Le cerveau n’est pas programmé pour rester éveillé après minuit

Vous vous êtes peut-être retrouvés au cœur de la nuit, incapables de dormir, l’esprit envahi par des pensées négatives ? Il semble que cette tendance à la négativité ait une explication scientifique, liée au fonctionnement des rythmes circadiens.

Selon une étude de 2022, notre cerveau ne serait pas conçu pour rester éveillé au-delà de minuit : passé cette heure, notre attention portée aux stimuli négatifs augmente (probablement en mémoire d’un passé de chasseurs qui nous imposait de rester en alerte pour éviter l’attaque de prédateurs éventuels) et cela peut ensuite alimenter un système de récompense altéré, nous rendant particulièrement enclins à adopter des comportements à risque.

Comportements dangereux. Les auteurs utilisent deux exemples pour expliquer leur hypothèse : celui d’un héroïnomane qui parvient à contrôler sa dépendance de jour, mais y succombe la nuit ; et celui d’un étudiant universitaire souffrant d’insomnie qui, au cours de ses nuits blanches, commence à ressentir un sentiment de solitude, de découragement et de désespoir.

Les deux scénarios, soulignent les auteurs, peuvent être fatals et pousser les protagonistes au suicide : l’insomnie et le sommeil perturbé sont depuis longtemps des facteurs de risque scientifiquement reconnus pour les pensées et comportements suicidaires, et certaines recherches indiquent un risque trois fois supérieur de suicide entre minuit et six heures du matin par rapport à toute autre plage horaire.

Une étude de 2020 a aussi mis en évidence une augmentation de l’usage de drogues pendant la nuit : dans un centre de réduction des risques lié à la consommation de drogues à Barcelone, on a enregistré un risque de surdosage opioïde pendant la nuit 4,7 fois supérieur au niveau habituel.

Un lien encore inexploré. Jusqu’à présent, la science n’a pas encore étudié en profondeur la façon dont la privation de sommeil et les rythmes circadiens influent sur le circuit de récompense : nous savons réellement peu de choses sur le fonctionnement de l’esprit humain durant environ six heures par jour, et sur la manière dont des professionnels comme les pilotes ou les médecins – dont le travail dépend souvent de la vie de nombreuses personnes – peuvent supporter des nuits sans sommeil et accomplir des tâches mentalement exigeantes. Il sera donc crucial que les recherches futures se penchent plus loin sur ces thématiques, en examinant plus finement le fonctionnement nocturne du cerveau.

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