Pourquoi ces plantes dégagent-elles une odeur de cadavre ? Causes et solutions

À la recherche d’odeurs dans le génome

Le nom Rafflesia ne vous dira probablement pas grand-chose, à moins d’avoir eu la chance (ou la malchance) d’en voir une en floraison dans la vraie vie. En effet, en plus de posséder l’un des plus grands fleurs du monde, Rafflesia est une de ces espèces qui ont abandonné les odeurs agréables pour émettre un odeur pestilentielle de putréfaction.

Une stratégie rare (mais pas totalement), étrange mais dotée d’une certaine logique. Aujourd’hui, grâce à une étude publiée dans la revue Science, une explication biochimique est proposée, mise en évidence par une recherche qui révèle un lien curieux avec les êtres humains.

Une quête d’odeurs dans le génome

Le genre étudié par l’équipe de l’Université de Tokyo n’est pas en réalité Rafflesia, mais Asarum

. Tout comme sa parenté plus connue, cette plante utilise la stratégie de faire sentir ses fleurs comme étant mortelles. Si l’on réfléchit un peu, il est facile de comprendre la logique derrière cet étrange comportement : en émettant une odeur de cadavre en décomposition, ces plantes attirent de nombreux pollinisateurs, comme les mouches ou les fourmis, persuadés d’avoir déniché un délicieux festin de chair en décomposition ou d’excréments.

Asarum regroupe près de cent espèces différentes, dont 53 ont été analysées par l’équipe japonaise, qui a séquencé leur génome afin de rechercher les différences entre celles qui sentent la viande pourrie et celles qui privilégient des odeurs plus classiques. Cette comparaison a permis d’identifier les bases génétiques responsables de cette puanteur unique chez Asarum.

L’évolution convergente de l’odeur de mort

Un phénomène surprenant : un seul gène, SBP1, est en jeu, et il est très similaire, d’un point de vue évolutif, à un gène que nous, les humains, utilisons pour faire l’inverse de ce que font ces plantes. En effet, ce gène sert à « détoxiquer » un composé appelé méthantiol, responsable de notre bouche mauvaise. Les plantes du genre Asarum ont trouvé le moyen de « renverser » la fonction de ce gène, et le résultat est cette odeur pestilentielle qui, paradoxalement, attire touristes et curieux dans les jardins botaniques où elles sont cultivées.

L’étude des génomes d’Asarum a aussi montré que cette stratégie de… sentir la mort est relativement récente, ayant évolué au cours des derniers dix millions d’années. De plus, elle a permis d’identifier au moins deux autres espèces, non apparentées à Asarum, qui ont développé le même mécanisme, illustrant une évolution convergente parfaite. La prochaine étape sera de déterminer si d’autres plantes odorantes de la même veine, comme la fameuse Rafflesia, utilisent elles aussi cette même technique génétique.

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Avatar de Jerry Guirault
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