Dès la naissance, chaque bébé est unique, y compris en ce qui concerne le sommeil. Certains montrent dès le début de bonnes capacités d’autorégulation, ont moins besoin d’aide pour s’endormir et leur sommeil sera donc moins perturbé. D’autres, en revanche, ont un système de régulation plus immature et plus fragile, ce qui peut entraîner des difficultés à établir et maintenir un sommeil serein.
Pourquoi le nourrisson ne dort-il pas?
Les problèmes de sommeil durant les quatre premiers mois de vie sont principalement dus au fait que le cerveau du bébé n’a pas encore atteint une maturité suffisante pour réguler efficacement les états d’éveil et de sommeil, ainsi que la transition entre ces deux phases. Après cet âge, l’endormissement — et le fait de se rendormir — deviennent aussi perçus comme des séparations, même mentalement, ce qui peut compliquer le sommeil chez le nourrisson.
Pour comprendre pourquoi un bébé ne dort pas dans ses premières semaines, il est utile d’examiner certains aspects de la physiologie du sommeil et du développement, afin de saisir aussi pourquoi il peut sembler que les nouveau-nés dorment énormément.
Les états de veille et de sommeil commencent à se former durant le dernier trimestre de la grossesse, durant lequel le fœtus dort presque 90 % du temps. Mais que se passe-t-il après la naissance ? Pourquoi le nouveau-né ne dort-il plus autant ? Qu’est-ce qui rend difficile le maintien d’un sommeil continu ou d’une période de veille détendue par rapport à la vie intra-utérine ?
D’un côté, il y a des changements extérieurs : on passe de l’eau à l’air (avec un effet accru de la gravité), d’un environnement confiné et continuement contenu (l’utérus) à un milieu où ce confinement n’est pas toujours constant, et où plusieurs modes de mise en sécurité existent (l’adulte enveloppe le bébé, le berce, le câline, lui chante, lui parle, l’allaite, le change, etc.). De l’autre côté, des modifications internes touchent la respiration, la digestion (l’intestin, l’alimentation, l’élimination de l’urine ou des selles), ce qui influence également le sommeil.
Une diversité innate : le sommeil chez le nouveau-né
Dès la naissance, tous les bébés sont différents dans leur manière de dormir. Certains disposent dès le départ de capacités de régulation efficaces, nécessitant peu d’aide pour s’endormir, ce qui leur confère un sommeil moins perturbé. D’autres, possèdent un système de régulation moins mûr, plus vulnérable, et cela peut dépendre à la fois de facteurs génétiques — comme le tempérament — et de la qualité de la grossesse ou de l’accouchement. Ces derniers sont souvent des bébés très sensibles, peu stables et facilement irritables, appelés souvent « bébés à besoin élevé », qui requièrent beaucoup plus d’aide pour gérer leur comportement et leur sommeil.
Une grossesse et un accouchement physiologiques, ainsi que des pratiques comme le contact peau-à-peau ou le « rooming-in » (le séjour en chambre avec la mère à la maternité), favorisent le développement des capacités d’autorégulation. À l’inverse, des complications ou des pathologies liées à la grossesse, un accouchement prématuré ou une souffrance périnatale peuvent retarder ou compliquer cette maturation.
Les heures de sommeil du nourrisson
Concernant le volume de sommeil, les premiers deux mois, les bébés dorment généralement entre 14 et 18 heures par jour, avec une grande variabilité individuelle, allant de 9 à 21 heures. Leur sommeil est fortement segmenté, en périodes allant de 20 ou 30 minutes à quatre ou cinq heures. La raison principale est que, après la naissance, l’influence maternelle qui maintenait un rythme circadien de 24 heures (fœtal) disparaît, ce qui rend les horaires de sommeil du nourrisson très imprévisibles.
Les réveils interviennent souvent par sensation de faim ou de soif, mais aussi de façon indépendante, selon les caractéristiques génétiques propres à chaque bébé. Vers 2-3 mois, la sécrétion de mélatonine, hormone favorisant l’endormissement et leur maintien, commence à se mettre en place, pilotant également le rythme circadien lié à la lumière et à l’obscurité. À cet âge, le sommeil nocturne s’allonge et est généralement précédé d’une période de trois heures d’éveil.
Au fil des semaines, les cycles de sommeil s’allongent : à 5 semaines, ils durent en moyenne deux heures, puis atteignent environ trois heures et demie à trois mois, avec un maximum de cinq heures consécutives de sommeil long.
Plusieurs autres facteurs peuvent influencer la maturation de cette régulation, comme des troubles digestifs (par exemple, intolerances au lactose), des dermatites provoquant des démangeaisons, ou parfois le reflux gastro-œsophagien, qui reste en grande partie physiologique.
Il est crucial de souligner que la régulation des rythmes veille-sommeil se construit dans le contexte de la relation avec les parents. La différenciation claire entre le jour et la nuit, qui survient en général entre 12 et 16 semaines, est encouragée par les modes d’éveil et de sommeil adoptés par l’adulte (favoriser la communication verbale et l’interaction pendant la journée, éviter la surexcitation). La manière dont les parents répondent aux besoins du bébé, en prêtant attention à leur visage, leur ton de voix, les caresses chaleureuses, la proximité physique ou le jeu, joue également un rôle essentiel pour calmer le bébé, réduire son niveau de tension et l’aider à acquérir un sommeil stable.
Comment aider le nourrisson à dormir ?
Face à ces constats, que peut-on conseiller à une maman comme Caterina, inquiète parce que son bébé dort peu ?
Tout d’abord, il est important de relativiser : la situation de Luca est semblable à celle de nombreux autres bébés, avec des caractéristiques constitutionnelles différentes de celles de sa sœur Maria. Sa difficulté à dormir ne reflète en rien une erreur dans l’éducation ou la façon dont il est pris en charge. En réalité, Luca, comme d’autres bébés, a simplement besoin d’un peu plus d’aide pour réguler ses états de sommeil et d’éveil : il a besoin de contact, de sécurité, de confort.
Cela ne risque pas de « gâtiser » le bébé ou de le rendre plus dépendant à l’adulte ; bien au contraire. Lorsqu’il est dans cette phase de développement, il est souvent très efficace d’envelopper le bébé dans une petite couverture (« swaddling ») pendant la sieste ou la nuit, afin de limiter ses mouvements involontaires — tremblements, sursauts, mouvements spontanés — jusqu’à ce qu’il montre qu’il n’en a plus besoin ou qu’il sache se retourner seul, passant alors de la position sur le dos à celle sur le ventre.
Mais comment faire pour aider le bébé à dormir ? Il faut éviter de le solliciter exagérément : le balancer continuellement, ou l’emmener à l’extérieur en voiture de façon excessive, ne permet pas de relâcher la tension accumulée. Cela peut même avoir l’effet inverse : le bébé risque de nécessiter encore plus d’interventions, en pensant « Avant, il fallait peu de temps, maintenant il faut une demi-heure ! ». Préférable est de garder le bébé près de soi, le bercer doucement, lui permettant ainsi d’évacuer la tension, même s’il pleure un peu. Cette approche favorise un comportement plus stable par la suite, même lors des phases d’éveil.
Pour aider Luca à s’habituer au rythme jour/nuit avant ses deux à quatre mois, âge auquel son organisme sera physiologiquement prêt, il est recommandé de différencier dès le début les activités diurnes de celles nocturnes. Encourager la communication verbale, éviter de trop éclairer la chambre durant la journée, et au contraire, instaurer une certaine obscurité la nuit, seront des stratégies efficaces. La chambre doit être lumineuse en journée mais sombre la nuit, et il est conseillé de laisser le bébé dormir dans une pièce calme et tamisée lorsque c’est la nuit.
Enfin, il est essentiel de respecter les mesures de sécurité pour le sommeil dès le premier trimestre, en étant conscient que pendant leur sommeil, les bébés peuvent babiller, faire des sons, ouvrir et fermer les yeux, ou même pleurer légèrement, sans être réveillés. Cela permet aux parents de reconnaître le moment opportun pour intervenir sans perturber leur rythme naturel ni leur équilibre de sommeil.