possibilité de répéter plusieurs fois les mêmes mouvements, de faire connaissance avec lui-même, d’avoir suffisamment de temps pour résoudre les problèmes qui peuvent surgir lors du jeu. Les jeux de mouvement offrent en effet une occasion précieuse de vivre un apprentissage par essais et erreurs, de faire des essais expérimentaux, de tirer parti des erreurs passées pour améliorer et affiner ses gestes, rendant le mouvement de plus en plus précis et élaboré.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
Laisser un commentaire

douze − 10 =