Nous changions le climat il y a 140 ans, mais la technologie manquait pour le prouver

Sans scientifiques ni outils qui étudient le climat, nous ne réaliserions pas à quel point nous sommes en difficulté, comme cela a été le cas à la suite de la Révolution Industrielle.

Les premiers signes indiscutables de l’action humaine sur le climat

La réponse est : déjà en 1885. Cela fait environ 25 à 30 ans après les travaux des chercheurs Eunice Newton Foote et John Tyndall, qui sont à l’origine des premières preuves expérimentales permettant de comprendre l’effet de serre et son rôle dans le réchauffement global.

Benjamin Santer, chercheur climatique indépendant basé à Los Angeles, et Susan Salomon du Département des Sciences de la Terre, de l’Atmosphère et des Planètes du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ont montré que les premiers signes irréfutables du réchauffement global lié aux activités humaines étaient déjà visibles avant la fin du XIXe siècle. À l’époque où l’effet de serre, dû aux émissions de combustibles fossiles, commençait à augmenter à cause de la Révolution Industrielle, les concentrations moyennes journalières de CO2 dans l’atmosphère étaient encore bien en deçà des 430 parties par million que nous connaissons aujourd’hui.

L’effet aurait été évident dès cette période, si seulement les scientifiques de l’époque avaient disposé de la technologie moderne pour l’étudier. Les deux scientifiques ont utilisé neuf modèles climatiques de dernière génération pour estimer l’impact des émissions anthropiques de gaz à effet de serre depuis 1860, une période où l’on pense que les émissions de la Révolution Industrielle ont connu une forte hausse, marquant le début d’un changement climatique detectable.

L’atmosphère se réchauffe, la stratosphère se refroidit

Les gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone et la vapeur d’eau, réchauffent la partie inférieure de l’atmosphère en retenant la radiations infrarouge émise par la surface terrestre, qui a été chauffée par le rayonnement solaire. En revanche, dans la stratosphère, située à partir de 7 km d’altitude, le phénomène inverse se produit. Étant donné qu’une grande partie du rayonnement infrarouge est piégée dans la basse atmosphère, la stratosphère se refroidit.

Les chercheurs ont utilisé des modèles climatiques pour prédire le refroidissement de la stratosphère depuis 1860. Ce phénomène est considéré comme plus fiable que le réchauffement de la basse atmosphère, car il est moins sujet aux fluctuations météorologiques. Les températures de la stratosphère sont surveillées par satellites pour les observations terrestres, tels que ceux de la NOAA.

Seulement vingt-cinq ans

Il apparaît qu’il aurait suffi de seulement 25 ans pour constater des preuves évidentes du refroidissement de la stratosphère dû au réchauffement de la couche inférieure de l’atmosphère.

Si la technologie moderne avait été disponible au second moitié du XIXe siècle, déjà en 1885, on aurait pu voir les premiers effets de l’effet de serre causé par l’homme. Bien avant l’émergence des premières automobiles sur nos routes.

Au-delà de montrer à quel point les effets des combustibles fossiles ont été omniprésents dès leurs premières utilisations, cette étude confirme l’importance de investir dans la recherche climatique, à une époque où certains semblent tout faire pour la taire et freiner la progression de notre connaissance sur ces enjeux cruciaux.

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