Quand et comment donner de l’ibuprofène aux enfants en France ?
L’ibuprofène est un médicament couramment utilisé en France pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre chez les enfants. Il fait partie des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), un groupe de médicaments bien connus pour leurs effets antipyrétiques (contre la fièvre) et analgésiques (contre la douleur). Son usage chez les plus jeunes est répandu, mais il doit toujours être effectué avec précaution. Nous allons détailler ici le bon dosage, les recommandations d’utilisation et les effets secondaires possibles, afin d’assurer un traitement efficace et sécurisé contre la douleur et la fièvre.
Pourquoi et quand donner de l’ibuprofène aux enfants ?
La première question essentielle pour les parents et les professionnels de santé est : à quel moment faut-il administrer de l’ibuprofène à un enfant ? L’action de ce médicament consiste à inhiber une enzyme appelée cyclo-oxygénase (COX), responsable de la synthèse de prostaglandines. Ces molécules similaires à des lipides jouent un rôle clé dans la médiation de la fièvre, des réactions inflammatoires et de la douleur. Comprendre cette mécanistique permet de mieux saisir quand l’utiliser.
En ce qui concerne la fièvre, elle constitue un symptôme très courant chez l’enfant. Elle est responsable d’une proportion importante des visites chez le pédiatre ou en service d’urgence. La fièvre est généralement une réaction physiologique de défense face à une infection, un mécanisme naturel permettant à l’organisme de lutter contre les agents infectieux. Selon les recommandations actuelles, la prise d’un antipyrétique, comme l’ibuprofène, doit avant tout viser à soulager le malaise de l’enfant, sans pour autant traiter la fièvre en tant que telle, à moins qu’elle ne soit très élevée ou associée à un inconfort important.
La deuxième situation concerne la douleur, qu’elle soit légère ou modérée : douleurs musculaires ou articulaires, maux de tête, mal de gorge, otalgies, douleurs après une opération ou un traumatisme, etc. Pour traiter la douleur, l’ibuprofène peut être utilisé dès l’âge de 3 mois chez les nourrissons. Il est important de rappeler que, contrairement au paracétamol, qui n’a qu’une action analgésique et antipyrétique, l’ibuprofène possède également une action anti-inflammatoire.
Dans les cas où la douleur et l’inflammation sont présentes simultanément, par exemple lors d’une blessure ou d’une infection inflammatoire, l’ibuprofène est souvent indiqué, car il agit à la fois sur la douleur et sur l’inflammation, notamment en réduisant le gonflement. Enfin, en ce qui concerne la posologie, celle-ci dépend du poids de l’enfant et de son âge. Il est primordial de suivre strictement les recommandations du pédiatre ou celles mentionnées sur la notice du médicament.
Quel dosage pour l’ibuprofène chez l’enfant ?
En règle générale, la dose quotidienne recommandée est de 20 à 30 mg par kilogramme de poids corporel, répartis en 3 prises maximum, toutes les 6 à 8 heures. Chaque dose doit se situer entre 5 et 10 mg/kg. Il est crucial de respecter cette posologie pour éviter tout risque d’effets indésirables, tout en assurant une efficacité optimale. Il ne faut pas dépasser trois jours de traitement sans avis médical, sauf indication contraire du médecin.
Par exemple, pour un enfant pesant 10 kg, la dose unique sera comprise entre 50 et 100 mg, ce qui représente environ 2,5 à 5 ml de sirop d’ibuprofène (si la formule contient 100 mg pour 5 ml). La dose maximale quotidienne sera de 150 à 300 mg, répartie sur la journée. Voici quelques exemples issus des formulations courantes en France :
Dosage unique recommandé d’ibuprofène selon le poids | ||||
Poids | Âge approximatif | Suppositions (60 mg et 125 mg) |
Sirop 100 mg/5 ml | Sirop 200 mg/5 ml |
6-8 kg | 3-9 mois | 1 suppositoire de 60 mg | 2,5 ml | 1,25 ml |
8-10 kg | 1-2 ans | 1 suppositoire de 60 mg (jusqu’à 12,5 kg) |
4 ml | 2 ml |
10-15 kg | 2-3 ans | 1 suppositoire de 125 mg (d’au moins 12,5 kg) |
5 ml | 2,5 ml |
15-20 kg | 4-6 ans | 1 suppositoire de 125 mg | 7,5 ml | 3,75 ml |
20-28 kg | 7-9 ans | – | 10 ml | 5 ml |
28-43 kg | 10-12 ans | – | 15 ml | 7,5 ml |
Il est conseillé de ne pas dépasser trois jours de traitement. Si la fièvre ou la douleur persistent, il faut consulter un pédiatre.
A quoi sert l’ibuprofène ?
Le mode d’administration le plus courant consiste à donner l’ibuprofène par voie orale, sous forme adaptée à l’âge de l’enfant : sirop et suppositoires étant les formes préférées en pédiatrie. Les capsules molles à mâcher, les sachets ou les comprimés dispersibles sont plutôt destinés aux adolescents de plus de 43 kg.
La voie orale est privilégiée car elle permet un dosage précis et une absorption plus fiable comparée à la voie rectale, généralement plus traumatisante et moins précise. Pour le sirop, il est recommandé de le secouer soigneusement avant utilisation et de se servir de la seringue doseuse ou du récipient fourni, afin d’assurer un dosage exact et d’éviter tout risque de surdosage.
Les propriétés de l’ibuprofène pour les enfants ont été spécialement adaptées pour être bien tolérées. La plupart des préparations ont un goût agréable, souvent à saveur de fruits, pour faciliter la prise. Il peut être administré à jeun ou pendant le repas, même s’il est préférable de le donner lors des repas pour réduire la possibilité d’irritation gastrique. La durée du traitement doit rester la plus courte possible, afin de limiter tout risque d’effets secondaires.
La controverse de l’association ibuprofène et paracétamol
Bien que la pratique d’alterner l’administration de paracétamol et d’ibuprofène soit généralement déconseillée, certains travaux récents suggèrent que leur association dans un même médicament pourrait offrir un meilleur contrôle de la douleur dans certaines situations. En effet, l’ibuprofène possédant des propriétés anti-inflammatoires que le paracétamol ne possède pas, leur combinaison pourrait théoriquement améliorer la réponse aux douleurs, surtout lorsqu’un seul principe actif s’avère insuffisant.
Pour cette raison, des médicaments combinés de paracétamol et d’ibuprofène sont aujourd’hui commercialisés en France, destinés aux enfants âgés de 2 à 12 ans. Ils sont recommandés pour le traitement court terme de douleurs modérées à sévères qui ne répondent pas totalement à l’un ou l’autre des principes actifs pris séparément. Toutefois, leur utilisation doit toujours faire l’objet d’une prescription médicale appropriée.
Les effets secondaires possibles de l’ibuprofène chez l’enfant
Concernant la sécurité, l’ibuprofène peut parfois entraîner des effets indésirables, bien que la plupart des enfants le tolèrent bien. Les effets secondaires les plus fréquents sont légers et transitoires, tels que vomissements, diarrhées ou éruptions cutanées. Cependant, des complications plus sérieuses, comme douleurs abdominales, saignements dus à une erosion de la paroi de l’estomac ou une toxicité rénale, restent rares et interviennent principalement à dose élevée ou lors d’un traitement prolongé.
En conséquence, comme pour le paracétamol, il est important de respecter la durée limitée du traitement : si l’état ne s’améliore pas après trois jours, il faut consulter le pédiatre. Il convient également d’éviter d’alterner constamment entre ibuprofène et paracétamol, car cela peut augmenter le risque d’effets indésirables. La prise concomitante de médicaments ou la présence de conditions médicales particulières – telles que l’asthme, des maladies du foie ou des reins, ou des maladies inflammatoires chroniques intestinales – doivent également être prises en compte avant toute administration.
Il est indispensable de faire suivre le traitement par un professionnel de santé, notamment en cas de réaction allergique, et de stopper immédiatement l’administration en cas de symptômes inhabituels. Enfin, il ne faut pas utiliser l’ibuprofène simplement pour faire diminuer la fièvre sans autre symptôme ou comme prévention des convulsions febriles, car son efficacité dans ces indications n’est pas prouvée.
Conclusion : un médicament utile s’il est utilisé avec précaution
Somme toute, l’ibuprofène peut être un allié précieux dans la gestion de la fièvre et des douleurs chez l’enfant, à condition d’être utilisé correctement. Il est essentiel de consulter un pédiatre avant toute administration, de respecter scrupuleusement les dosages et la durée du traitement, et de surveiller attentivement l’état de l’enfant. Avec une utilisation raisonnée, il contribue efficacement au confort et au bien-être des plus jeunes tout en limitant les risques d’effets secondaires indésirables.