Puberté retardée : faut-il s’inquiéter et quelles sont les causes à connaître ?

La puberté constitue une étape essentielle dans la croissance des enfants, marquant leur passage vers l’âge adulte. Que faire lorsque ce développement est retardé ?

La puberté, ou développement pubertal, représente une période clé dans la croissance des garçons et des filles. C’est durant cette étape que se produisent la maturation des caractères sexuels secondaires ainsi qu’une série de changements physiques et psychologiques importants.

Ce processus se déroule généralement selon des tranches d’âge précises, bien que des variations existent d’un individu à l’autre, ainsi qu’entre les garçons et les filles. Certains enfants peuvent présenter les premiers signes de puberté plus tôt ou plus tard que la moyenne de leur groupe d’âge.

Lorsque les caractères sexuels ne apparaissent pas dans les délais attendus, on parle de puberté retardée. Chez les filles, la puberté est considérée comme retardée si aucun signe de développement n’émerge avant l’âge de 13 ans. Chez les garçons, ce retard est évoqué si ces signes sont absents avant 14 ans.

Souvent, un retard pubertaire n’est qu’une simple conséquence de facteurs génétiques : il n’est pas rare que, au sein d’une même famille, certains enfants se développent plus tard que la norme. Toutefois, l’absence de signes de maturité sexuelle peut aussi révéler la présence de problèmes sous-jacents, tels que des dysfonctionnements hormonaux ou d’autres pathologies nécessitant une attention médicale particulière.

Comme le développement pubertaire s’accompagne généralement d’une accélération de la croissance, les enfants en retard pubertaire ont souvent une stature inférieure à celle de leurs pairs. Ce retard de croissance est souvent le premier signe visible, et constitue la principale source d’inquiétude pour les familles, qui consultent alors un professionnel de santé.

La puberté retardée peut générer à la fois inquiétude et perplexité. Les parents peuvent redouter que leur enfant ne grandisse pas « normalement » ou qu’il se sente différent de ses camarades. C’est pourquoi il est essentiel de bien connaître les signes et le calendrier normal du développement pubertaire. À travers cet article, nous allons explorer ce à quoi il faut s’attendre lors de cette étape, dans le but d’aider les familles à l’aborder avec plus de sérénité et de confiance, tout en favorisant un environnement de soutien et de compréhension pour leurs enfants.

Quand parle-t-on de puberté retardée ?

La puberté marque une étape de transformations majeures dans la vie d’un enfant : au cours de cette période, le corps se prépare à l’âge adulte en stimulant la production d’un ensemble complexe d’hormones et en aboutissant à la maturation des glandes sexuelles, qu’on appelle gonades (ovaires chez la fille, testicules chez le garçon). Elle se manifeste par l’apparition des caractères sexuels secondaires, qui diffèrent selon le sexe, ainsi que par une augmentation de la taille. Par ailleurs, des changements d’humeur ou de personnalité peuvent être observés.

Mais quelle est la période d’une croissance pubertaire normale, et quand parle-t-on de retard ? La date de début de la puberté varie selon chaque enfant, étant fortement influencée par des facteurs génétiques. Si les parents ont expérimenté un développement tardif, il est probable que leurs enfants aussi présenteront une puberté retardée. À l’inverse, si la maturation a été précoce chez les parents, cela pourra être également le cas pour leurs enfants.

Plusieurs autres facteurs peuvent également influencer le calendrier de la puberté : l’alimentation, le poids, l’activité physique, la pollution, le mode de vie, l’origine géographique, la consommation de certains médicaments, la santé globale ou encore la présence de maladies chroniques.

Chez les filles, le début de la puberté survient généralement entre 8 et 13 ans. La première manifestation, le menarche (première règle), apparaît souvent autour de 12 ans et demi. La période de transformation dure en moyenne de 3 à 5 ans, avec un intervalle d’environ deux à deux ans et demi entre le début des signes visibles (tel que le développement mammaire) et l’arrivée des premières règles. Chez les garçons, cette étape dure aussi entre 3 et 4 ans. Le premier signe est l’augmentation du volume des testicules, qui passent d’un volume d’environ 1 ml (dimension d’une amande) à environ 4 ml (plus proche d’un grain de raisin ou d’un petit datte). La puberté se caractérise ensuite par la croissance du pénis, la transformation de la voix, la croissance des poils corporels et de la barbe, ainsi que par une augmentation de la masse musculaire. Lorsqu’elle débute avant 8 ans, on parle de puberté précoce.

À partir de quel âge la puberté est-elle considérée comme retardée ? Lorsqu’aucun signe de développement pubertaire n’apparaît avant 13 ans, ou si le délai entre le début du développement mammaire et le premier cycle est supérieur à 4 ans, on parle de puberté retardée. Si, chez une fille, la première règle n’arrive pas avant 15 ans, il s’agit alors d’une aménorrhée primaire.

Chez les garçons, la puberté débute habituellement entre 9 et 14 ans, pour une durée d’environ 3 à 4 ans. Le premier signe est l’augmentation du volume des testicules, qui passe de 1 ml à environ 4 ml, tel que la mesure de référence. La puberté étant considérée comme retardée lorsque, à 14 ans, cette augmentation de volume n’a pas encore eu lieu.

Puberté retardée : quelles en sont les causes ?

Comment reconnaître une puberté retardée et quels en sont les symptômes ? Très souvent, chez l’enfant en bonne santé, un retard dans le début de la puberté ne présente pas de conséquence grave, et peut simplement refléter une variation dans le calendrier du développement. Il est estimé qu’environ 53 % des cas, en l’absence d’autres symptômes, il s’agit d’une simple variante normale du rythme pubertaire.

Parmi les causes les plus fréquentes de puberté retardée, figure le « retard constitutionnel » de croissance et de maturation sexuelle, qui représente la cause dans environ 63 % des cas chez les garçons, contre 30 % chez les filles. Il s’agit d’une condition non pathologique, caractérisée par une maturation hormonale tardive, généralement située entre 15 et 17 ans. Chez ces enfants, la croissance initiale est souvent inférieure à celle de leurs pairs, puisque la puberté provoque une accélération de leur croissance. Leur courbe de croissance montre généralement un ralentissement vers 2-3 ans, restant en dessous du 3e percentile, mais ils continuent à croître de façon régulière.

Chez ces sujets, le « pic » de croissance pubertaire survient plus tard que la normale, mais il leur permet souvent d’atteindre une taille finale adéquate. Leur âge osseux, évalué par radiographie de la main, sera souvent inférieur à leur âge réel, ce qui indique qu’ils ont encore beaucoup de potentiel de croissance à venir. La composante génétique joue ici un rôle majeur : il est fréquent qu’un parent ou un proche ait eux aussi connu un retard de développement à l’adolescence.

Le retard constitutionnel est une « diagnostic d’élimination » : cela signifie qu’il faut exclure d’autres causes possibles. Il est donc essentiel d’identifier une puberté retardée transitoire et bénigne, pour privilégier une simple surveillance, plutôt qu’une forme liée à une pathologie sous-jacente. Parmi ces dernières, on trouve différentes conditions pathologiques et maladies génétiques, telles que :

  • les déficits hormonaux, appelés hypogonadismes, où les gonades (ovaires ou testicules) ne produisent pas suffisamment d’hormones, que ce soit par cause congénitale ou acquise ;
  • les formes « fonctionnelles » dues à des maladies qui n’affectent pas directement les organes ou les hormones sexuelles, mais qui peuvent retarder leur développement. Ces cas sont plus fréquents chez les filles.

Parmi ces conditions, on trouve notamment : anorexie nerveuse, malnutrition, activité physique excessive, troubles thyroïdiens, diabète, fibrose kystique, maladies intestinales, maladie cœliaque, pathologies rhumatologiques, maladies du sang ou insuffisance rénale chronique.

Faut-il s’inquiéter face à une puberté retardée ?

Le retard pubertaire peut avoir divers impacts sur la santé physique et psychologique de l’enfant. Il peut également provoquer un stress émotionnel ou social. Dans le cas du retard constitutionnel, il est important de souligner qu’il s’agit d’une variante normale, qui n’aura pas d’effet significatif sur la taille finale. Comme évoqué précédemment, cette forme ne doit être diagnostiquée qu’après avoir exclu d’autres causes plus graves, ce qui nécessite une évaluation approfondie par un professionnel de santé.

Pour bien faire le point, certains éléments doivent être pris en compte :

  • l’âge auquel la mère a eu ses premières menstruations
  • l’âge de développement de son père ou de ses frères
  • les antécédents médicaux, notamment pathologies chroniques comme fibrose cystique, asthme sévère, etc.
  • des antécédents de cancers, de traitements par chimiothérapie ou radiothérapie
  • des opérations abdominales
  • des symptômes d’épuisement ou de perte de poids (excluant des maladies chroniques telles que anémies, troubles rénaux, maladies gastro-intestinales, dépression ou malnutrition)
  • des signes neurologiques, tels que maux de tête fréquents, vomissements, vision floue (pour exclure un tumor cérébral)
  • l’utilisation de médicaments
  • la situation sociale, le stress ou les troubles de l’humeur.

Rassembler ces informations permet d’orienter le diagnostic. La cause doit être déterminée avec soin, en privilégiant une consultation chez un pédiatre spécialisé, qui pourra évaluer le développement et définir si une observation ou une intervention est nécessaire. La gravité d’un retard pubertaire, à l’exception du retard constitutionnel, dépend de la pathologie sous-jacente.

Selon le cas, des examens complémentaires peuvent être recommandés : analyses sanguines, radiographie du poignet pour déterminer l’âge osseux, échographie de l’utérus ou des testicules, IRM du cerveau, tests génétiques ou un bilan endocrinologique détaillé.

Le rôle de l’équipe médicale est de guider les familles dans la prise en charge, en prenant en compte l’histoire familiale, les symptômes, ainsi que les implications émotionnelles. Une prise en charge multidisciplinaire par un pédiatre, un endocrinologue pédiatrique, et éventuellement d’autres spécialistes, est essentielle pour choisir le meilleur traitement et accompagner l’enfant dans cette étape délicate.

La majorité des retardements constitutionnels de croissance et de puberté ne requièrent pas de traitement particulier, puisque la puberté finit par se déclencher spontanément. D’autres conditions, si elles sont responsables, peuvent être traitées en identifiant et en soignant la cause primaire (par exemple, anorexie, maladie cœliaque, maladies inflammatoires). En cas d’hypogonadisme, une thérapie hormonale de substitution, à base de testostérone chez le garçon ou d’œstrogènes et progestatifs chez la fille, peut être prescrite.

La puberté retardée peut représenter un défi pour toute la famille et requiert une approche globale et attentive. La personne concernée, face à ses pairs qui se développent normalement, peut vivre des sentiments de malaise, de frustration, d’anxiété ou d’isolement, notamment en raison de la moindre croissance en taille. Il est crucial que les parents apportent un soutien émotionnel et psychologique durant cette période, en lui faisant sentir qu’il est épaulé et compris.

Maintenir un dialogue ouvert et sincère au sein de la famille et avec les professionnels de santé permet de mieux gérer cette étape sensible. La collaboration avec les spécialistes et l’accès aux ressources communautaires peuvent grandement aider la famille à traverser cette période avec confiance et sérénité.

Article pensé et écrit par :
Avatar de Julie Ménard
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