Journée Mondiale contre le Cyberharcèlement : Existe-t-il des outils vraiment efficaces pour lutter contre la violence en ligne ?

Prisma, le pourquoi des choses
Aborde avec Alessio Cimmino de Meta les solutions mises en place pour réduire les risques liés à la violence numérique.

Il arrive fréquemment dans l’indifférence de beaucoup, un commentaire sous une photo, un chat qui exclut, un mème qui devient viral. Le cyberharcèlement ne crie pas mais frappe : selon les données de l’UNICEF, au moins 1 garçon sur 3 dans le monde a été victime d’actes de violence numérique. En France, l’INSEE estime que plus de 22 % des adolescents âgés de 11 à 17 ans ont vécu des épisodes de harcèlement en ligne. Et la plupart du temps, sans en parler à personne.

Le Journée contre le Cyberharcèlement, Prisma – Le pourquoi des choses, le podcast quotidien de Info Utiles, consacre une épisode spéciale à une question toujours aussi pressante : « Cyberharcèlement, comptes pour adolescents et bouton reset : existe-t-il des outils réellement efficaces pour lutter contre la violence sur les réseaux sociaux ? ». Une problématique qui concerne la façon dont les jeunes vivent et utilisent les réseaux sociaux, tout en étant conscients de leurs actes même dans l’espace numérique.

LES OUTILS DE PROTECTION. Ces dernières années, certaines plateformes ont introduit des outils spécifiques avec un double objectif : contrer activement la dynamique de violence en ligne tout en améliorant la qualité de l’expérience sociale, surtout pour les plus jeunes.
Il ne s’agit pas seulement de réagir face aux épisodes de cyberharcèlement, mais aussi d’agir en amont, en travaillant sur ce qui peut générer malaise, pression ou exposition à des contenus inappropriés.

Prisma a abordé ces outils avec Alessio Cimmino, responsable de la communication de Meta en Italie et en Grèce: « Parmi les fonctions les plus visibles mises en place sur Instagram, il y a celle qui concerne les « likes », souvent un critère de comparaison et donc source d’angoisse ou de mal-être face aux autres : la possibilité de masquer leur nombre sous les publications est conçue justement pour réduire la peur du jugement. Donner l’option de ne pas le voir, c’est une manière d’alléger la pression sociale ».

Mais la prévention passe aussi par la personnalisation des contenus. Instagram a introduit des options telles que « Je n’en veux pas » qui permettent de modifier les signaux envoyés à l’algorithme pour qu’il propose moins de contenus perturbants. « C’est une façon d’interrompre des flux potentiellement dérangeants et de rééduquer le système pour qu’il reflète mieux les besoins réels de l’utilisateur », explique encore Cimmino.

« Instagram ne peut pas deviner quand un contenu, même initialement intéressant, devient superflu ou agaçant. On peut le lui dire, pour l’instruire sur nos attentes. C’est comme faire un petit reset de notre univers numérique ».


LES COMPTES POUR LES ADOS. L’un des projets les plus structurés pour protéger les jeunes des risques en ligne concerne la création de comptes dédiés aux adolescents, destinés aux utilisateurs entre 13 et 17 ans.

Dès 2024, ces profils seront dotés de réglages de sécurité plus stricts : les comptes seront par défaut privés, les contenus sensibles seront filtrés, et après 60 minutes d’utilisation, l’application incitera à faire une pause.

L’objectif est double : d’une part, réduire l’exposition à des contenus potentiellement néfastes, et d’autre part, encourager une gestion plus saine du temps et de l’attention.

Parmi les nouveautés figurent aussi les fonctionnalités pour les parents et la possibilité de lier leur propre compte à celui de leurs enfants : ainsi, ils pourront connaître le temps passé en ligne, les interactions les plus fréquentes ou encore le type de contenus consultés. « Il ne s’agit pas de contrôle, mais d’un dialogue », explique Cimmino.

Particulièrement pour les 13-15 ans, certaines configurations ne peuvent être modifiées qu’avec l’accord des parents. Qu’il s’agisse du temps d’utilisation ou des connaissances en ligne, c’est une étape pour favoriser des échanges plus lucides et responsables en famille sur l’utilisation des réseaux et la définition des règles à suivre », poursuit Cimmino.

« UNE MACHINE PUISSANTE QUI DOIT ÊTRE BIEN GUIDÉE ». Les outils technologiques peuvent venir en appui, mais ne suffisent pas à eux seuls

. Chaque filtre, chaque option, chaque rappel n’ont de sens que s’ils sont intégrés dans un cadre éducatif. Et ce contexte, souvent, c’est la maison. « La véritable difficulté aujourd’hui repose aussi sur la formation des familles : leur apprendre à connaître ces outils, à comprendre les risques, et surtout à accompagner leurs enfants dans la construction de leur identité numérique », explique Meta.

« Aider les parents à faire ce qu’ils savent faire de mieux : devenir des guides », poursuit Cimmino, « en étant présents aussi dans la vie numérique de leurs jeunes. Les réseaux sociaux restent une machine puissante aux possibilités infinies de dialogue et de partage, il est crucial de connaître et maîtriser les outils adaptés pour la guider en toute conscience. Un travail d’équipe de plus en plus indispensable ».

Article pensé et écrit par :
Avatar de Denis Perrin
Laisser un commentaire

17 − dix =