Meilleurs dessins animés éducatifs pour enfants : quels sont les programmes à privilégier ?

L’offre de dessins animés, en particulier pour la toute petite enfance, a connu une croissance explosive ces dernières années. Il est essentiel de prendre du recul et de réfléchir à certains critères pour évaluer ces productions, afin de faire un choix éclairé pour le développement des enfants.

Les dessins animés pour enfants : quels critères pour les choisir ?

Avant d’entrer dans le détail de quelques titres de qualité, il est utile de penser à certains principes qui peuvent guider l’évaluation des dessins animés éducatifs.

  • L’âge des personnages par rapport à celui du spectateur : La tendance, même dans la littérature pour enfants, est de représenter des personnages un peu plus âgés que le public visé. Cependant, il est important que cet écart ne soit pas trop important. Par exemple, si le héros a environ 10 ans, un jeune enfant de 4 ans ne pourra pas forcément se retrouver dans ce personnage ou suivre une intrigue trop complexe pour lui.
  • La durée : Avant 5 ans, il est difficile pour un jeune enfant de rester concentré sur un épisode de longue durée. Il faut privilégier des dessins animés entre 5 et 20 minutes. En cas de visionnage d’un film ou d’un épisode plus long, il est conseillé de segmenter la séance en plusieurs parties.
  • La cohérence narrative : L’ensemble de l’épisode doit suivre une logique et une continuité. On peut par exemple vérifier si l’enfant, après avoir regardé, sera capable de raconter l’histoire, ce qui implique un certain niveau de compréhension et de mémorisation, surtout en âge où la parole se développe.
  • Le rythme : Les programmes contemporains sont souvent très rapides, avec des images en mouvement constant et une musique entraînante. Pour la toute petite enfance, il serait préférable que les scènes aient des rythmes plus calmes, afin de laisser à l’enfant le temps d’observer, d’écouter et de comprendre, plutôt que d’être passivement immergé dans une succession effrénée de stimulations.
  • Les valeurs véhiculées : Chaque histoire véhicule implicitement ou explicitement des valeurs qui peuvent susciter la réflexion. L’adulte doit se demander si le programme encouragé la coopération, valorise la différence comme ressource plutôt que comme limite, met en avant l’amitié ou encore l’attention à l’environnement, etc.
  • Les métaphores : Comme la littérature pour la jeunesse, les dessins animés doivent idéalement utiliser des métaphores plutôt que reproduire la réalité de façon littérale. Ces métaphores stimulent l’imagination et la créativité tout en permettant d’apprendre et de comprendre le monde de manière ludique.
  • Les stéréotypes : Si la métaphore peut favoriser la compréhension, les stéréotypes sont à éviter car ils enferment la pensée. Il faut donc veiller à déceler et à éviter la représentation de clichés sexistes (ex : le papa qui lit le journal, la maman qui fait le ménage), culturels (représentations restrictives d’ethnies ou de communautés), ou familiaux (modèles familiaux stéréotypés alors que la société est multiple).
  • La réalité concrète : Il est utile de vérifier si la narration permet à l’enfant de faire un lien avec ses propres expériences ou de s’enrichir de nouveaux points de vue, afin que la fiction ne devienne pas une simple distraction, mais un véritable outil de réflexion sur le quotidien.
  • L’aspect esthétique : Bien que subjectif, cet aspect ne doit pas être négligé. La qualité des images, la cohérence des personnages et des décors peuvent grandement faciliter la compréhension et l’engagement de l’enfant.
  • L’aspect éducatif : Certains dessins animés ont pour objectif explicite d’apprendre quelque chose : règles de vie, gestion des émotions, langues étrangères, notions scientifiques ou artistiques. Il est intéressant de choisir ceux qui concilient plaisir et apprentissage.

Quand et combien de temps regarder des dessins animés ?

Un autre questionnement fréquent chez les parents concerne le moment idéal pour introduire les dessins animés dans la vie de leur enfant, ainsi que la durée des sessions. Avant toute chose, il importe de souligner que le plus important n’est pas uniquement le contenu ou la durée, mais la qualité du moment partagé. La présence de l’adulte, son accompagnement et son dialogue sont essentiels pour une consommation saine et enrichissante.

Les recommandations de l’Agence américaine des pédiatres (AAP) conseillent d’éviter tout écran avant l’âge de 2 ans. Lors de cette période, les enfants ont besoin d’autres stimulations : motricité fine, exploration sensorielle et interaction avec le monde physique. À partir de 2 ans, l’utilisation des écrans peut être envisagée, mais avec des limites strictes : il faut notamment éviter la présence d’écrans lors des repas ou en fond sonore pendant d’autres activités.

Concernant le temps d’exposition, il est conseillé de ne pas dépasser 30 minutes par session jusqu’à 3-4 ans, puis une heure maximum par jour à partir de cet âge, jusqu’à 6 ans. Ces recommandations sont générales et doivent être ajustées selon l’enfant, mais ce qui prime avant tout, c’est la relation avec l’écran. Même si certains études évoquent le potentiel éducatif des écrans interactifs, ceux-ci sont souvent utilisés comme de petits téléviseurs portables, ce qui limite leur utilité dans un contexte éducatif. La télévision reste une option préférable pour favoriser une posture confortable et éviter la focalisation excessive sur de petits écrans.

Pour les séries d’animation, plutôt que de se référer au chrono, il est plus judicieux de penser en termes d’épisodes. La majorité ont une durée de 5 à 10 minutes, ce qui permet de fixer dès le départ une limite claire, par exemple deux ou trois épisodes par jour. Au-delà, on risque de désorganiser la compréhension et de diminuer l’impact éducatif de la séance.

10 dessins animés éducatifs à recommander pour les jeunes enfants

Suite aux critères évoqués précédemment, voici une sélection de dessins animés qui peuvent offrir de bonnes stimulations pour les enfants à partir de 2 ans, tout en étant éducatifs et adaptés à leur âge.

  1. Pimpa. Issue des célèbres bandes dessinées d’Altan, devenues ensuite albums illustrés, les aventures de Pimpa ont été adaptées en dessin animé. Les rythmes y sont calmes, propices à l’éveil de l’imagination. La figure d’Armando, ami fidèle de Pimpa, l’écoute toujours avec bienveillance et encourage ses rêves et son imagination.
  2. Pocoyo. Ce petit garçon d’environ 3 ans explore le monde avec ses amis. Les épisodes, souvent tournés sur un fond blanc, utilisent un rythme lent qui favorise la participation active. La version Let’s go Pocoyo vise aussi à apprendre l’anglais de manière ludique.
  3. Minicuccioli. Dans quatre séries du Groupe Alcuni, des amis vivent des aventures variées – au parc, en forêt ou à l’école. La mise en avant des valeurs, ainsi que la manière dont ils apprennent à vivre ensemble, en font un excellent choix pour un public jeune.
  4. Barbapapà. Adapté des albums illustrés français des années 1970, ce classique, récemment relancé, raconte les aventures de cette famille atypique. Chaque personnage possède des traits distinctifs, et les histoires mettent souvent en valeur la différence comme une richesse, tout en abordant la problématique écologique.
  5. Bluey. La petite chienne Bluey, accompagnée de sa sœur Bingo, joue dans chaque épisode. L’accent est mis sur la valeur du jeu pour le développement de l’enfant, et la façon dont les parents, sans intervenir de façon intrusive, soutiennent cette activité essentielle.
  6. Les aventures de Paddington. Ce gentil ours venu du Pérou, adopté à Londres, montre à travers ses aventures l’importance de l’amitié, de la tolérance et de l’entraide. Les épisodes d’un rythme tranquille et agréables à regarder diffusent des valeurs positives.
  7. Curieux comme George. La petite souris George, qui ne parle pas mais réfléchi comme un humain, incite l’enfant à explorer et à résoudre des problèmes. L’approche stimule la curiosité naturelle et la capacité à observer.
  8. Le chat Mirò. Créé par Cristina Lastrego et Francesco Testa, ce personnage est à la fois un symbole esthétique et éducatif. Passionné d’art, Mirò encouragera la créativité des plus jeunes à travers des exercices d’invention et de manipulation de matériaux variés.
  9. Vampirina. Petite vampire, elle quitte la Transylvanie pour vivre en Pennsylvanie avec sa famille. La série aborde la thématique de la différence, les préjugés, et la richesse qu’apporte la diversité culturelle. Chaque épisode met en lumière l’intérêt d’accueillir l’étranger ou la différence comme une chance d’apprentissage.
  10. Leo & Tig. Cette série russe raconte la vie de deux jeunes animaux – un léopard et une tigresse – qui vivent dans la taïga sibérienne. Leur rôle principal est de sauver d’autres animaux, tout en soulignant l’importance du respect de la biodiversité et de l’équilibre de la nature, ainsi que la valeur de l’amitié.

Il est clair que cette liste ne se veut pas exhaustive, et même ces productions présentent parfois des limites ou des éléments à surveiller. Pour cela, je recommande de consulter la newsletter bimensuelle Play (distribuée à tous les abonnés de Uppa), qui propose régulièrement des analyses approfondies de contenus pour l’enfance, mettant en évidence leurs ressources mais aussi leurs points faibles.

Au-delà de tout jugement personnel, il est crucial que l’adulte prenne le temps d’analyser le contenu proposé avant de le laisser visionner à l’enfant. Tout comme on choisit avec soin les aliments que l’on met dans l’assiette de nos petits, il faut également faire preuve de réflexion et de discernement sur ce que l’on offre à voir, et comment on accompagne cette découverte pour en faire une expérience enrichissante et cohérente avec leurs besoins de développement.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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