Maturité : Guide pratique pour réussir l’examen d’État du premier coup

La température monte, le dernier souffle de vent s’éteint doucement et la page du livre de littérature ne scintille plus dans la chaleur du soir. Dans l’atmosphère, on peut entendre des voix étouffées de commentateurs télé qui commentent des matches plus ou moins importants, et le bourdonnement de quelques moustiques.

Comme chaque année, la fameuse « nuit avant les examens » se rapproche à grands pas, symbole cinématographique et musicale gravée dans la mémoire collective par le célèbre morceau d’Antonello Venditti, véritable condensé d’émotions pour des milliers d’étudiants, enseignants et parents.

Mercredi 19 juin, les lycéens débuteront officiellement l’Épreuve Terminale, communément appelée « le Bac ». Un véritable rite qui, depuis toujours, suscite débats, discussions et réformes ayant modifié ses modalités (De Palma, 1992), sans jamais en diminuer la charge émotive.

Nous allons tenter d’offrir un petit manuel de survie pour aider les futurs bacheliers à « déguster » ce moment si important en limitant stress et inquiétudes.

Pourquoi l’appelle-t-on « Bac » ou « maturité » ?

Le terme « maturité » vient du latin maturitas (maturation, sagesse, développement complet). Utilisé dans le langage courant, il symbolise la réalisation d’une évolution personnelle et culturelle.

Situé peu après l’atteinte de la majorité, il marque une étape de transition vers l’âge adulte. Aller au bout d’un parcours difficile, tant sur le plan émotionnel que dans l’acquisition de connaissances, après cinq années de travail, constitue une véritable métamorphose de la personnalité et de l’humanité de l’élève.

Il ne s’agit plus seulement d’un adolescent ou d’un simple étudiant, mais d’un citoyen capable de construire un projet professionnel et de vie. Une belle étape pleine de défis, souvent chargée d’angoisse et d’attentes.

Histoire et organisation actuelle de l’Épreuve de Maturité

Introduit en 1923 par la Riforma Gentile, l’Épreuve d’État — destinée aux lycéens — se présentait à l’origine comme des interrogations sur l’ensemble du programme, menées par une commission extérieure de professeurs universitaires. La première année, seulement 60 % des candidats passèrent la sélection.

Pendant la guerre, cette épreuve fut simplifiée et, dans certains cas, remplacée par une évaluation finale. Dans les années 60 et 70, on chercha à la rendre moins élitiste en intégrant des enseignants internes et en adaptant les épreuves aux programmes effectivement enseignés. La riforma Berlinguer de 1997 établit une structure comprenant trois épreuves (deux écrites et une orale) et une notation sur 100 points, avec la possibilité d’obtenir la mention « très bien ».

L’éternelle question de la troisième épreuve a fait couler beaucoup d’encre. La fameuse « troisième » — un écrit supplémentaire avec des questions pouvant porter sur tout le programme, notamment dans les matières qui ne sont pas abordées lors des deux tests principaux, l’italien et la discipline principale — a souvent été source d’insomnies pour les élèves. La pandémie a obligé à de profonds ajustements, menant à la configuration actuelle.

A partir de mercredi 19 juin 2025, les élèves de terminale devront se préparer à affronter :

  • La première épreuve d’italien : un sujet de réflexion argumentée, un thème d’actualité ou une analyse de texte, visant à évaluer les connaissances littéraires ainsi que les compétences de raisonnement et d’argumentation (6 heures, avec un dictionnaire à portée de main) ;
  • La deuxième épreuve portant sur les matières d’option : ce sera la version latine pour les lycées classiques (alternée chaque année avec le grec), ou le sujet de mathématiques pour les filières scientifiques (alterné avec la physique), ou encore une épreuve d’économie pour les technologiques commerciales, ou encore la compréhension et la rédaction en langue dans les lycées linguistiques (d’une durée allant de 4 à 8 heures, avec des exercices portant sur des auteurs classiques, des problèmes concrets nécessitant des solutions mathématiques ou des raisonnements économiques) ;
  • La présentation orale : les candidats devront développer un exposé ou une réflexion autour d’un point d’image fourni par le jury, en faisant des liens avec plusieurs disciplines. Les thèmes liés au parcours de PCTO (Parcours pour les Compétences Transversales et l’Orientation) et à l’éducation civique seront également abordés.

Le « Toto sujets »

La traditionnelle étape du Toto sujets occupe une place essentielle dans le rituel. On discute des auteurs susceptibles d’être abordés pour l’analyse de texte ou pour les versions, et l’on s’interroge également sur des événements importants qui pourraient apparaître dans le thème d’actualité.

Il s’agit d’un véritable jeu d’éternel exutoire, permettant d’anéantir quelque peu la peur. Dans les jours précédant l’examen, certains tentent même d’orienter leurs révisions « désespérées » en repérant ces sujets, comme une petite superstition ou une tradition à partager autour d’un verre. Plus qu’un outil d’étude, le Toto sujets est devenu un phénomène de société, un sujet de conversation à l’heure de l’apéro ou au bord de la plage.

Certaines légendes urbaines courent concernant la possibilité d’avoir accès en avant-première aux sujets, prétendument « délavés » d’un mystérieux coffre-fort ministériel. Quoi qu’il en soit, il faut garder à l’esprit que ce jeu doit rester tel : un divertissement, et non une substitution à la préparation sérieuse.

Profitons, même en étant allongé sous le parasol, pour réfléchir à quelques thèmes d’actualité pertinents :

  • Les violences faites aux femmes et la lutte contre le sexisme ;
  • Les conflits géopolitiques et les scénarios internationaux ;
  • Les avancées de l’intelligence artificielle ;
  • Les enjeux liés à l’écologie et au développement durable ;
  • Les conséquences de la mort du pape François sur la succession au Vatican ;
  • La santé mentale, sujet de plus en plus discuté, notamment dans le monde scolaire ;
  • Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement.

La nuit avant l’épreuve : un concentré d’émotions

Les étudiants, après une journée d’études, une rencontre entre amis ou un simple moment de détente, vivent tous cette fameuse « nuit avant le bac » comme un véritable cocktail d’émotions.

Il est bon de se rappeler que, fondamentalement, il n’existe pas d’émotions positives ou négatives en soi, seulement des sentiments.

Avoir peur est normal ; cela stimule parfois nos ressources et responses. Ressentir de la tristesse ou de la nostalgie en pensant à la fin d’un cycle est aussi naturel et romantique. La joie de se sentir libéré après l’épreuve peut même être une véritable source de motivation.

Cependant, lorsque ces émotions deviennent incontrôlables, elles peuvent aussi nous faire beaucoup de mal. L’anxiété, par exemple, peut nous paralyser, faire perdre concentration et lucidité. Alors, que faire dans ces moments-là ?

Le manuel de survie pour les futurs bacheliers

Voici quelques conseils, un petit guide pratique pour traverser cette étape difficile :

  • Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à vivre cette étape. C’est un moment important, mais il ne définit pas toute notre vie. Approchons-le avec sérieux, en faisant de notre mieux, tout en gardant à l’esprit que c’est « juste » un examen ;
  • Organisons notre travail. Comme pour beaucoup d’examens ou concours, il faut gérer un programme vaste, ce qui peut rapidement devenir écrasant. Identifions nos points forts et faibles, établissons un calendrier pour répartir notre temps et éviter de tout laisser au dernier moment. Mieux vaut être réaliste que se faire des illusions. Concentrez-vous sur ce que vous pouvez faire avec le temps qui reste ;
  • Réalisez un auto-bilan. Connaître nos forces et nos limites est essentiel : cela permet de cibler sur quelles matières ou compétences insister, et de faire des choix judicieux lors de la première épreuve ;
  • Utilisez des podcasts et vidéos pour varier les méthodes de révision et alléger la charge. L’alternance entre études traditionnelles et outils numériques peut booster votre motivation ;
  • Accordez-vous des plages de repos et de détente. Rester en surcharge mentale continue d’éroder nos réserves d’énergie, ce qui nuit à notre concentration. Une promenade, un bon film avec des amis (nous avons par exemple « Les Derniers Jours du Monde », « Les Petits Fauves » ou encore « Les Choristes ») ou une séance de sport peut faire toute la différence ;
  • Pratiquez des exercices de respiration ou d’autocentration pour gérer l’anxiété. Se concentrer sur sa respiration, ses battements de cœur ou ses pensées permet de reprendre pied dans le moment présent ;
  • Ne restez pas isolés. Maintenir un lien avec votre famille ou vos amis vous apportera du soutien, et vous évitera de vivre seul cette période d’incertitude ;
  • Accueillez toutes vos émotions, y compris la mélancolie ou la joie, en sachant que ces sentiments construisent un souvenir précieux pour la vie ;
  • Fiez-vous à votre confiance en vous, aux autres et en leurs encouragements. Le perfectionnisme est une illusion, l’essentiel est de donner le meilleur de soi-même ;
  • Pour l’épreuve orale, ne négligez pas la préparation. Enrichissez votre réflexion par la lecture de sujets complémentaires. Préparez-vous à partir d’une image donnée en développant un discours structuré, en évitant les liens forcés. Valorisez vos connaissances et votre expérience, notamment celles liées aux Parcours pour les Compétences Transversales et l’Orientation.

Vaut-il la peine de miser sur la note ou pas ?

La notation de l’examen est un sujet qui continue d’alimenter la controverse. Beaucoup de professeurs, de parents (pas toujours d’accord) et d’experts soulignent que le résultat ne reflète pas la personne, mais évalue un devoir ou un moment précis. Pourtant, le système scolaire reste souvent focalisé sur une dimension prestative.

Voyons comment la note du Bac 2025 sera constituée :

  • 40 points de crédits accumulés durant le cycle 3 et 4 : 13 points par année, auxquels s’ajoute éventuellement un point supplémentaire selon l’engagement et la moyenne ;
  • Jusqu’à 20 points par chaque épreuve ;
  • 5 points bonus pouvant être attribués par la commission, si le candidat a accumulé les crédits et obtenu un certain niveau lors des tests ;
  • La mention « Très bien » est décernée si le candidat atteint 100/100 sans besoins de points bonus supplémentaires ;

La commission sera composée de 3 enseignants internes, 3 enseignants externes et d’un président extérieur.

Quel sens donner à cette note et quel impact peut-elle avoir ?

Le résultat du Bac peut jouer un rôle dans certains concours ou lors de l’accès à certains programmes universitaires.

Cependant, il faut garder à l’esprit que le monde du travail évolue rapidement. Les compétences transversales telles que la résolution de problèmes, la gestion des émotions, le travail en équipe ou la capacité de décision sont de plus en plus valorisées.

Les connaissances académiques, si importantes, sont de moins en moins déterminantes par rapport à ces compétences concrètes. Toutefois, pour beaucoup d’étudiants, la note finale représente une étape symbolique, une reconnaissance de leur parcours. Il est essentiel toutefois de relativiser, d’éviter de créer une pression excessive autour d’un chiffre. Ce dernier, souvent répétitif et banal, ne définit pas entièrement la valeur d’une personne.

Au-delà du tableau de scores : le vrai début

Une fois la note finale affichée, il sera temps de penser à la suite. Aujourd’hui, les lycées investissent beaucoup dans l’orientation : de nombreux étudiants abordent l’examen avec une idée plus ou moins claire de leur futur, notamment grâce aux Tiers Tests d’Orientation et autres tests d’admission dès le début de la dernière année.

Voici les principales voies qui s’ouvrent après le lycée :

  • Parcours universitaire : déchiffrer les tests d’admission (TARM, TOLC, etc.), choisir une filière à accès libre, à accès réglementé ou à capacité limitée, peut sembler compliqué. Il est fortement conseillé de consulter les services d’orientation des universités qui proposent guides, ressources numériques, vidéos pour aider dans ce choix crucial. La plateforme CISIA, par exemple, fournit les TOLC que plusieurs facultés utilisent pour sélectionner les candidats à l’entrée ;
  • Les Instituts Techniques Supérieurs (ITS) : créés pour former des experts dans divers secteurs, ces formations en deux ans après le bac mêlent enseignement théorique et expérience professionnelle en entreprise. Que ce soit dans l’agroalimentaire, le numérique, le tourisme ou le sport, ces filières rapides sont très attractives pour ceux qui souhaitent éviter le cursus universitaire traditionnel ;
  • L’entrée directe dans le monde du travail via l’apprentissage (souvent préférable aux stages pour la rémunération et l’insertion) ou d’autres dispositifs comme le programme GOAL, financé par le PNRR, visant à préparer efficacement à l’emploi. Les centres d’emploi locaux peuvent aussi être des ressources précieuses. Mieux vaut s’informer pour faire un choix éclairé et commencer cette nouvelle étape en toute confiance ;

Bonne nuit avant l’épreuve !

Pour conclure ce petit guide de survie, nous adressons nos vœux de réussite à tous les candidats à partir de mercredi prochain.

Que ces journées (et ces nuits) soient riches en émotions, en souvenirs et en enseignements. Il peut sembler paradoxal, mais ces moments resteront gravés dans votre mémoire, même si le stress vous donne envie de tout fuir.

Il y aura un jour où vous repenserez avec sourire à votre réaction face à l’épreuve, aux commentaires du correcteur, au dictionnaire qui tombe, aux mains moites, à l’étreinte d’un proche à la sortie ou lors de votre oral. Tout cela fait partie de la richesse incomparable de l’épreuve de maturité !

Article pensé et écrit par :
Avatar de Jerry Guirault
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