Souvent, les enfants répètent de manière schématique des actions et des mots sans qu’ils aient une signification apparente. Il est essentiel de respecter cette façon de faire, car c’est un outil fondamental pour « explorer le monde », pour se sentir capable d’avoir une maîtrise sur ce qui l’entoure, d’influencer la réalité et de prendre confiance en lui.
« Supercalifragilisticespiralidocious », même si cela peut sembler un mot effrayant, si tu le dis à voix haute, tu auras un succès extraordinaire, supercalifragilisticespiralidocious ! » Pour pénétrer dans l’univers des enfants et mieux les connaître, il faut comprendre un peu la magie qui les anime. Les créateurs de dessins animés ou de contes de fées en connaissent bien l’importance, car ils utilisent depuis toujours des personnages magiques et des situations fantastiques pour captiver et fasciner l’esprit des plus petits. La magie dont je parle concerne ce que l’on appelle le « penser magique », c’est-à-dire la manière dont l’enfant pense, vit, connaît, interprète et se relaie au monde qui l’entoure.
Comprendre cette façon de penser, qui prédomine surtout durant les sept premières années de vie, peut aider l’adulte à établir un lien plus serein avec l’enfant. En effet, savoir décoder les comportements infantiles, en en percevant la signification profonde et sans minimiser leur importance (par exemple en pensant que « ce sont des choses de petits ») favorise une relation éducative basée sur le respect mutuel, riche et constructive.
Exprimer son univers intérieur
Une des manifestations du « penser magique » est le rituel, c’est-à-dire des actions et des mots que l’enfant répète de façon systématique dans certaines circonstances, souvent sans qu’il leur atribue une signification évidente. Par exemple, il peut éteindre et rallumer les interrupteurs avant de sortir de la maison, ne pas marcher sur les lignes tracées au sol, répéter un mot inventé ou une formule particulière, etc.
Voici deux situations concrètes qui m’ont été racontées par deux couples de parents :
- Gabriele a 3 ans et vient tout juste d’entrer en maternelle. L’adaptation n’a pas été facile, et il y a encore des jours où, lorsqu’il doit se séparer de ses parents, il pleure beaucoup. Quand son grand-père vient le chercher à la fin de la journée, il sait d’avance qu’il va faire deux tours autour de l’arbre, marcher en équilibre en ne posant que sur les carreaux jaunes, puis courir jusqu’en haut de la petite montée qui longe l’école. Le même chemin chaque jour, et il ne faut surtout pas l’interrompre ! « Que fais-tu là-haut ? », demande le grand-père. « Je monte la montagne et je tue le dragon », répond Gabriele avec une innocence totale.
- Matteo, 5 ans, est passionné de football. Au parc, il ne quitte jamais son ballon, qu’il emmène partout pour jouer à faire des buts avec d’autres enfants. Avant de tirer au but, il murmure toujours un mot bizarre en rapprochant le ballon de son visage, comme s’il lui parlait ou lui confiait un secret.