Les archives astronomiques de Hubble révèlent la possible exoplanète flottante solitaire

Grâce à la technique des « microlentilles gravitationnelles », le télescope Hubble a réussi à identifier un planè­te sans étoile, souvent désigné comme un planè­te orphelin, en comparant ses observations avec celles réalisées 25 ans plus tôt.

En mai 2023, un flash lumineux remarquable a été détecté par les télescopes terrestres du projet OGLE, durant une brève période astronomique – seulement huit heures. Cet évènement, nommé OGLE‑2023‑BLG‑0524, a été attribué à un phénomène de microlentille gravitationnelle.

OGLE, ou Optical Gravitational Lensing Experiment, est un projet ambitieux mené par des chercheurs polonais depuis 1992, basé à l’Université de Varsovie. Son objectif principal est d’étudier l’Univers en utilisant la technique des « microlentilles gravitationnelles ». Cette méthode exploite la déviation de la lumière causée par la gravité d’objets massifs pour détecter des corps célestes qui restent autrement invisibles. Conformément aux prévisions d’Einstein, quand un objet doté d’une masse importante passe près d’une étoile ou d’une galaxie située plus loin, il agit comme une lentille, amplifiant la lumière de l’objet en question, une fois cette dernière traversée par la phénomène.

Une opportunité exceptionnelle d’observation.

Ce qui rend cette découverte unique, c’est la chance inouïe d’avoir des données comparatives sur la même zone du ciel, recueillies pour la première fois en 1997 par le même télescope Hubble, lors d’un autre évènement de microlentille. La présence de ces deux jeux de données séparés de 25 ans fournit la période d’observation la plus longue jamais utilisée pour analyser ce type de phénomène. Ce long délai permet aux astronomes de mieux comprendre la nature de l’objet produisant l’effet de lentille gravitationnelle.

Une possible preuve de l’existence d’un planète « orphe ».

La courte durée de l’événement, associée à l’absence de toute étoile clairement visible dans les images prises par Hubble en 1997 et en 2023, incite les astronomes à envisager qu’il s’agisse d’un planète orphelin. Ces mondes, expulsés de leur système stellaire d’origine, dérivent librement dans la Voie lactée, sans étoile hôte. Peut-être, aussi, que notre système solaire, lors de ses premiers temps, a vu jaillir ou expulser des planètes qui errent aujourd’hui en solitaire dans la galaxie, sans lien avec leur étoile mère, le Soleil.

Pour analyser plus précisément cet évènement récent, l’équipe dirigée par Mateusz Kapusta, de l’Université de Varsovie, a minutieusement examiné les anciennes images archivées. Ne trouvant aucune trace d’une étoile à proximité de l’objet-lentille, ils en déduisent qu’il s’agit probablement d’un planète vagabonde ou « orphe ». Selon les estimations, la masse de cet objet serait située entre celle de la Terre et celle de Saturne, selon sa position réelle dans la structure galactique – qu’elle soit dans le disque ou dans le noyau central, sans encore préciser.

Le rôle crucial des archives d’observation.

Ce travail révèle l’immense potentiel des données archivées, qui, initialement collectées pour d’autres raisons, peuvent s’avérer vitales des années plus tard. Toutefois, Hubble, avec toute sa puissance, présente aussi ses limites : il ne permet d’éliminer que la présence d’étoiles plus brillantes que la magnitude 21,7 (où plus la magnitude est élevée, plus l’objet est faible en luminosité). Les étoiles plus faibles ou les naines rouges, par exemple, pourraient ne pas être détectées lors des observations, laissant la porte ouverte à diverses hypothèses.

Perspectives pour l’avenir.

Ce genre d’études constitue une étape essentielle pour tester et préparer les futures missions d’observation. Le télescope spatial James Webb, doté d’une sensibilité accrue dans l’infrarouge, pourrait permettre de repérer des étoiles très faibles, voire invisibles, et ainsi mieux comprendre la nature de ces objets de microlentille comme celui récemment détecté.

En outre, la mission Nancy Grace Roman, prévue pour un lancement en 2027, aspire à utiliser la technique de microlentille pour scanner notre propre galaxie à la recherche de planètes orphelines. Selon les prévisions, cette mission pourrait découvrir des milliers de ces mondes « nomades », révélant enfin l’ampleur réelle de cette population d’errants interstellaires au sein de la Voie lactée.

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