Neuralink : le 3ème patient opéré communique plus rapidement sur X avec le chatbot Grok d’Elon Musk

Une frontière floue entre innovation et marketing : un homme atteint de la maladie de Charcot parvient à s’exprimer sur X grâce à la technologie Neuralink et à une intelligence artificielle développée par Elon Musk.

Une nouvelle manière d’écrire (et de poster) grâce à une interface cerveau-ordinateur

Le 28 avril 2025, Bradford G. Smith, un homme de 50 ans originaire d’Arizona, atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA), a publié un message sur son profil @ALScyborg sur la plateforme X (anciennement Twitter) : « Je suis la troisième personne au monde à avoir reçu un implant cérébral de @Neuralink. La première avec la SLA (maladie de Charcot). La première non verbale. Je tape ce message avec mon cerveau. C’est ma principale façon de communiquer. Posez-moi n’importe quelle question ! Je répondrai à au moins tous les utilisateurs vérifiés ! Merci @elonmusk ! »

Une communication facilitée par une interface cerveau-ordinateur (BCI)

Smith, complètement paralysé et dépendant d’un respirateur, est le troisième patient à avoir reçu et à utiliser un microchip cérébral développé par Neuralink, l’entreprise cofondée par Elon Musk, qui s’investit dans la création d’interfaces avancées entre le cerveau humain et la machine, ou BCI (Brain-Computer Interface). Il s’agit également du premier être humain à communiquer publiquement via une telle technologie en diffusant un message généré par cette interface.

Concrètement, un petit dispositif de la taille d’une grosse pièce est implanté dans la région motrice du cerveau de Smith. Ce microchip capte l’activité électrique de ses neurones, filtre et amplifie les signaux, puis les transmet en Bluetooth à un ordinateur MacBook. Ce dernier traite les données pour déplacer un curseur à l’écran et écrire des textes, permettant ainsi à Smith d’interagir avec son environnement numérique en toute autonomie. Une avancée majeure qui ouvre de nouvelles voies pour la communication des personnes atteintes de handicaps moteurs lourds.

Une technologie au service d’une communication plus rapide et naturelle

Intégration de l’intelligence artificielle pour accélérer l’expression

Dans le prolongement des ambitions de Neuralink de créer une véritable symbiose entre l’humain et l’intelligence artificielle, plusieurs outils d’IA assistent désormais Smith pour s’exprimer de manière plus fluide et rapide. L’un de ces outils, déjà exploité par des patients atteints de SLA sans implant cérébral, consiste à recréer une copie numérique de leur voix à partir d’enregistrements anciens. Ce clonage vocal permet à Smith de lire les messages affichés à l’écran ou même de donner une voix à ses pensées, notamment pour illustrer ses réponses dans la vidéo qu’il a publiée sur X, entièrement traduite et voice-over comprise grâce à son interface cerveau-ordinateur.

Une autre intelligence artificielle le soutient dans la formulation de ses réponses ou dans ses interactions sur les réseaux sociaux. Il s’agit de Grok, un chatbot développé par xAI, la start-up spécialisée en IA fondée par Elon Musk. Grok se veut un assistant conversationnel capable d’analyser des images, de répondre à des questions complexes et de s’actualiser en temps réel avec le contenu publié sur la plateforme X.

Grok, le chatbot qui répond à tout

Grok est un assistant doté d’intelligence artificielle intégré directement à X, commercialisé comme un outil permettant une interaction fluide avec les utilisateurs. Il peut analyser en quelques secondes des images, répondre à différentes sollicitations, s’adapter à l’actualité et même adopter un ton léger ou humoristique si la situation l’exige — une caractéristique qui le distingue de nombreux autres chatbots coloniaux ou politiquement corrects. Sa particularité ? Il offre des réponses souvent brillantes, parfois piquantes, semblant refléter une sorte de « senso de l’humour » que peu d’IA savent cultiver.

Un coup de pouce pour la communication, mais à quel prix ?

Une utilisation contrôlée et une transparence nécessaire

Lors d’une réponse à un utilisateur de X, Adrian Dittmann, un fan proclamé d’Elon Musk, lui demandait de raconter son expérience avec Neuralink. Smith a répondu en employant un vocabulaire sophistiqué, avec une ponctuation soignée, ce qui a amené certains observateurs à supposer qu’il aurait pu compléter ses réponses à l’aide de l’IA.

Dans une interview accordée au site de l’MIT Technology Review, Smith a confirmé qu’il avait effectivement utilisé Grok pour rédiger ses réponses. Il explique : « J’ai demandé à Grok d’utiliser ces notes pour me donner des réponses complètes. Je reste responsable du contenu, mais j’ai utilisé l’IA pour rédiger la base de mes messages. »

Les enjeux éthiques et la frontière entre personalisation et marketing

Au-delà des avancées technologiques, cette collaboration entre social media, microchip et IA soulève de nombreuses questions éthiques, notamment en matière de neuroéthique. Quelle est la sincérité réelle des pensées de Smith si ses réponses, initialement élaborées par un grand modèle de langage entraîné sur ses notes, reflètent aussi une certaine forme de « marketing personnel » ? Où s’arrête l’expression authentique d’un individu et où commence la stratégie marketing menée par l’écosystème que le MIT Technology Review qualifie comme étant celui d’Elon Musk ?

Smith envisage déjà un futur dans lequel un modèle de langage personnalisé, entraîné sur ses écrits passés, pourrait répondre à ses questions avec ses opinions et dans le ton qui lui est propre. Cette intégration du cerveau humain et de l’intelligence artificielle semble désormais à portée de main, avec des implications non totalement rassurantes sur le plan de la vie privée, de l’authenticité et de la manipulation de la personne.

En somme, ces avancées laissent entrevoir un avenir où la frontière entre l’homme et la machine devient de plus en plus floue, posant la question essentielle de ce qu’est réellement l’identité dans un monde où la technologie peut, à tout moment, intervenir pour façonner nos pensées, nos paroles et nos actions.

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